mercredi, octobre 28, 2020

"Le Pays de Mal au Cœur" de Philippe Vinard (France, Nouvelle-Calédonie)

Aujourd’hui à la retraite et vivant à Montpellier, Philippe Vinard a pendant plus de trente ans été consultant en santé publique dans le monde entier. C’est dans ses souvenirs et parfois dans les notes prises tout au long de sa vie qu’il plonge désormais pour nous raconter quelques uns des épisodes qui l’ont le plus marqués.

Il a déjà publié deux ouvrages aux Éditions Yovana, Les Sirènes du Kampuchéa (2019) et Comédies médicales (2020), qui regroupent des chroniques romancées nous racontant la vie étrange des travailleurs humanitaires dans des périodes historiques clés, au Cambodge pour le premier et au Tchad pour le second.

Ce nouvel opus , Le Pays de Mal au Cœur (suivi de Nou), est cette fois le récit de la découverte de la Nouvelle-Calédonie au début des années quatre-vingt par deux jeunes enseignants métropolitains exerçant dans un collège rural protestant. C’est une histoire à mi-chemin entre le roman et la description documentaire d’un milieu étonnant et méconnu. On y découvre beaucoup de choses, notamment sur l’histoire contemporaine de cette grande île.

"A la mesure de l’univers" de Jon Kalman Stefansson (Islande)

 


Après le très beau « Entre ciel et terre », récit d’une pèche nordique âpre et rude, après « Le cœur de l’homme », tout aussi digne d’une odyssée, Jon Kalman Stefansson publie ici un récit où il est question d’amour, et de mort, de musique, beaucoup, de poésie aussi, beaucoup – il faut dire que les Islandais y portent une attention toute particulière, beaucoup plus que nous, qui avons perdu de vue l’importance d’en lire.

 Il souffle un vent de nostalgie sur ce roman qui parle de destinées, d’enfant orphelin, de morts injustes, des étoiles la nuit, de l’alcool qui entraîne la violence et les coups parfois sur ceux ou celles qu’on aime.

On va croiser de nombreux personnages, que l’on suit sans linéarité sur trois générations, tels que  Margret et Oddur, le grand-père d’Ari, les femmes Veiga, Lilla, Sigga, mais aussi Tryggvi, et Jakob, le père d’Ari, Anna, sa dernière compagne, mais aussi Pordur, Svavar, Arni et bien d’autres.

Ari rentre en Islande pour voir son père Jakob, qui va bientôt mourir. On découvre alors Reyflavik (à ne pas confondre avec Reykjavik), une ville de pécheurs, parce que pécher du poisson c’est important.

 « Si nous oublions de tirer le poisson de la mer, ce poisson qui compte de plus en plus et qui, bientôt, sera plus important que l'agriculture, eh oui, qui l'eût cru, nous peinerons de plus en plus à survivre et notre rêve d'indépendance ne se réalisera pas. » pense Oddur, alors que son fils Pordur, très doué pour l’écriture, rêvasse sur le bateau où Oddur règne en maître. Peut-être est-il en train de composer un poème, ou d’écrire dans sa tête un récit épique – une écriture qui attirera l’attention d’un grand maitre de la poésie qu’est Gunar Gunnarsson - mais pour comprendre ce qu’il aurait peu advenir de Pordur, il faudra aller jusqu’au bout du récit.

vendredi, octobre 16, 2020

"L'Arrachée belle" de Lou Darsan (France)

 


Une fois encore, La Contre Allée délaisse les grands axes et nous emmène sur des chemins de traverse, à la découverte d’un univers singulier. Cet univers c’est celui de Lou Darsan, blogueuse, voyageuse, dont le premier ouvrage, « L’Arrachée belle », est paru il y a peu.

C’est un livre dans lequel on peut refuser d’entrer ; mais si on se laisse porter par le flot des mots, on est embarqué dans un voyage inoubliable et qui nous interroge.

Au centre du récit, il y a une jeune femme au mal-être profond. La ville où elle vit l’oppresse. Dans l’appartement qui est le sien elle étouffe. L’homme qui est son compagnon est devenu un étranger. Tout vacille autour d’elle et en elle. Elle a même peur de disparaître par la bonde de la baignoire.

