Liliana nous en a parlé hier, je vous en parle aujourd'hui... Je l'ai lu en
français, donc j'ai lu "Toutes les vagues de l'océan" de
Victor Del Arbol, traduit par Claude Bleton.
© Sergio Castor, 2015
Et
je vais vous en dire à peu près la même chose que Liliana : ce
livre, en dépit de ses presque 600 pages, se lit très vite :
le suspens et le rythme nous entraînent, via des flash back, d'Espagne
au fin fond de l'URSS, sur la sinistre île de Nazino... De la guerre
d'Espagne aux geôles staliniennes. Des plages françaises des
Pyrénées Orientales où le gouvernement de Vichy parquait les
réfugiés espagnols à la deuxième guerre mondiale et à la guerre
froide qui s'ensuivit. Le tout relié à l'histoire tout à fait
contemporaine des descendants des protagonistes de ces temps
"anciens" qui, aujourd'hui encore, sont emberlificotés à
leur insu dans ce maelstrom de péripéties et de tragédies du 20ème
siècle européen...
Tous
les personnages, des principaux aux secondaires, ont une histoire
consistante faite d'ombre et de lumière... à moins que ce ne soit
l'inverse ?! Pas de bons et pas de méchants, juste des êtres
humains ballottés par la vie et par des événements qui les
dépassent en dépit de leur volonté de faire vivre leurs rêves et
leurs principes...
Victor
Del Arbol, en général, c'est l'art du roman puzzle, et il est, là, dans "Toutes les vagues de l'océan", doublé de l'art du retournement de tendance !
Voilà
ce qu'en conclut l'un des personnages :
"Tu aurais pu être un homme bon Elías. Et j'aurais pu être bonne aussi. Nous avons fait beaucoup d'efforts, n'est-ce pas ? Nous avons supporté plus que nos enfants ne pourront jamais le comprendre. Nous avons atteint les limites de la souffrance et nous avons résisté. Mais à un moment donné nous avons perdu la boussole, nous avons quitté la route et n'avons pas su la retrouver.
Le temps des humiliations, de la justice et de la rancœur est venu. Nous serons haïs par ton fils, que j'ai tellement essayé de protéger de toi, nous serons haïs par ta fille, nous serons haïs par nos camarades de lutte, nos victimes, nous serons haïs par le temps et par l'Histoire.
(...) Car c'est cela, je le comprends maintenant, que nous avons toujours été. Pas des héros, pas des rampants. Juste des hommes et des femmes. Et nous avons vécu."
On
navigue de raisons d'Etat en raisons du cœur, de grandes idées
généreuses en mesquineries et jalousies humaines. Tout y est !
On
se régale et on médite sur la bizarrerie de la condition humaine !
Bref,
allez-y sans hésiter, même si le livre est très gros !
Et vous pouvez aussi écouter Marc, en compagnie de Françoise Jarousse, nous parler de ce livre-monument ! => http://www.divergence-fm.org/IMG/mp3/co025_150324_clairobscur_toutes_les_vagues_de_locean.mp3
"Toutes les vagues de l'océan", de Víctor Del Árbol, traduit par Claude Bleton, Actes Sud, 2015, 595p.