Tout commence avec une
chanson du groupe Morphine, « The Night », à l’ambiance
crépusculaire : « You’re the night Lilah, a little girl
lost in the woods. You’re a folk tale, the unexplainable. You’re
a bedroom story, the one that keeps the curtains closed ».(Tu
es la nuit Lilah, une petite fille perdue dans les bois. Tu es un
conte ancien, tu es l’inexplicable. Tu es un conte pour s’endormir
le soir, celui qu’on raconte quand les rideaux sont tirés).
Tout commence à Caracas en 2010 avec les
coupures d’électricité décrétées par le gouvernement qui
plongent la ville dans le noir et la transforment en un lieu étrange
et inquiétant où l’on perd tout repère. Une jeune fille, Lila,
(la Lilah de la chanson ?) a été assassinée. Un psychiatre,
Miguel Ardiles, expert auprès des tribunaux, s’occupe de cette
affaire. Mais il s’occupe également d’un écrivain en devenir,
Mathias Rye et d’un publiciste amoureux des palindromes, Pedro
Alamo. Ces trois personnages se retrouvent à l’atelier d’écriture
qu’anime Mathias. Mathias qui veut en finir avec le réalisme
magique et créer le réalisme gothique, un réalisme qui côtoie le
fantastique et l’horreur, qui soit digne de Philip K. Dick et de
James Ellroy. Mathias qui vient de commencer à écrire « La
Nuit » !
Pages
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dimanche, octobre 30, 2016
mardi, octobre 25, 2016
"Le monde est mon langage", de Alain Mabanckou (France)
C’est
parfois par son seul titre qu’un livre vous attire et suscite en
vous le besoin impérieux de le lire. Bien-sûr on peut s’exposer
ainsi à de cruelles désillusions mais quel bonheur quand le livre
répond à votre attente ! C’est ce qui s’est passé avec
« le monde est mon langage » d’Alain Mabanckou paru
début septembre.
Je dois
avouer que je ne connaissais jusque là de cet écrivain chaleureux
que son « look » résolument coloré et délibérément
optimiste. Et je sais maintenant que ce « look » rayon de
soleil est dû au « styliste congolais connu à Château-Rouge
sous le nom de « Jocelyn le Bachelor »…. figure
emblématique du milieu de la Sape, capable de convoquer Montesquieu
et Lamartine entre deux essayages ».
Au-delà
de ce détail anecdotique, ce livre est un voyage, un voyage autour
du monde et un voyage en littérature. C’est que son auteur, né à
Pointe-Noire, au Congo, vivant en Californie et écrivant en
français, est une sorte d’oiseau migrateur.
mardi, octobre 18, 2016
"Propagande" de Frigyes Karinthy (Hongrie)
Ce
recueil de cinq textes atypiques publiés dans les années trente
démonte la monstruosité des thèses fascistes et nazies et
l’horreur de la folie de la haine qui s’abat sur l’Europe.
D’une terrible actualité avec les phobies nationalistes et les
rêves totalitaires qui sont de nouveau virulents. Lire Propagande
nous alerte sur des possibles états racistes qui s’établiraient
sournoisement si nous ne réagissions pas à temps pour faire échouer
dans leur désir d’appliquer leur haine et intolérance à tout va
des partis d’extrêmes droite qui renaissent et tentent de
renouveler les bien insupportables expériences menées par Hitler et
Mussolini.
Il
faut faire face et ne pas craindre que le bruit de bottes mais aussi
le silence des pantoufles. Car l’ennemi n’est pas le migrant ou
l’émigré ou le communiste ou l’homosexuel… Mais bien celui
qui exclue et qui est indéniablement destructeur.
François
Szabó
Propagande, de Frigyes Karinthy, traduit du hongrois par Cécile A. Hodban, éd. La Part commune, 2016, 64 pages
"Katarina, le paon et le jésuite" de Drago Jančar (Slovénie)
Pour
qui aime les romans où la quête des personnages principaux et aux
tempéraments bien trempés sont moteurs. Ce roman est pour vous.
Dans un dix-huitième siècle bien loin des lumières, dans l’Europe
centrale méconnue à travers la Slovénie, la Bohème et la Bavière,
l’on découvre Katarina partie de son village slovène à travers
un pèlerinage vers Cologne et Aix la Chapelle. Entre cette femme et
ses deux amours, entre deux pouvoirs, le sabre et le goupillon, nous
retrouvons toute l’hypocrisie d’une société avec ses « vertus »
et surtout ses peurs.
Le
moyen âge n’est pas loin et l’émancipation des personnes n’est
pas du tout d’actualité, fresque historique et intime « Katarina,
le paon et le jésuite » est un plaidoyer pour une liberté
qu’il faut toujours chérir, défendre et toujours réinventer car
jamais acquise.
Un
roman salvateur d’un romancier brillant et reconnu qui nous
entraîne dans un voyage initiatique avec un grand message d’amour
pour l’humanité.
François
Szabó
Katarina, le paon et le jésuite, de Drago Jancar, traduit du slovène par Antonia Bernard, Libretto, 2016, 564 pages
samedi, octobre 15, 2016
"El silencio de los pájaros" d’Horacio Cavallo (Uruguay)
Recueil
de nouvelles d'Urugay ! Lecture recommandée par Antonio Borrell alias Antoine Barral, donc article publié également sur le blog Les Lettres de mon Trapiche !
Un
jeune homme et son père reviennent au village en 2CV. Le voyage est
l’occasion pour le jeune homme de faire réémerger plein de
souvenirs...
Nelly,
une couturière obèse travaille chez elle, vit dans une grande
solitude, jusqu’au jour où elle se met à recevoir des lettres
d’un mystérieux voisin qui se (sur?)nomme Botero…
Des
musiciens en tournée, un aveugle, deux enfants sur son chemin…
Un
grand-père emmène son petit fils à la plage, ils font une étrange
pêche…
mardi, octobre 11, 2016
"Up in the old hotel and other stories" de Joseph Mitchell (USA)
These
collected stories by Joseph Mitchell are the best way for us to try
to understand the American myth, the American dream and disillusion.
Life is a little crazy thing and Mitchell’s art is to make with
words pictures of women and men like they live with all the strength
and kindness for them.
Authors
like Paul Auster, Henry Roth and Philipp Roth have, maybe not maybe
yes, it depends, the same feeling about Big Apple but like him a huge
imagination and art to make us wonder.
Mitchell
works on short stories like an entomologist or like a surgeon, he
cuts when it’s most efficient to cut, he tells us a sensational
truth and lead us in the labyrinth near of the limits of madness or
strange very strange world. It’s a cult book! And it’s more than
interesting to read it, it’s a travel on the human consciousness
and a goal of the life with at the end of the book Joe Gould’s
secret we find truly like a Borges’ story!
"Ce qui nous sépare" d'Anne Collongues (France)
J'ai
découvert le premier roman d'Anne Collongues, une jeune femme
photographe de 30 ans. Paru chez Actes Sud en 2016.
Il
s'agit d'une galerie de portraits de personnages qui ont en commun de
tous se trouver, un soir d'hiver, dans le même RER.
Ce
sont sept personnages ordinaires, trois femmes et quatre hommes, qui
n'ont a priori pas grand-chose en commun si ce n'est le fait de se
trouver au même moment dans un RER qui va de Paris vers la banlieue
nord-ouest. Chacun-e se perd dans ses pensées et mène ses
réflexions au rythme des mouvements du RER.
Ils
semblent distants les uns des autres, chacun-e dans sa bulle :