Alors, dans un ultime sursaut, elle s’arrache à cette vie mortifère et elle part :

mardi, octobre 06, 2020

« Traduire ou perdre pied » de Corinna Gepner (France)

Corinna Gepner est traductrice, elle a même été la présidente de l’Association des Traducteurs Littéraires de France (ATLF). Germaniste, elle vient d’être récompensée avec le prix Eugen-Helmlé.

Dans ce texte fragmenté, elle nous livre ce qui l’anime, ce qui la pousse, ce qui la fait douter… en permanence ! Cela se lit d’une seule traite, c’est un pur régal.


Morceaux choisis :


« Plus je traduis, moins je sais. Plus j’ai d’habileté, plus le sol se dérobe sous moi, plus les mots, les phrases révèlent leur double, leur triple fond et bien plus encore. Je ne cesse de composer avec le vertige. Le texte, foncièrement, m’échappe, et pour travailler je dois faire comme si je savais, juste comme si. »

 

« La traduction est pour moi une lente et systématique destruction de ce que je croyais savoir. Car il y avait la croyance en un savoir possible et le désir de bâtir sur du solide. Cette croyance-là s’effrite de jour en jour. »

lundi, septembre 28, 2020

"L'intimité", de Alice Ferney (France)

 


La vie est une succession de drames.

Lorsque Alexandre vient déposer Nicolas, son beau-fils, chez sa voisine Sandra, parce qu’il conduit sa femme Ada à la maternité pour accoucher, il ne se doute pas qu’il reviendra avec le bébé prénommé Sophie, mais sans Ada morte d’un empoisonnement amniotique.

Alexandre va se torturer de culpabilité : c’est lui qui voulait absolument un fils de sa compagne, avec qui il n’était même pas marié, imposant son avis de « mâle » à Ada pour qu’elle porte son enfant.

Ensuite Alexandre va se morfondre : Sandra la libraire a beaucoup d’attrait et il la verrait bien remplacer Ada. Mais Sandra est une femme libre, indépendante et féministe, qui ne veut ni de vie de couple, ni d’enfants à porter. Même si elle porte un réel attachement désormais à Nicolas et Sophie, depuis le tragique accident de l’accouchement, elle ne prendra pas la place d’Ada.

Alors Alexandre va connaître un troisième drame.

Cherchant sur les réseaux sociaux à rencontrer une jeune femme pour refonder une famille, il va rencontrer Blanche, autrement dit Alba, qui va lui plaire dès le départ.

vendredi, septembre 18, 2020

Revue de presse occitane par François Szabó (Montpellier)


 

OC

revue

Numéro 133

Juin 2020

Montpelhièr


La revue OC signe un numéro spécial consacré à la ville de Montpellier et cet événement éditorial est un régal. On y parcourt les quartiers à travers les œuvres et les écrivains majeurs de la cité languedocienne dans cette langue d’Oc qui a fait ses preuves en littérature. Écouter bruire la langue occitane au détour des rues, retrouver l’âme douce d’une ville… Pourquoi donc se priver de ce bonheur là ?

À l’occasion du 800e anniversaire de la Faculté de Médecine, c’est une heureuse initiative que de proposer ce numéro spécial. Il est temps d’y goûter sans modération.




Cahiers Max Rouquette

Numéro 13

2019

Le Théâtre de Max Rouquette


L’œuvre de Max Rouquette, plus diversifiée que celle de Delavouët, plus grandiose encore que celle de Manciet et à l’égale mesure de la beauté de celle de Delpastre est un domaine immense qu’il nous faut visiter, revisiter. On connait Rouquette poète, novelliste, romancier. Ce numéro spécial bilingue des Cahiers Max Rouquette est consacré à son Théâtre. Ici le dramaturge est révélé dans ses lectures, ses œuvres majeures qui l’inspire, les mythes, et sa capacité vorace à exprimer une œuvre singulière avec humour « Le Glossaire » ou tragique « Médée » et cruauté « L’Épopée de Pappa Popov ».

François Szabó

« Âge Tendre » de Clémentine Beauvais (France)

 


Clémentine Beauvais, 31 ans, écrit pour la jeunesse, en anglais et en français, et a déjà plus d’une dizaine de livres à son actif qui tous ont été remarqués. (Dont « Les Petites Reines » (2015) qui a notamment obtenu le Prix du magazine Lire).

Elle publie, en cette rentrée littéraire, toujours aux Éditions Sarbacane, « Âge Tendre ».

