Déjà
dans son premier roman dont nous vous avons déjà parlé, La Solitude du Quetzal, Jacky Essirard nous invitait à parcourir avec lui les méandres des
souvenirs, de la mémoire, et en particulier des impacts toujours
très curieux qu’ont, sur chacun d’entre nous, nos aventures
sentimentales. Peu importe leur durée, l’âge à laquelle on les a
vécues, le nombre d’heures, de jours, de mois ou d’années
passés avec l’alter ego réel ou fantasmé. Peu importe aussi sans
doute ce que nous sommes devenus à la suite de ces aventures et
l’endroit de notre vie duquel nous les contemplons, duquel nous
tentons de rassembler leurs maigres bribes : nous avons juste
l’impression d’avoir été tatoués à vie par une relation dont
les ressorts nous ont souvent échappés. Ces aventures sentimentales
nous poursuivent, nous hantent.
lundi, juin 04, 2018
mardi, mai 15, 2018
« Le Camion » de Neige Sinno (France)
Une
lecture à ne pas manquer. Le style est fluide et percutant. Les
personnages juste ébauchés au départ deviennent de plus en plus
nets. Ils ont leur part d’ombre mais ils sont essentiellement
lumineux, touchants. Ce roman décrit à merveille les errances d’un
âge où l’on sent, où l’on sait qu’il faut enfin décider sur
quel chemin partir dans la vie et où, en même temps, les doutes et
les ‘pourquoi donc’ empêchent souvent le mouvement. Un roman
d’initiation à conseiller vivement aux adultes qui disent ne pas
comprendre « les jeunes »...
lundi, mai 14, 2018
"Cette putain si distinguée" de Juan Marsé (Espagne)
Un
écrivain – double de l’auteur ? – est sollicité pour
écrire, sur commande le scénario d’ «un film inspiré d’un
fait réel qui s’était produit des années plus tôt à Barcelone,
un crime horrible qui avait en son temps suscité des conjonctures
nombreuses et très diverses, et dont le mobile, apparemment
passionnel, n’avait jamais été entièrement éclairci ».
Nous
sommes en 1982. Le narrateur, en panne d’inspiration, accepte bon
gré mal gré de revenir sur cette histoire, même s’il mesure bien
la différence entre écriture de scénario et littérature. Ce crime
s’est déroulé en 1949, en pleine période franquiste, et le
meurtrier, un certain Fermin Sicart, travaillait alors comme
projectionniste dans un cinéma de quartier, le cinéma Delicias.
Régulièrement une prostituée venait lui rendre visite dans sa
cabine de projection, et le protagoniste semblait apprécier sa
compagnie, et pourtant on l’a retrouvée un jour morte, étranglée
avec de la pellicule de cinéma, et Sicart a avoué aussitôt en être
le meurtrier.
mercredi, avril 18, 2018
"C’est l’Inuit qui gardera le Souvenir du Blanc" de Lilian Bathelot (France)
Alors
que, lors de l’une de nos réunions mensuelles, nous parlions de
« Simple mortelle », le dernier roman paru de Lilian Bathelot,
Catherine nous a fait passer quelques uns de ses titres plus anciens.
C’est comme cela que C’est l’Inuit qui gardera le Souvenir
du Blanc m’est arrivé dans les mains et que je me suis régalée
de ce roman d’anticipation très réussi, écrit - nous dit-on - à
l’attention des adolescents…
Nous
sommes projetés au printemps 2089, et les antagonismes du monde
actuel se sont cristallisés. Dans les pays du G16, il y a désormais
deux types de territoires : les zones sécurisées où les
citoyens bien intégrés sont tous implantés, c’est
à dire qu’ils ont sous la peau une puce qui leur permet l’accès
à tous les services vitaux et qui permet donc aussi de les pister ;
et les zones franches où vivent ceux qui ne rentrent pas dans le
moule, donc globalement plutôt tous les déshérités. Et puis il y
a tous les pays membres de la Confédération des Nations Premières
qui sont encore habités par leurs peuples indigènes…
dimanche, avril 15, 2018
"El murmullo de las abejas", de Sofía Segovia (Mexique)
Sofía
Segovia est une écrivaine mexicaine, née en 1965 à Monterrey. El
murmullo de las abejas est son deuxième roman, paru chez Vintage
Español en 2015.
Nous
sommes au début du 20e siècle dans le nord du Mexique, dans la
petite ville de Linares. Le contexte est important : c'est celui
de la Révolution puis de la réforme agraire.
« Olvidó
el hambre. Olvidó el frío.
Y
así, fuera de la vista del patrón, que no se había detenido a
esperar la llegada de su obediente peón, padre e hijo observaron al
otro padre y al otro hijo batallar para hacer cinco pozos mal hechos,
y al verlos, campesinos torpes, altos, blancos y elegantes, corroboró
lo que siempre había creído : el campo le pertenecía al que
lo trabajaba, al que sabía hacer las cosas, al que sabía sembrar, y
no al que lo supervisa todo desde arriba de un caballo sin ensuciarse
las manos.
