Pour
commencer l’année, c’est Pierre qui ouvre le bal avec ‘N’oublie
pas Irma’ d’Hélène Honnorat, la dernière parution d’une
petite maison d’édition qu’on aime bien chez Les Collecteurs !
Voici ce qu’il en dit
« Hélène
Honnorat, l’auteur, pourrait être une romancière américaine,
elle a tout pratiqué, parachutisme sportif, chute libre, plus de 600
sauts, l’écriture d’une série télévisée, des séjours d’une
dizaine d’années au Sri Lanka, Indonésie ou Malaisie. Elle publie
aujourd’hui ce livre qu’aimeront tous ceux qui s’intéressent
à l’Asie et à l’histoire contemporaine.
Le
personnage central est Léo, un Français qui travaille en Indonésie,
au centre culturel français de Jakarta. Il a deux amours, cette
ville justement et puis ses habitants, tout particulièrement une
Indonésienne d’origine chinoise, Irma.
Sous
couvert de roman policier, le récit n’est pas un simple whodunit,
il ne s’agit pas tout à fait de trouver « Qui
a tué Meng, l’artisan chinois à Jakarta, et beau-frère d’Irma
», mais plutôt
« Qu’est-ce qui l’a tué ? ».
Rentrer progressivement dans les méandres, hésitations, dilemmes
des personnages. Ils sont nombreux, pourtant tous bien caractérisés,
y compris la Japonaise régulièrement douchée au jet par le
chauffeur quand elle rentre au garage. La plupart sont indonésiens,
un mélange qui reste à déterminer, à tout instant, cocktail de
sinité, d’Islam, d’animisme, de mise à distance.
On
serait du côté de Le Carré, pas de James Bond, s’il s’agissait
d’espionnage. Ce qui n’est pas le cas à première vue,
cependant... en toile de fond apparaît bien un affrontement entre
États, le combat à mort entre la Chine maoïste et l’Indonésie
anti-communiste et anti-athéiste. Autrement dit, la guerre froide
qui culmina par un « massacre
de masse du XXe siècle »
oublié, au moins un demi-million de tués en 1965 – donc 30 ans
avant ce récit. Récit dont une autre qualité est le style. Voici
par exemple un portrait : « Je
l’avais toujours comparée à une sorte de crevette translucide,
affairée, muette, pattes et antennes en mouvement… J’ai
l’impression que sa carapace s’est durcie. Elle a fait place
nette... ».
–Tu
vas enlever ta robe, demande Léo à Irma.
Celle-ci
est poursuivie, elle appelle à l’aide depuis une cabine
téléphonique. La demande de Léo la choque, mais elle comprend.
Enlever la robe, c’est pour la tourner de l’autre côté.
N’oublie pas Irma est un polar à l’envers. »
Pierre
Beautemps
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