Ce livre, dont le titre évoque un célèbre magazine et une non moins célèbre émission de radio, en tous cas pour ceux d’entre nous qui avaient 20 ans dans les années 60 (!), nous emmène dans un avenir assez proche où la présidente de la République (hé oui !) a imposé aux élèves qui sortent de 3ème un an de service civique. Valentin Lemonnier va effectuer ce stage dans les Hauts de France, à Boulogne-sur-Mer, dans un établissement pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Et plus spécifiquement dans une unité mnémosyne (en hommage à la déesse de la mémoire) où l’on a recréé pour les résidents l’ambiance des années 60-70, « un truc bien sixties, bien fleuri », dit l’autrice, « avec plein de Françoise Hardy ». Un univers « jacquesdemysé » !

mardi, août 18, 2020

« Barnum », de Virginie Symaniec (France)

Virginie Symaniec est une aventurière des temps modernes. Elle a monté sa maison d’édition indépendante, Le Ver à soie, à quarante-cinq ans (en 2013).

« Je n'ai pas eu le choix. Après des années à l'université, à courir derrière un poste de chercheuse qui n'existe pas, puisque je suis docteure en Histoire, habilitée à diriger des recherches, mais spécialiste de la Biélorussie, pays dont tout le monde se fout ; après des années de précarité en tant que chômeuse surdiplômée, je me suis demandé ce que je savais faire : pas grand-chose. Mais j'avais des compétences linguistiques et rédactionnelles, une expérience de traductrice et j'avais déjà travaillé dans des maisons d'édition à différents niveaux sans connaître toute la chaîne du livre. Je me suis dit que je pourrais faire cela : m'occuper de livres, de traductions, en montant une maison d'édition indépendante, je pensais d'abord à un site internet. Je n'avais pas encore conscience de ce que cela impliquait réellement, éditer : j'avais des compétences du point de vue des contenus mais tout à apprendre au niveau technique. » raconte-t-elle à Juliette Keating dans une longue interview publiée sur le site Médiapart.

(On notera que la Biélorussie connaît son heure de gloire et que c’est toujours des histoires de timing qui nous minent !)

Côté commercialisation (pour manger, il faut vendre...), elle a très vite compris qu’elle n’avait aucune chance de tirer son épingle du jeu en entrant dans La Chaîne du Livre. Lui est alors venue l’idée de raccourcir au plus serré cette chaîne en allant proposer directement ses livres sur les marchés du sud-ouest !

vendredi, août 14, 2020

"Eparses", de Georges Didi-Huberman (France)

 

« Éparses, les positions psychiques que chacun est susceptible de tenir au creux d’une seule, d’une simple expérience émotionnelle. »

« Éparses, les bribes de mémoire, matérielles ou psychiques, qu’une même histoire peut nous laisser en partage. »

« L’espace est immense, le temps est sans fin où souffle le vent du mal que l’homme sait faire à l’homme. Mais à cela résisteront, s’affronteront toujours quelques branches plus hardies que d’autres. Bras qui se lèvent depuis le fondamental désir de survivre, de s’en sortir, de désobéir à la mort. »

Un peuple n’est pas détruit malgré la tentative criminelle de destruction totale, génocide perpétré par les nazis, tant que la buée émanant de leur vie reste à la mémoire, tant qu’il existe des personnes pouvant rendre les nuances d’existences en péril avec des documents habillement conservés et le courage d’exhumer l’âme sensible et imaginative en faveur d’une vie qui même précaire, fait sens. Vérité des archives, ce voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie, nous incite à lutter de toute notre foi contre les tentatives d’anéantissement de vie.

Georges Didi-Huberman nous livre, comme de coutume - car chacun de ses livres somptueux rythment les publications aux éditions de minuit - un essai plein de sensible résurgence des êtres ayant lutté dans le ghetto de Varsovie, avec ténacité, imagination, ardeur et par beaucoup d’amour, résistants se retrouvant dans cette maison d’édition justement emblématique de la résistance.

Indispensable.