-
Esta tierra es mía. »
Coach scolaire et universitaire.
Professeure certifiée de l'Education Nationale.
Docteure en Etudes ibériques et latino-américaines.
Auteure.
Présidente d'honneur de l'association Les Collecteurs
mercredi, avril 11, 2018
"Le dernier invité" de Anne Bourrel (France)
Anne
Bourrel est une écrivaine montpelliéraine. Elle écrit des
nouvelles, des romans noirs, de la poésie et des pièces de théâtre.
Son
dernier roman, Le dernier invité, vient de paraître chez La
manufacture de livres.
« Elle
devrait se détendre un peu. La rivière court vers la mer. Il fait
beau. Tout à l'heure, elle épousera l'homme qu'elle aime. Vivre
pourrait être envisageable. Avec le retour de ce sale type, pile la
semaine de mon mariage, me détendre ? C'est normal d'y
repenser. Je pense, mais je ne parle pas. Plus jamais. Plus jamais je
ne parlerai. Pas de mots. Il n'y a pas de mots pour dire ce que
personne ne veut entendre. Il faut se taire. Pas un mot. Ce qui
n'est pas dit n'existe pas. L'eau fraîche de la rivière parviendra
à chasser les images. Il faudrait pouvoir tourner la page, je le
sais bien. Tourne la page, tourne, tourne. Ne la laisse pas se
déchirer, la page. C'est toi qui la tournes, encore, essaye,
tourne-la. Tourne-la. La page de pierre et de plomb. Ou bien plonge,
plonge dans l'oxbow toute habillée. »
Coach scolaire et universitaire.
Professeure certifiée de l'Education Nationale.
Docteure en Etudes ibériques et latino-américaines.
Auteure.
Présidente d'honneur de l'association Les Collecteurs
dimanche, mars 25, 2018
Livres libres ! Un dispositif Les Collecteurs - Mpt Frédéric Chopin...
Comme vous le savez sûrement,
depuis quelques mois déjà, les Collecteurs ont le privilège de se
réunir un samedi par mois à la Maison pour tous Frédéric Chopin (Montpellier). C’est donc en collaboration avec son responsable,
Thomas Roudet, que nous avons le plaisir de mettre en œuvre un
partage de livres ouverts aux « tous » de la Maison pour
tous !
« Des animaux très sensibles » de Rodrigo Fuentes (Guatemala)
Les
attachantes éditions L’atinoir nous emmènent cette fois au
Guatemala en nous faisant découvrir un recueil de nouvelles de celui
qui a gagné, entre autres, le 2e
Prix centro-américain Carátula
des nouvelles courtes en 2014, Rodrigo
Fuente.
Rodrigo Fuentes nous entraîne
essentiellement dans la ruralité du Guatemala, dans un univers qui
fait sérieusement penser au far west de l'époque de la conquête de
l’ouest.
mercredi, mars 21, 2018
"Ce que tu es" de Herman Gorter (Pays Bas)
« Ce que tu es »
présente la poésie du géant des lettres néerlandaises Herman
Gorter (1864-1927), s’ouvrant par une Ouverture
donnant des éléments bio-bibliographiques de façon très sensée
et sensible. Puis suivi par Mai, le magnifique poème
emblématique connu de tous dans une magnifique traduction qui permet
ici de rendre en langue française toute la splendeur d’une langue
et d’une civilisation. Un autre printemps, un autre son :
"Trois poètes néerlandais", Nachoem M. Wijnberg, Esther Jansma et K. Michel (Pays Bas)
Trois
magnifiques poètes néerlandais sont présents dans cette anthologie
avec des personnalités bien différentes. Ouvrant le livre, Nachoem
M. Wijnberg, né le 13 avril 1961 à Amsterdam, trouve toute son
ampleur dans ses derniers poèmes de La vie de avec toute une
ressource onirique autour des livres, de l’amour et de la vie, ces
poèmes de maturité viennent dépasser tous les précédents à un
point tel qu’il aurait fallu ne publier que des poèmes du recueil
La vie de (2008) cette beauté et cette bonté réunies exaltent
vraiment. Esther Jansma, née le 24 décembre 1958 à Amsterdam,
occupe le milieu de l’anthologie, toute à ses fantômes et à une
poésie extrêmement sensible, elle nous emporte dans un univers
dépaysant avec des cellules de poèmes indépendants parfois
rattachés en série, cette composition complexe mais efficiente nous
offre une poésie d’excellente qualité.
