Aujourd’hui,
François nous parle de trois romans venus du nord ! Et voici ce
que l’éditeur français, Le Tripode, dit de cet auteur estonien :
« Andrus
Kivirähk est un écrivain estonien né en 1970 à Tallinn. Phénomène
littéraire dans son pays, journaliste et essayiste, son œuvre
importante suscite l’enthousiasme d’un très large public
qui raffole de ses histoires. Il écrit des romans et des nouvelles,
des pièces de théâtres, des textes et des scénarios de films
d’animation pour enfants. »
Traduit
de l’estonien par Jean Pascal Ollivry (éditions Le Tripode, 2017.
136 p.)
La
vie telle une comédie dramatique, où l’émotion exacerbée, dans
ce Théâtre « Estonia », vies fragiles et éphémères,
amours et amitiés et cette grâce qu’incarne le papillon à
butiner, à charmer, et trouver du sens face à l’absurdité d’un
monde sourd et aveugle. Une sorte de théâtre du monde, où le
narrateur danse et est entraîné par le mouvement, par l’envoûtement
d’une femme nommée Erika. Vie d’artiste, vie qui largue les
amarres, vie folle et passionnée. Andrus Kivirähk compose ici une
fable, mais sans morale finale. Si ce n’est que rôde ce menaçant
chien gris aux yeux jaunes et que le danger revient inlassablement.
Premier
roman, fort d’une atmosphère de soif d’idéal, de fraternité et
de partage avec des scènes émouvantes dans ce que le théâtre peut
offrir de meilleur comme exaltation.
Traduit
de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier (édition le Tripode, 2013.
440p.)
L’Homme
qui savait la langue des serpents représente un tour de force
littéraire, un roman qui nous entraîne dans une langue
étrange-étrangère, une plongée dans un monde tenant du
fantastique et trace avec précision la démence de soi-disant sages
qui fous de certaines superstitions en deviennent des monstres. C’est
aussi, dans ce monde clos qui finit et l’attirance d’un nouveau
monde, de nouvelles croyances, un hymne à l’amitié et l’amour,
malgré la cruauté fatale des hommes trop pleins de certitudes. Ce
livre-univers, qui débute dans une cadence lente et qui nous mènera
dans un tourbillon au tempo de folie, amène à réfléchir sur
l’humanité qui est si souvent si frustre, cruelle et stupide.
C’est une nostalgie de l’enfance sous-tendue et de l’immense
solitude à être non consolable.
Les
groseilles de novembre est un livre qui regorge de vie et de
malice, où chacun compose avec le vieux païen, suppôt de Satan,
avec des Kratts, créatures de bric et de broc relevant plutôt du
fantastique et de la sorcellerie, dans un village estonien presque
intemporel, habité par les rêves et les déboires d’habitants
fourbes ou généreux, parfois cupides et revanchards.
Le
livre est astucieusement découpé en trente journées du mois entier
de novembre et apparaît ainsi bien comme une chronique. Mais quelle
chronique ! Le fantastique et l’imaginaire y sont invités
d’honneur, dans ces contrées où le Kalevipoeg (mythe
fondateur des estoniens) est vraiment bien vivace.
La
lecture est ici jubilatoire avec des personnages surprenants, dans
des situations cocasses, et l’on garde longtemps l’amère douceur
acidulée de groseille simulant quelques gouttes de sang.
On
ne tarira pas d’éloge sur la version française du traducteur
Antoine Chalvin qui nous permet de lire les péripéties burlesques
ou dramatiques si terriblement humaines ainsi qu’une plongée dans
un monde méconnu qui mérite vraiment la découverte.
François
Szabó
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