François Szabó

Eparses, Voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie, de Georges, Didi-Huberman,  Les éditions de minuit, 2020

mardi, août 11, 2020

« Les Hortenses » de Felisberto Hernández (Uruguay)

« Un homme triste et pauvre qui vit de concerts de piano dans de petits cercles de province », c’est ainsi que Julio Cortázar évoque, dans la préface de l’édition française de ses contes, la figure de Felisberto Hernández, ce grand écrivain uruguayen, longtemps méconnu et pourtant l’égal de Juan Carlos Onetti ou de Horacio Quiroga.

Pianiste de talent qui joue des tangos dans des bars nostalgiques pour gagner trois sous c’est aussi un conteur de génie qui souvent se met en scène dans le Montevideo de son époque.

Mais rien de réaliste dans ce qu’il nous raconte, il nous entraîne dans une réalité autre, déformée, rêvée, recréée. « Ce qui est sûr, dit-il, c’est que je ne sais pas comment je fais mes contes car chacun d’entre eux a sa propre et étrange vie ».

Son monde est un monde étrange qui obéit à une logique qui nous échappe. Il ne faut pas chercher à comprendre mais plutôt se laisser porter par ce que Italo Calvino, qui admirait Felisberto, appelle « des sarabandes mentales ». Et on lâche facilement prise car le phrasé est musical, fluide, et on est véritablement envoûté.

lundi, août 03, 2020

"Dieu, le temps les hommes et les anges", de Olga TOKARCZUK (Pologne)

Voilà un récit qui ne ressemble à rien que je ne connaisse vraiment.

 »Dieu, le temps, les hommes et les anges » est une fable, un conte qui parle de beaucoup de choses à la fois.

Il y a d’abord le décor dans lequel tout se déroule : un petit village de Pologne, Antan, dont on apprend qu’il est traversé à l’Est par la rivière Blanche, et au nord-ouest se dirigeant vers le sud, la rivière Noire. On sait aussi que d’un côté Antan est gardé par l’archange Gabriel, de l’autre par l’archange Michel. On sait encore que « Antan est baigné par les deux rivières de même que par cette troisième, issue du désir éprouvé par l’une pour l’autre. La rivière née de l’union de la Noire avec la Blanche au pied du moulin s’appelle la Rivière. Elle poursuit son cours, calme et apaisée. »

Dans ce décor onirique, vivent plusieurs générations. On commence par Michel, qui va devoir partir à la guerre, malgré les pleurs de sa femme Geneviève. Mais Geneviève va donner la vie à Misia, au cours d’une nuit d’accouchement où un ange intervient de manière décisive.

Viendront plusieurs générations ensuite, et de nombreux personnages : Elie, Florentine, Isidor, Paul Divin, Perroquette, Ruth, Isidor et les autres.

Il y en a aussi qui vivent en marge de cette nature omniprésente sous la plume de l’écrivaine : la Glaneuse, qui « distinguait le contour d’autres mondes et d’autres temps, étendus au-dessus et au-dessous du nôtre.  De même que ces personnages étrangers : « le Mauvais bougre », qui délaisse les hommes pour la nature, ou encore « le Noyeur », qui tente de noyer les humains, ou encore le mycélium.

Mais il y a encore beaucoup d’autres choses dans ce récit...

vendredi, juillet 03, 2020

L'association Les Collecteurs fête ses 5 ans !





Elle fut créée à Montpellier durant l'été 2015 pour ouvrir des espaces de rencontre permettant de découvrir, partager, échanger autour des livres du monde entier.

Ici quelques-uns des beaux moments partagés durant nos 5 premières années et quelques-uns des livres les plus appréciés par les co-lecteurs et co-lectrices.

Merci à l'association le CAMAP pour son aide précieuse dans la réalisation de cette vidéo !

"City on fire" de Garth Risk Hallberg (Etats-Unis)

"Ah, ce n’était pas gagné ! Beaucoup d’éléments dissuasifs, de mon point de vue :
• CITY ON FIRE est un pavé (1244 pages en poche), et depuis que j’ai mis à la poubelle un morceau de ma vie pour avaler « La vérité sur l’affaire Harry Quebert », qui réussit à être à la fois insipide et indigeste alors qu’il en compte environ la moitié (670 p.), je cultivais la méfiance ! Mais je me suis dit que « Belle du Seigneur » (1110 pages) ne m’avait jamais pesé, au contraire, pour m’encourager à passer outre.
• L’un des arguments publicitaires, à l’époque du lancement (2015) consistait à bramer : premier roman le plus cher de l’Histoire ! Deux millions versés à l’auteur par l’éditeur américain !! (Knopf). Hollywood a acheté les droits avant même sa parution !!! Qui dit mieux ? (Plon, pour l’édition française, n’a pas révélé le montant de son offre). Ce n’est pas forcément un gage de qualité… sinon celle du marketing, et celle de l’agent.
• La culture punk, le hard rock, les tourments adolescents, l’alcool, la drogue tiennent une place importante dans la narration (nous sommes en 1976-77) or ce ne sont pas des sujets qui figurent au premier plan de mes thèmes favoris en littérature… ni dans la vie.
Tant pis ! J’ai plongé.

