Parmi
les auteurs ibériques
que nous aurons le plaisir de rencontrer pendant la 30ème édition
de la Comédie du Livre, se nichent plusieurs talents méconnus, dont
celui d'Aníbal Malvar, journaliste et écrivain de Galice, dont un seul des dix
ouvrages qu'il a déjà publiés outre Pyrénées a – brillamment !
- été traduit en français par Hélène Serrano.
"La Ballade des misérables", paru chez Asphalte en 2014, est
une surprenante plongée tout à la fois lyrique et réaliste dans
l'univers invisible - et pourtant partout présent - des laissés
pour compte de notre société occidentale. La Ballade est chantée
par une multitude de voix qui toutes, progressivement nous entraînent
dans les méandres d'une enquête portant sur la disparition
d'enfants gitans en plein Madrid d'aujourd'hui. Toute la misère,
toute la violence, toute la médiocrité, toutes les odeurs du sang,
de la boue, des ordures et de la merde sont évoquées sans détour
mais sans drame non plus. Il en ressort un texte terriblement
poétique, efficace et contemporain...
À
découvrir ! Ça ne ressemble à rien, c'est beau, et ça
éclaire d'un regard plein d'humanité des franges de notre société
que l'on cherche d'habitude plutôt à cacher sous un voile
(im)pudique...
Pour
y goûter :
"La foule s'est avancée, pas
à pas, de quelques mètres. D'abord en silence, puis avec des cris
qui semblaient s'écouler de ses yeux, oreilles et bouches, comme si
le corps humain était une source inépuisable, et il l'est, de
bruits et de voix. La foule s'est tellement avancée qu'elle a
renversé les tourniquets de contrôle. Puis elle a soulevé les
gardiens à bout de bras comme des pantins et les a lancés au
plafond, leur a tordu le cou, les bras et les jambes comme si elle
voulait vérifier que le corps humain était bien fait de morceaux
tenus par des ressorts. Elle a piétiné des yeux, des nez et de
tendres organes génitaux. Elle a cassé des vitres et du mobilier et
surtout elle a crié, crié choralement, entonnant une symphonie
compliquée de hauts, de bas et de rauques, une symphonie contenant
tous les sons, une symphonie dont la beauté aurait enthousiasmé
Stravinski un soir de cuite. La foule est passée par dessus son
propre tapis de cadavres et a entrepris de monter l'escalier, sans se
lasser de son propre vacarme, jusqu'au sixième étage d'où l'on
voit tout Madrid. Sixième étage que protégeait, comme le
rez-de-chaussée, une poignée d'agents de sécurité quasi
prématurés."
Marc Ossorguine nous en parle lui aussi en bien sur son blog !
Pour
en parler ensemble et faire plus ample connaissance avec l'auteur,
rendez-vous, sur réservation, samedi 30 mai 2015 à 10h30 à la Gazette Café
(6 rue Levat) à Montpellier !
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