S’il fallait définir d’un mot le style de Joëlle Lafaye, je dirais « fluidité », et c’est un sacré compliment, à l’heure où triomphe parfois ailleurs un certain charabia (syntaxe bancale, coquilles non corrigées, etc.) « Fluidité », cela ne connote nullement la platitude, mais bien plutôt l’élégance, la limpidité ; l’aisance dans les enchaînements des phrases, des scènes, des péripéties, des chapitres ; la maîtrise du style indirect libre. « Bas bruit », le titre, pourrait ainsi se référer à la fois à l’intrigue – l’effondrement progressif d’un personnage dont un secret de famille va saper les racines – et à sa mise en scène : pas de fracas, rien de tonitruant, juste un effritement… et les surprises qui l’accompagnent.
Le héros, Renaud Bradier, est habitué à tout contrôler : son cadre de vie, ses relations, lui-même. « Un pinailleur de première », comme dit le menuisier qu’il a chargé de construire une mezzanine ! Dans sa raideur, il n’est pas particulièrement sympathique. Mais le lecteur va le suivre, de gré ou de force, voire même éprouver pour lui de l’admiration quand cette raideur se transforme en rigueur, appliquée à lui-même.