mercredi, janvier 27, 2021

« Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce : réflexions sur l’effondrement » de Corinne Morel Darleux (France)

 


Je viens tout juste de terminer un petit bijou ! C’est tout bêtement le titre qui m’a interpellée : « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce : réflexions sur l’effondrement » C'est écrit par Corinne Morel Darleux, qui est une femme politique que je ne connaissais pas et, en lisant son livre, je comprends pourquoi : elle ne semble pas être du genre à se mettre en avant pour le seul plaisir d’occuper la place…

Elle développe dans ce texte – défini par l’éditeur, Libertalia, comme un essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne – une notion libertaire, anarchiste, qui est le refus de parvenir, à laquelle elle associe l’idée plus écologiste de cesser de nuire.

« Tout le sens du progrès social devrait consister à donner à chacun non pas l'égalité des chances, cette fable inventée pour conforter la compétition entre individus, mais la possibilité du choix.

Celle-ci ne dépend pas uniquement des conditions matérielles, même si elles sont bien entendu structurantes, mais aussi des constructions culturelles, de la formation d’un esprit critique, des capacités de raisonnement autonome : en un mot de l’éducation au sens large du terme. Il faut au moins ça pour résister aux normes sociales qui entravent la capacité à se conduire en esprit libre. Que vous soyez pauvre ou riche, tout est fait pour vous assigner une tâche de reproduction ou d’ascension sociale. Dans les deux cas, vous n’avez pas à construire vos propres critères de réussite : les conventions sociales les fournissent clé en main, assorti d’un petit manuel de développement personnel. En terme d’organisation sociale, il est plus sûr pour le pouvoir en place de fournir les rails que de laisser chacun glisser à sa guise, réfléchir à ce qu’il veut faire de sa vie et risquer ainsi de prendre des chemins de traverse. Imaginez que les pauvres choisissent de le rester, les travailleurs de ne plus perdre leur vie à la gagner, les consommateurs d’arrêter d’acheter !

mardi, janvier 19, 2021

"Lumière", de Christelle Saïani (France)


Ils sont deux. Deux qui souffrent, mais pour des raisons différentes. Deux qui a priori n’ont rien de commun, si ce n’est qu’ils se croisent parfois dans l’escalier.

Ambre, jeune femme au cœur tendre, croit avoir rencontré l’amour de sa vie en la personne de Léo. Mais quand celui-ci rompt brutalement, sans un mot d’explication, elle sombre.

Olivier a tout pour être heureux : la cinquantaine épanouie, une femme aimante, des enfants charmants, et des amis fidèles. Ambre les observe de la fenêtre de son appartement, qui donne sur leur jardin : une famille parfaite comme on en rêve et ça l’agace prodigieusement.

Sauf que.

Sauf que Olivier est atteint d’un cancer des poumons, et que le combat contre la maladie est très rude.

Entre ces deux personnages qui n’ont rien à faire ensemble, va se tisser une amitié inopinée, sans raison apparente, solide, profonde. Et les conduira à une traversée sans pareille.

Dans « Lumière », il est notamment question des corps : ceux qui maigrissent et déclinent, par dépression, mais aussi des corps avalés par la maladie : on suit pas à pas la descente du corps d’Olivier sous les coups du cancer qui dévore.

Mais qui fait toucher du doigt l’essentiel. Telle cette rencontre avec un père à côté de qui on est passé sans l’avoir jamais vraiment rencontré : ne pourrait pas ce saisir de ce moment exceptionnel pour se réconcilier ?

dimanche, janvier 10, 2021

« Initiations orientales » de Claire Escoffier et « Dernier virage ! » de Vincent Fauveau (France)

 

Je vous ai déjà parlé il y a quelque temps du « Pays de Mal au Cœur », premier titre d’une toute nouvelle petite maison d’édition montpelliéraine, Les Éditions des Quatre Seigneurs. Le catalogue s’étoffe vite, ils en sont à six titres déjà ! Proche des auteurs, je pourrais déjà vous parler de cinq d’entre eux, mais d’abord, surtout, de leur projet.

Bon, en fait, ils en parlent très bien eux-mêmes :

« Les Éditions des Quatre Seigneurs s'engagent à faire connaître les auteurs d'œuvres de qualité de tous les styles (fiction, témoignage, enquête, récit) et tous les genres (romans, théâtre, poésie, illustration). Sa ligne éditoriale privilégie les expériences personnelles et l'ouverture à l'Autre et aux différentes cultures. »



Ce que j’aime vraiment à la lecture de leurs publications, c’est le parti pris récits de vie, histoires de famille, mosaïques intimes ; c'est à la fois sans prétention et très honorablement écrit, ce qui fait que cela se lit avec plaisir et intérêt. Plaisir parce qu'on est touché par des éléments qui font écho à notre propre vie et intérêt parce qu'on plonge au cœur de cercles de famille et de milieux assez divers dont on ne connaît souvent que la surface.