Traduction
française par Christilla Vasserot,
Les
minutes noires, Martín Solares, Editions Christian Bourgois Paris, 2009
Né
en 1970 à Tampico au Mexique, Martín Solares est écrivain, éditeur
et critique littéraire.
Les
minutes noires est son premier roman.
A
partir de la mort d'un jeune journaliste, l'enquête du policier
Ramón Cabrera fait ressurgir d'anciennes histoires cachées et notre
héros se lance dans une dangereuse quête de la vérité, comprenant
que de nombreuses personnes, notamment certains de ses collègues,
font tout pour entraver ses recherches.
Martín
Solares nous propose, dans ce roman noir où il infuse quelques
éléments de fantastique, la peinture d'une société ravagée
par la corruption et le crime.
Ce
jeune journaliste qui a été tué est donc « remplacé »
par un flic intègre qui va à son tour mener l'enquête et découvrir
comment certains de ses collègues ont, dans les années 1970, caché
le nom du coupable d'une série de meurtres de fillettes.
Nous
savons que dans certains pays, aujourd'hui, les journalistes ont
d'énormes difficultés à réaliser un vrai travail d'enquête, et
surtout à révéler au grand jour des vérités cachées. La
fiction devient alors le moyen de décrire des situations pour donner
à comprendre ces sociétés. Et le roman se présente comme un
reflet de la dure réalité, car il est peut-être le seul lieu où
il est possible de la mettre en scène.
Ici
la littérature reflète ce sentiment de désarroi et même de
désespoir qui touche la société mexicaine contemporaine, sachant
que tous les puissants sont corrompus. La fiction devient un exutoire
nécessaire pour des sociétés confrontées à une violence
destructrice.
Voici
l'un de mes passages préférés de ce roman :
« Il
avait pris l'habitude de passer ses après-midi dans la cour de sa
maison, assis dans un fauteuil, face à la lagune, à boire des
bières tout en goûtant au spectacle des joncs en mouvement, des
ratons laveurs, des loutres ou des poissons qui de temps en temps
faisaient une apparition, ou des barques qui avançaient au fil de
l'eau ; mais ce qui l'intéressait par-dessus tout, c'était
cette route droite et interminable,juste sur la ligne d'horizon, sur
laquelle se déplaçaient de minuscules camions sillonnant
inlassablement un paysage planté de palmiers et de cassiers. Au lieu
de boucler son rapport, Bernardo passait son temps à observer les
serpents d'eau onduler sur quelques rues blanches et désertes,
bâties sur des terrains qui, il y a de cela vingt ans, semblaient
encore indomptables. »
Je
vous en recommande la lecture !
Rachel Mihault
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