samedi, juin 20, 2020

"Un turbulent silence" d'André Brink (Afrique du Sud)

‘Un turbulent silence’ d’André Brink… C’était une longue lecture. Intéressante, affligeante. Un récit chorale autour d’une révolte d’esclaves en Afrique du Sud au début du 19e qui met en évidence non seulement les rapports de domination où les esclaves et les femmes remportent la palme de l’oppression, mais surtout que l’absence d’expression des émotions et sentiments est à la racine du dysfonctionnement de cette société hyper-violente.
J’ai enfin terminé
Je suis choquée que les critiques mettent en avant le lyrisme, la passion, la haine, etc., et oblitèrent totalement le gâchis immense que représente l’écrasement de toute intelligence relationnelle dans ces sociétés dominées par les convenances dictées par des églises étrangement inhumaines.

mardi, mai 26, 2020

« Chanson bretonne suivi de L’enfant et la guerre » J.M.G. Le Clézio (France)

À l’aube de ses 80 ans, J.M.G. Le Clézio, cet éternel voyageur, ce citoyen du monde, retourne sur les terres de son enfance et nous raconte deux histoires qui se répondent. Ce ne sont ni des confessions, ni un album de souvenirs, c’est comme un air qui revient, comme une chanson douce qui par petites touches parle de l’enfance. Le Clézio dit qu’il se méfie de la mémoire parce qu’elle est incertaine, qu’elle est faite de beaucoup d’imagination.
Ses souvenirs sont faits d’émotions, de sensations d’abord liées à la Bretagne dont il dit que c’est elle qui lui a apporté le plus d’émotions et de souvenirs. Il évoque ses vacances d’été, le Sainte Marine des années 50, la mer, la lande, les fêtes au château de madame de Mortemar, la fête de la moisson où « nous ressentions quelque chose, il me semble, qu’aucune leçon d’histoire ou de géographie ne pouvait nous enseigner, quelque chose qui nous reliait à notre passé lointain (puisque avant de partir pour l’île Maurice, notre famille avait appartenu totalement au monde fermier) et même au-delà, nous reliait au passé de l’humanité » (p. 51).

dimanche, mai 17, 2020

"Tout ce que tu sais de moi", de Miriana Bobitch (Serbie)


Elles sont quatre.
 Quatre femmes, quatre comédiennes et elles ont toutes un lien particulier avec un homme, un réalisateur de film, le beau Boris Pavlovic.

Il y a Nadja. Nadja Steiner, une actrice qui a joué dans une série il y a quelques temps, à Dubrovnik. Et a vécu « la chose la plus terrible et merveilleuse » qui lui soit arrivée, avec ce fameux Boris. Et qui est devenue ainsi écrivain, sous le pseudonyme de « Elizabeth Hope ».

Il y a Ana. Ana vit aux États-Unis, travaille comme serveuse chez « Murphy », a fui Belgrade où elle était comédienne, Ana Belic. Maintenant elle est devenue Ann Belly à Los Angeles. Officiellement mariée à un croate, journaliste de rock à Zagreb, pour obtenir le droit de rester aux USA. A partir d’une mésaventure qu’elle a vécu avec un vrai serbe déguisé en lover portugais, est née l’idée d’un scénario avec Serge, un copain émigré comme elle, son meilleur ami, qui lui a expliqué la règle du jeu à Los Angeles : 
« La seule chose que j’avais apprise, c’est qu’ici il n’y a pas de discussions, pas d’explications, pas de morale, ni de grandes théories. Personne n’a de temps pour ça. »

Mais Ana vient de recevoir un message.

