Ce
roman, D'un bord à l'autre, est arrivé dans mes mains grâce
au très joli et très familial Festival
du Livre de Collioure, D'une mer à
l'autre. Il a été publié au printemps 2015 dans la
collection Autres rives de Balzac Editeur, maison catalane
basée à Baixas.
Voilà
ce que nous dit la 4ème de couverture :
« Nos vies nous
appartiennent-elles ? Comment des contraintes politiques,
économiques, mises en place par la société, nous détournent de ce
que nous croyons être notre destin.
C'est à la faveur d'une mission de
restructuration imposée par la direction générale de son
entreprise que François Soler, le protagoniste D'un bord à
l'autre, voit sa vie bouleversée.
Pris dans la tourmente d'un
mandat qui va l'éloigner petit à petit de sa vie familiale et
professionnelle, ses nouvelles fonctions viendront saper les
certitudes de son quotidien. Il essaie dans un premier temps de
s'adapter, puis s'effondre et se relève. En cherchant dans un
parcours initiatique des réponses aux événements extérieurs qui
façonnent l'existence, François Soler trouve la force d'accepter sa
propre réalité en assumant finalement d'être ce qu'il est.
Illusoire liberté. Illusoire liberté
peut-être, mais qui chez Michel Arnaudiès résonnent comme une
vérité, un hommage à la Vie. »
Le
récit est du genre captivant et le style fluide et efficace. Les 143
pages se dévorent sans faim, et j'ai même été déçue que ce soit
déjà terminé ! L'histoire que nous raconte Michel Arnaudiès
est très contemporaine. Le protagoniste est un cadre d'entreprise
qui se retrouve projeté dans un processus qui le dépasse. Mais au
départ, un peu flatté d'avoir été choisi pour cette mission
« délicate », il ne remet rien du tout en question et
n'a aucun doute du bien-fondé de ce qu'on lui demande de faire.
Jusqu'au jour où les événements s'emballent et le dépassent cette
fois pour de bon ! Et alors qu'il se croyait n'être qu'un
observateur, il se retrouve au milieu de la mêlée… L'évolution
de la psychologie de ce cadre irréprochable et loyal est très bien
dépeinte par l'auteur.
Voici
quelques extraits pour la route :
p. 51La réunion était terminée. Il s'apprêtait à quitter la salle en compagnie de ses collègues quand il fut rappelé par le directeur qui l'invita à le rejoindre dans son bureau. Il le pria de s'asseoir :- Les dirigeants nationaux m'ont confié un courrier personnel vous concernant. Une copie m'était adressée, je sais donc ce qu'il contient. Je vous laisse le découvrir.En quelques phrases, on lui signifiait sa mutation. Il était immédiatement affecté à la succursale qu'il avait eu à expertiser sans aucune précision du poste qu'il pourrait y occuper. Il dut relire plusieurs fois la note pour être sûr de bien comprendre. Cela lui semblait inimaginable : comment pouvait-on ainsi disposer des gens sans aucune consultation préalable ? Il s'en indigna à haute voix. Le directeur le comprenait, lui, qui n'avait pas prévu son intégration à l'équipe. Il n'était pas question d'accepter cette décision sans une explication avec la direction générale. Il lui fallait connaître les motivations de ce courrier, ainsi que les modalités d'application. Ils convinrent ensemble que le lendemain il s'absenterait pour rejoindre son ancien poste.Dans le couloir, il s'arrêta devant le bureau de Geneviève, il était vide. Il n'en fut pas déçu et décida d'aller rejoindre Christophe chez lui. Il avait plus envie, ce soir, de retrouver un ami qu'une maîtresse. »
p. 67« Il devenait de plus en plus sensible aux émotions des uns et des autres et cette fragilité l'ébranlait. Il revenait souvent sur ses spéculations intellectuelles à la recherche d'un compromis qui lui permettrait d'être en paix avec lui-même. Il se sentait un peu perdu devant ce qui, tout à coup, lui apparaissait essentiel : à savoir la perception nouvelle d'un mode de pensée qui ne l'avait jamais effleuré. Il n'était pas sûr que son mode de fonctionnement jusqu'à ce jour ne soit pas juste et convenable, mais au même moment où il pensait cela, il savait se chercher des excuses pour justifier l'éducation, la formation que son milieu familial lui avait légué. »
« D'un
bord à l'autre », de Michel Arnaudiès. Coll. Autres Rives,
chez Balzac Editeur, 2015.
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