J’en
ai parlé hier samedi, lors de la première réunion des Collecteurs
saison 3 ! Je ne l’avais pas encore terminé, mais c’est
désormais chose faite…
Alors,
voilà ce
qu’en dit l’éditeur :
"Claudio, exilé cubain de New York, a une seule passion : éviter les passions. Cecilia est une jeune Mexicaine mélancolique installée à Paris, vaguement étudiante, vaguement éprise de son voisin, mais complètement solitaire. Chapitre après chapitre, leurs voix singulières s’entremêlent et invitent le lecteur à les saisir dans tout ce qui fait leur être au monde : goûts, petites névroses, passé obsédant. Chacun d’eux traîne des deuils, des blessures, des ruptures. Lorsque le hasard les fait se rencontrer à Paris, nous attendons, haletants, de savoir si ces êtres de mots et de douleurs parviendront à s’aimer au-delà de leurs contradictions.
En plaçant le lecteur au cœur du dispositif narratif et sentimental, Guadalupe Nettel nourrit une proximité et un attachement sans pareils à ses personnages. Poursuivant ses obsessions littéraires pour les marges, les êtres bancals et leurs destins étranges, l’auteur s’affirme, avec ce roman acclamé, comme une figure incontournable et absolument originale des lettres latino-américaines."
Merci
à Waldeck
Moreau de la micro-librairie Du Fil à Retordre de Villeneuve les
Maguelone pour m’avoir donné envie de découvrir ce livre et
cette auteure.
Ce
que j’ai aimé, c’est le tour imprévisible que prend le récit…
Chaque narrateur suit sa route et se prend les pieds dans le tapis
des contrariétés qui se mettent en travers du chemin. La deuxième
partie m’a entraînée là où je ne pensais pas du tout aller en
commençant ce roman… Pour tout dire, la fin m’a laissée un peu
anéantie !
Laurence Holvoet
Laurence Holvoet
Quelques bribes...
« Les
gens étaient pressés. J’étais intriguée par le rythme
frénétique de leur pas, si différent du mien, car le plus souvent
je n’avais aucune destination. Nul doute qu’ils avaient tous un
objectifs dans la vie, et je finissais donc par me demander comment
j’avais fait pour demeurer extérieure à ces dynamiques. C’est
comme si les personnes qui m’entouraient étaient en possession
d’une information qu’on ne m’avait pas communiquée ou si, à
un moment de leur vie, quelqu’un leur avait révélé un secret que
j’ignorais, moi. C’était aussi simple que ça : ils
savaient ce qu’ils faisaient dans ce monde, moi non. Ils étaient
les protagonistes d’une histoire passionnante ou ridicule – tout
vie est l’un et l’autre – tandis que j’étais la spectatrice
d’un film dont je ne me rappelais pas le début. » (Cecilia
p.69)
« Une
combinaison de Prozac et de Xanax : voilà le secret de son
inébranlable impassibilité, et je ne pouvais qu’être
reconnaissant à la pharmacologie moderne d’avoir inventé la
recette de la femme qui correspondait à mon tempérament.
Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, découvrir que
chez elle cette impassibilité n’était pas naturelle mais induite
ne m’a pas déçu le moins du monde. Je dirais même qu’il s’est
passé le contraire. Une réaction chimique due aux médicaments est
bien plus fiable qu’un comportement fondé sur les circonstances de
la vie, imprévisibles par définition. » (Claudio p.101)
« J’ai
découvert combien il est utile d’avancer dans la vie le sourire
aux lèvres : les gens sont moins méfiants et se comportent de
façon plus aimable. J’ai découvert la sensation enivrante de
savoir qu’il y a quelqu’un, même à l’autre bout du monde, qui
pense à vous avec amour et qui vous désire. J’ai découvert que
quelques lignes écrites avaient un pouvoir immense et aussi –
malheureusement – que ce pouvoir cessait si ces lignes ne se
renouvelaient pas. » (Cecilia p. 126)
« Le
message de Claudio, ces lignes aussi limpides qu’inattendues, qui
exprimaient avec sincérité sa joie de m’avoir rencontrée, ont eu
un effet semblable. Elles soulignaient le manque d’échanges entre
Tom et moi, notre long silence. Attendre quelqu’un, du moins de
cette façon, revient à gommer sa propre existence, à l’hypothéquer
pour un temps indéterminé, à la troquer contre un conditionnel
absurde. Être obsédé par quelqu’un qui a choisi de ne pas être
là, c’est faire don de minutes, d’heures, de jours entiers de
notre vie à quelqu’un qui n’a rien demandé et qui n’en veut
pas ; c’est condamner ces minutes, ces heures et ces jours aux
limbes du temps perdu, de l’inutile ; c’est ignorer les
infinies possibilités que ce temps nous offre et y renoncer pour la
pire des options : la frustration et la souffrance. Déconcertée,
j’ai relu deux fois le message. D’un coup, comme cela paraissait
facile de s’asseoir, d’écrire quelques mots aimables et de me
remercier pour notre rencontre. Et comme il était triste que Tom ne
puisse faire un tel geste – quelles que soient ses raisons. »
(Cecilia p. 152)
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