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lundi, septembre 25, 2017

"Après l’hiver" de Guadalupe Nettel (Mexique)

J’en ai parlé hier samedi, lors de la première réunion des Collecteurs saison 3 ! Je ne l’avais pas encore terminé, mais c’est désormais chose faite…
Alors, voilà ce qu’en dit l’éditeur :
"Claudio, exilé cubain de New York, a une seule passion : éviter les passions. Cecilia est une jeune Mexicaine mélancolique installée à Paris, vaguement étudiante, vaguement éprise de son voisin, mais complètement solitaire. Chapitre après chapitre, leurs voix singulières s’entremêlent et invitent le lecteur à les saisir dans tout ce qui fait leur être au monde : goûts, petites névroses, passé obsédant. Chacun d’eux traîne des deuils, des blessures, des ruptures. Lorsque le hasard les fait se rencontrer à Paris, nous attendons, haletants, de savoir si ces êtres de mots et de douleurs parviendront à s’aimer au-delà de leurs contradictions.

En plaçant le lecteur au cœur du dispositif narratif et sentimental, Guadalupe Nettel nourrit une proximité et un attachement sans pareils à ses personnages. Poursuivant ses obsessions littéraires pour les marges, les êtres bancals et leurs destins étranges, l’auteur s’affirme, avec ce roman acclamé, comme une figure incontournable et absolument originale des lettres latino-américaines."
Merci à Waldeck Moreau de la micro-librairie Du Fil à Retordre de Villeneuve les Maguelone pour m’avoir donné envie de découvrir ce livre et cette auteure.
Ce que j’ai aimé, c’est le tour imprévisible que prend le récit… Chaque narrateur suit sa route et se prend les pieds dans le tapis des contrariétés qui se mettent en travers du chemin. La deuxième partie m’a entraînée là où je ne pensais pas du tout aller en commençant ce roman… Pour tout dire, la fin m’a laissée un peu anéantie !

Laurence Holvoet

Quelques bribes...
« Les gens étaient pressés. J’étais intriguée par le rythme frénétique de leur pas, si différent du mien, car le plus souvent je n’avais aucune destination. Nul doute qu’ils avaient tous un objectifs dans la vie, et je finissais donc par me demander comment j’avais fait pour demeurer extérieure à ces dynamiques. C’est comme si les personnes qui m’entouraient étaient en possession d’une information qu’on ne m’avait pas communiquée ou si, à un moment de leur vie, quelqu’un leur avait révélé un secret que j’ignorais, moi. C’était aussi simple que ça : ils savaient ce qu’ils faisaient dans ce monde, moi non. Ils étaient les protagonistes d’une histoire passionnante ou ridicule – tout vie est l’un et l’autre – tandis que j’étais la spectatrice d’un film dont je ne me rappelais pas le début. » (Cecilia p.69)




« Une combinaison de Prozac et de Xanax : voilà le secret de son inébranlable impassibilité, et je ne pouvais qu’être reconnaissant à la pharmacologie moderne d’avoir inventé la recette de la femme qui correspondait à mon tempérament. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, découvrir que chez elle cette impassibilité n’était pas naturelle mais induite ne m’a pas déçu le moins du monde. Je dirais même qu’il s’est passé le contraire. Une réaction chimique due aux médicaments est bien plus fiable qu’un comportement fondé sur les circonstances de la vie, imprévisibles par définition. » (Claudio p.101)




« J’ai découvert combien il est utile d’avancer dans la vie le sourire aux lèvres : les gens sont moins méfiants et se comportent de façon plus aimable. J’ai découvert la sensation enivrante de savoir qu’il y a quelqu’un, même à l’autre bout du monde, qui pense à vous avec amour et qui vous désire. J’ai découvert que quelques lignes écrites avaient un pouvoir immense et aussi – malheureusement – que ce pouvoir cessait si ces lignes ne se renouvelaient pas. » (Cecilia p. 126)




« Le message de Claudio, ces lignes aussi limpides qu’inattendues, qui exprimaient avec sincérité sa joie de m’avoir rencontrée, ont eu un effet semblable. Elles soulignaient le manque d’échanges entre Tom et moi, notre long silence. Attendre quelqu’un, du moins de cette façon, revient à gommer sa propre existence, à l’hypothéquer pour un temps indéterminé, à la troquer contre un conditionnel absurde. Être obsédé par quelqu’un qui a choisi de ne pas être là, c’est faire don de minutes, d’heures, de jours entiers de notre vie à quelqu’un qui n’a rien demandé et qui n’en veut pas ; c’est condamner ces minutes, ces heures et ces jours aux limbes du temps perdu, de l’inutile ; c’est ignorer les infinies possibilités que ce temps nous offre et y renoncer pour la pire des options : la frustration et la souffrance. Déconcertée, j’ai relu deux fois le message. D’un coup, comme cela paraissait facile de s’asseoir, d’écrire quelques mots aimables et de me remercier pour notre rencontre. Et comme il était triste que Tom ne puisse faire un tel geste – quelles que soient ses raisons. » (Cecilia p. 152)



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