« Chère Ana, j’ignore ce que tu fais maintenant, et ce qui se passe dans ta vie… Ce serait vital pour moi que tu acceptes ma proposition et viennes me rejoindre. A toi, Boris. »

lundi, mai 11, 2020

"Le bruit des choses qui tombent", de Juan Gabriel Vasquez (Colombie)


Les Collecteurs sont vraiment fans des livres de l’auteur colombien Juan Gabriel Vasquez !

Plusieurs de ses romans ont été présentés sur ce blog, et nous avions eu en 2013 la chance de passer un moment avec lui et de faire une lecture publique de plusieurs extraits de ses romans, en espagnol et en français.
En 2012, Carlos Tous nous présentait Le bruit des choses qui tombent en espagnol.

Pour sa part, Florence Balestas a lu et beaucoup aimé la traduction française :

Bogota, 1996. Antonio Yammara, le narrateur, un jeune professeur de droit colombien fraichement nommé, se lie d’amitié avec le mystérieux Ricardo Laverde de vingt ans son aîné lors des soirées passées à jouer au billard dans un quartier de la capitale.
On ne sait pas grand choses de ce Laverde, si ce n’est la rumeur qui le dit sortant de prison après vingt ans de réclusion.
Ricardo se livre peu, alors quand, après de nombreux verres de rhum, alors que Antonio le ramène chez lui, son ami lui propose un dernier verre, Antonio s’en voudra beaucoup, a posteriori, de ne pas avoir dit oui. Cela lui aurait sans doute permis de comprendre l’énigme de Laverde qui va le poursuivre tout au long d’une partie de sa vie.
Parce qu’il n’aura presque plus l’occasion d’en savoir plus.

mercredi, avril 29, 2020

Mecarõ, collectif (France)


Un magnifique livre qui ouvre la voie à la splendide exposition du Moco Montpelliérain, Mecarõ esprit de l’Amazonie nous offre un large panorama de l’effervescence artistique du bassin de l’Amazonie. 
Des entretiens fort réjouissants nous content une aventure humaine, celle de Catherine Petitgas et de son inlassable recherche et promotion d’artistes très divers mais avec un élan créatif formidable. Ces artistes arpentent la forêt afin de nous rendre un peu de sa nature exubérante et cette foi en la vie.

Rien de plus réjouissant en ce moment particulier que de lire puis feuilleter ce catalogue d’exposition avec de très belles reproductions d’œuvres.

mercredi, avril 15, 2020

Les éditions Le miel des anges - Michel Volkovitch

Cela pourrait sembler un beau titre, n'est-ce pas : Le Miel des Anges. Mais c'est surtout une belle maison d'édition dont l'âme est le traducteur Michel Volkovitch. Celles et ceux qui parmi vous suivent un peu les activités et curiosités des Colectores/Collecteurs au travers de notre émission de radio "lectures par tous" l'ont peut-être entendu il y a quelques semaines (sinon, n'oubliez pas qu'il y a les "podcasts"). Nous voudrions cependant insister encore un peu sur le magnifique travail que fait Le Miel des anges pour nous faire découvrir les nombreux trésors de la littérature grecque dans le monde de la poésie surtout, mais aussi dans celui du théâtre et de la nouvelle.

Il est fort probable que vous n'ayez encore jamais eu entre les mains le moindre titre de cette petite maison d'édition — petite aussi par choix d'une absolue indépendance — car sa diffusion en librairie est très marginale.

"Les yeux fardés" de Lluís Llach (Catalogne)



« Même si vous n’êtes pas franchement « catalaniste », même si vous ne comprenez pas un traître mot de catalan, il n’est pas du tout impossible que le nom de Lluís Llach ne vous soit pas inconnu. Le chanteur fut en effet un haut symbole de la résistance à la dictature franquiste qui nourrissait une adversité particulièrement rancunière à l’égard de la Catalogne, de son histoire, de sa capitale et de sa langue.
Depuis quelques années, le chanteur, auteur et compositeur, a laissé la chanson de côté et a choisi de poursuivre son engagement artistique dans le champ de la littérature. Paru en Espagne en 2012, son premier roman, Les yeux fardés, nous parvient aujourd’hui dans une traduction de Serge Mestre. Un roman dont on aurait pu craindre qu’il soit un « coup éditorial » reposant sur la notoriété de son auteur. Mais non, il s’agit là d’un premier roman qui confirme un talent qui n’a pas grand-chose à envier à d’autres.

samedi, avril 04, 2020

"El jugador de frontón" de Aro Sainz de la Maza (Espagne) + Interview de l'auteur !

