mercredi, mai 27, 2015

"La Ballade des misérables" de Aníbal Malvar

Parmi les auteurs ibériques que nous aurons le plaisir de rencontrer pendant la 30ème édition de la Comédie du Livre, se nichent plusieurs talents méconnus, dont celui d'Aníbal Malvar, journaliste et écrivain de Galice, dont un seul des dix ouvrages qu'il a déjà publiés outre Pyrénées a – brillamment ! - été traduit en français par Hélène Serrano.





"La Ballade des misérables", paru chez Asphalte en 2014, est une surprenante plongée tout à la fois lyrique et réaliste dans l'univers invisible - et pourtant partout présent - des laissés pour compte de notre société occidentale. La Ballade est chantée par une multitude de voix qui toutes, progressivement nous entraînent dans les méandres d'une enquête portant sur la disparition d'enfants gitans en plein Madrid d'aujourd'hui. Toute la misère, toute la violence, toute la médiocrité, toutes les odeurs du sang, de la boue, des ordures et de la merde sont évoquées sans détour mais sans drame non plus. Il en ressort un texte terriblement poétique, efficace et contemporain...
À découvrir ! Ça ne ressemble à rien, c'est beau, et ça éclaire d'un regard plein d'humanité des franges de notre société que l'on cherche d'habitude plutôt à cacher sous un voile (im)pudique...
Pour y goûter :
"La foule s'est avancée, pas à pas, de quelques mètres. D'abord en silence, puis avec des cris qui semblaient s'écouler de ses yeux, oreilles et bouches, comme si le corps humain était une source inépuisable, et il l'est, de bruits et de voix. La foule s'est tellement avancée qu'elle a renversé les tourniquets de contrôle. Puis elle a soulevé les gardiens à bout de bras comme des pantins et les a lancés au plafond, leur a tordu le cou, les bras et les jambes comme si elle voulait vérifier que le corps humain était bien fait de morceaux tenus par des ressorts. Elle a piétiné des yeux, des nez et de tendres organes génitaux. Elle a cassé des vitres et du mobilier et surtout elle a crié, crié choralement, entonnant une symphonie compliquée de hauts, de bas et de rauques, une symphonie contenant tous les sons, une symphonie dont la beauté aurait enthousiasmé Stravinski un soir de cuite. La foule est passée par dessus son propre tapis de cadavres et a entrepris de monter l'escalier, sans se lasser de son propre vacarme, jusqu'au sixième étage d'où l'on voit tout Madrid. Sixième étage que protégeait, comme le rez-de-chaussée, une poignée d'agents de sécurité quasi prématurés."

Marc Ossorguine nous en parle lui aussi en bien sur son blog !
Pour en parler ensemble et faire plus ample connaissance avec l'auteur, rendez-vous, sur réservation, samedi 30 mai 2015 à 10h30 à la Gazette Café (6 rue Levat) à Montpellier !



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