"Du perdant & de la source lumineuse" de Kees Ouwens (Pays-Bas)
Recueil
construit en système clos comme un système sanguin, "Du
perdant & de la source lumineuse" est l’œuvre d’une
poésie objective, où les éléments réels côtoient des métaphores
à caractère réaliste, et dans la construction tout au long du
recueil en italique apparaît des citations de Théorème de Pasolini
qui renforce cet aspect-là. Ce sont aussi bien des éléments de
paysages façonnés par l’homme (voitures) que des réflexions sur
la vie elle-même dans la modernité de l’existence. Il y a aussi
le révélateur de la lumière qui permet de percevoir une certaine
philosophie de la vie, une vraie ontologie et parfois se développant
vers une métaphysique très personnelle.
lundi, février 05, 2018
"Simple mortelle" de Lilian Bathelot (France)
Bon,
c’est une chose entendue pour nous, on aime bien La Manufacture de Livres. On en pinçait déjà pour Anne Bourrel et Franck Bouysse… et aujourd’hui j'en pince pour Lilian Bathelot, et surtout pour Nicole et Louis !
Il
est étonnant ce roman noir qui réussit le tour de force d’allier
une histoire d’amour lumineuse avec une sordide conspiration
politico-mafieuse d’état ! Difficile d’en dire beaucoup
plus sans risquer de casser quelques uns des ressorts que nous
réserve ce récit très construit et dans la première moitié
duquel les scènes se suivent sans qu’on n’en saisisse
franchement toutes les articulations… Les personnages principaux
sont dépeints de manière très sensible, et la richesse des
personnages secondaires laisse facilement imaginer que Lilian Bathelot a encore
plein d’histoires à nous raconter ! Bref, le genre de lecture
un brin addictive, de celles qui oppressent autant qu’elles font du
bien…
vendredi, janvier 19, 2018
"Les âmes errantes", de Tobie Nathan (France)
Tobie
Nathan est professeur de psychologie à Paris 8 et ethnopsychiatre.
Il a beaucoup travaillé sur les migrants.
Pendant
trois ans, il a reçu des jeunes en voie de radicalisation qui lui
ont raconté leurs histoires familiales et personnelles. Il a tenté
de comprendre leurs parcours de vie et nous explique dans ce livre
leur façon de penser.
Il
se sent proche de ces jeunes, car comme eux il est issu d'une famille
de migrants, arrivé en France à l'âge de 8 ans.
Il
déplore le manque de racines culturelles de certains d'entre eux et
c'est la raison pour laquelle ils les qualifient d'«âmes
errantes » :
« Je
qualifie d' « âme errante » cette fille non pas
détachée, puisqu'elle n'a jamais été liée ; non pas égarée,
puisqu'elle n'a pas de lieu à retrouver, d'Ithaque à rejoindre ;
mais flottante, angoissée, animée d'absence. Cet être est bon à
prendre, à soumettre – c'est une proie pour les chasseurs d'âmes.
Voilà
donc une formule majeure, le sésame des « âmes errantes »,
devenues proies faciles d'une radicalité religieuse montante. La
formule se décline sur deux générations : perte du lien
fonctionnel avec l'appartenance culturelle (la source) à la
première, problèmes de filiation à la seconde.
Coach scolaire et universitaire.
Professeure certifiée de l'Education Nationale.
Docteure en Etudes ibériques et latino-américaines.
Auteure.
Présidente d'honneur de l'association Les Collecteurs
vendredi, janvier 12, 2018
"Aux Cinq Rues, Lima" de Mario Vargas Llosa (Pérou)
Pourquoi
donner envie de lire « Aux Cinq Rues, Lima » dont
Gallimard vient de publier la version française ? Parce Mario
Vargas Llosa est prix Nobel de littérature ? Parce qu’il est
entré l’an dernier, de son vivant, dans la Pléiade ? Un peu
court comme raisons !
Alors,
pourquoi ? Parce que, à quatre-vingt un ans,cet homme ne lâche
rien et nous entraîne dans un roman jubilatoire. Mené sur un rythme
haletant, avec l’habileté et le talent de conteur qui est le sien,
il nous plonge au cœur de Lima, dans un quartier très vivant,
autrefois mal famé, Cinco Esquinas. Nous nous retrouvons au cœur
d’une comédie de mœurs et d’un scandale politico-médiatique
avec des photos compromettantes, un maître-chanteur, un crime
crapuleux, de quoi alimenter la presse à scandale.
jeudi, janvier 11, 2018
"Légende d’un dormeur éveillé" de Gaëlle Nohant (France)
« Le dormeur éveillé »,
c’est Robert Desnos, c’est ainsi que le nommait André Breton.
Gaëlle Nohant dans ce gros roman de 520 pages nous raconte sa vie,
son parcours, sa fin tragique et, à travers lui, ressuscite toute
une époque, une époque riche, passionnante et douloureuse, des
années folles à la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est
toute la vie littéraire et politique, de 1928 à 1945, qui défile
sous nos yeux, toute une génération d’artistes, d’écrivains,
de peintres que nous connaissons et qui deviennent les acteurs de
cette « légende ». Ce livre, nous dit l’auteure, est
né de sa passion pour l’œuvre de Robert Desnos et est le fruit
d’un long travail de recherches qui lui a pris plus de deux ans.
Tout ce qu’elle dit est intéressant, tout semble exact et des
extraits de poèmes de Desnos ponctuent son récit pour rendre la
présence du poète plus évidente.
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