Ce petit livre, "El jugador de frontón" (ou Le joueur de Fronton ») destiné à la jeunesse, montre un autre aspect du talent d’Aro. Publié en 2001, avant « Le Bourreau de Gaudi », « Les Muselés », dont Marc vient de nous parler, il raconte l’histoire d’un garçon de 12 ans qui, un été, est confié par ses parents à un grand-père, un colosse de deux mètres qui a, dans le village où il vit, une bien mauvaise réputation et qu’il ne connaît pas. Il devra apprendre à vivre avec lui, le découvrira peu à peu et une très belle relation se nouera peu à peu entre cet enfant craintif et cet homme solitaire et bourru. Il découvrira aussi l’amitié, les secrets du village et vivra bien des aventures. Une partie de pelote basque haletante, qui permettra au jeune héros de prendre confiance en lui, viendra clore cette histoire.
Ce joli roman d’apprentissage met en évidence un autre aspect du talent d’Aro. Il y a la délicatesse des sentiments, la jolie relation qui peu à peu se noue entre le grand-père et son petit-fils et la délicatesse du style. C’est un petit bonheur. Malheureusement il n’est pour l’instant accessible qu’en espagnol et mériterait bien d’être traduit !
Françoise Jarrousse

Et pour compléter ce petit paquet d’articles « Découverte de Aro Sainz de la Maza », voici la vidéo d’une interview réalisée par Marc Ossorguine lors du Festival du Livre de Collioure de 2017 ! Elle dure une vingtaine de minutes…

vendredi, avril 03, 2020

La trilogie catalane de Lluis LLach (Catalogne/Espagne)


Après la trilogie transylvaine de Miklos Banfy (Vos jours sont comptés, Vous étiez trop légers, Que le vent vous emporte), la trilogie USA de John Dos Passos (42ème parallèle, 1919, La Grosse galette), la trilogie de Liu Cixin (Le Problème à trois corps, La Forêt sombre, La Mort immortelle).

La trilogie Catalane de Lluis Llach fait plus que tenir la route ! 

Dans Les Yeux fardés au rythme de vingt-six enregistrement qui narrent la vie de jeunes dans une Barcelone qui rêve d’une liberté quelle ne trouvera pas on voit la volonté de s’émanciper alors que le franquisme va assassiner tout rêve. 
Justement dans Les Femmes de la Principal des femmes luttent pour la vie dans un domaine vinicole voué à l’échec à cause de la menace du phylloxéra. Un enquêteur dévoué au franquisme tente de percer les secrets de famille. 

lundi, mars 30, 2020

"Les Muselés" de Aro Sainz de la Maza (Espagne)

Et voici le deuxième article de Marc Ossorguine sur le deuxième volet de la série de roman de Aro Sainz de la Maza publié sur le blog de La Cause Littéraire !

Celui-ci concerne « Les Muselés »…

C’est avec une impatience mal dissimulée – mais pourquoi faudrait-il la dissimuler ? – que nous découvrons cette deuxième enquête de l’inspecteur Milo Malart dans une Barcelone toujours aussi inquiétante et fascinante. Le Bourreau de Gaudí, conte noir et baroque, nous avait fait découvrir la démesure de la métropole catalane sacrifiant dévotement ses enfants aux folies architecturales, au tourisme et au profit. Roman de démesure où un véritable art du crime, une esthétique de la mort impitoyablement cruelle et vengeresse, spectaculairement mise en scène, composait des tableaux aussi magiques que cauchemardesques. Accablés de chaleur nous l’avions suivi dans l’atmosphère étouffante de l’été barcelonais. Nous voilà aujourd’hui confronté au froid et à l’humidité qui peut aussi envahir la capitale catalane, celle que les cartes postales et les touristes oublient ou préfèrent ignorer. Une ville qui est aussi une métropole portuaire où plus qu’en d’autres temps la misère, les misères, ont leur place, même si elles se dérobent aux prestigieux monuments, aux débauches architecturales et mercantiles. Misère économique qui depuis quelques années, depuis 2008 au moins, ne cesse de mettre des familles à la rue, misère des politiques plus contaminés par la corruption que par la solidarité la plus élémentaire…