L'auteure,
Anne Bourrel, est née en 1970. Après des études de lettres, elle
se consacre aujourd'hui à l'écriture de romans, pièces de théâtre
et nouvelles. Elle organise également des ateliers d'écriture.
Un
bordel à La Junquera, nommé le Gran Madam's. L'héroïne du
roman, une étudiante en lettres roumaine nommée Bégonia, s'est
retrouvée coincée là et vit de la prostitution. Elle tient grâce
à la drogue et à l'alcool.
Cet
extrait, situé au tout début du roman, en donne le ton :
« Son
regard enfle.
Il
défait son pantalon, je fais tomber les bretelles à paillettes. Je
fais glisser la culotte, il garde sa chemise à carreaux sur le dos,
il enfile le plastique sur son truc. J'ai les yeux qui voient pas, je
vole, je flotte, je me mets ailleurs.
Il
entre, s'affale, son souffle s'accélère, ses coups aussi, ça va
durer longtemps, je suis secouée comme un arbre, secouée, secouée,
secouée. »
Le
lecteur est un peu surpris par cette description assez rude et très
réaliste.
Un
peu plus loin, Bégonia décide de fuir cet endroit de perdition avec
son souteneur. Tous deux, accompagnés de leur homme de main, le Chinois, partent pour travailler dans un bordel de
luxe. Sur leur route, ils rencontrent Marielle, une jeune fille un
peu paumée qui a fugué et leur demande de la raccompagner jusque
chez elle. Une aventure commence pour le trio. Ils aboutissent dans une station service près de
Carcassonne, et découvrent le quotidien un peu terne de la jeune fille.
Peu
à peu, ils se rendent compte qu'elle cache une grande souffrance.
Au
fil de l'histoire, Bégonia va beaucoup évoluer et peut-être même découvrir
l'amour.
Ce
roman, qui peut paraître rude au premier abord, est en fait agréable
à lire grâce au langage parlé et surtout grâce à l'humour qui le
traverse. Nous sommes face à une tragédie grecque adaptée à notre
contemporanéité.
Nous
recommandons ce roman à la traduction.
Claire
Amiel