Texte
d'actualité traduit et reproduit pour Version Libre avec la très
amicale autorisation de l'auteur !
Empathie,
de Víctor
Del Árbol
28
août 2015
Je
ne peux pas éviter une certaine sensation d'imposture en commençant
ce billet. Parler de la souffrance d'autrui en écoutant Mozart - Symphonie n°25 -, les pages du journal furieusement froissées et jetées par terre, c'est presque un exercice de trahison.
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Je ressens souvent
quelque chose comme ça lorsque je rencontre en France ou en Espagne
des enfants et petits-enfants de ceux qui furent les protagonistes du
grand exode que nous appelons chez nous "la Retirada" [la
Retraite] et qui a jeté des centaines de milliers d'Espagnols vers
la frontière française à la fin de la Guerre Civile. Ils me
montrent des photos en noir et blanc de grands-parents et
d'arrières-grands-parents, de pères et d'oncles, de mères et de
sœurs aînées ... Aucun d'entre eux n'est plus là, et je me rends
compte de l'effort que font leurs descendants pour les maintenir
reliés à eux-mêmes en racontant ce qu'ils furent. La mémoire est
un film que nous nous passons une fois, puis que
nous nous repassons, et auquel
nous apportons chaque fois de nouveaux
détails
pour lui donner forme, elle n'est jamais inaltérable.