mercredi, janvier 29, 2014

34 cuentos cortos y un gatopájaro


Extractos de

34 cuentos cortos y un gatopájaro

de Evelio Rosero

Destiempo Libros SAS (Bogotá,Colombia), 2013


traducidos por Laurence Holvoet




"34 cuentos cortos y un gatopájaro, comme son titre l'indique, est un recueil de contes très courts - quelques lignes - très récréatif, jouant beaucoup avec les mots et les images. Ce sont des quasi-instantanés, des scénettes cinématographiques et parfois surréalistes... Cette lecture est susceptible de plaire autant aux adultes qu'aux enfants ! La version française n'existant pas, c'est pour partager cette lecture avec mes enfants que l'envie de traduire quelques-uns de ces contes m'a saisie et que je ne lui ai pas résisté !"
Laurence Holvoet

Página 39


A la deriva

"Encontró en el bosque a un niño de once años que le dijo que en la realidad no era un niño de once años y tampoco un niño sino una niña de quince años y que no estaban en un bosque sino en un valle y que ella nunca había sido encontrada por él sino que ella lo había encontrado a él con el único deseo de explicarle que no era un niño de once años en el bosque y que aquello no era un bosque sino un valle y que lo mejor que podían hacer era caminar tomados de la mano hasta un bosque para entonces acabar de comprenderse o comprender que a lo mejor él tampoco era él sino era otro y que bien pudiera suceder que ninguno de los dos supiera a qué atenerse frente a un autor que huye inmobíl en la calle bajo esta lluvia dura y permanente."



A la dérive

"Il rencontra dans la forêt un enfant de onze ans qui lui dit qu'en réalité il n'était pas un enfant de onze ans et pas non plus un enfant mais une enfant de quinze ans et qu'ils n'étaient pas dans une forêt mais dans une vallée et qu'elle n'avait jamais été rencontrée par lui mais qu'elle l'avait rencontré elle dans l'unique but de lui dire qu'elle n'était pas un enfant de onze ans dans une forêt et que ce n'était pas une forêt mais une vallée et que le mieux qu'ils pouvaient faire c'était de se prendre par la main pour marcher jusqu'à une forêt pour alors enfin se comprendre ou au moins comprendre que lui non plus n'était pas lui et qu'il était un autre et qu'il pourrait bien arriver qu'aucun des deux ne sache à quoi s'en tenir face à un auteur qui fuit immobile dans la rue sous cette pluie dure et permanente."


Página 43


Una muerte

"Se sentó a escribir frente a la mesa cuando, de súbito, alguien abrió la puerta del aposento. Miró un personaje inverosimíl, que vestía un largo abrigo de piel, un anciano de mirada brillante y sonrisa desdentada, apuntándolo a él con un arma de fuego, luminosa y fría. Se trataba de un personaje inédito. Lo miró apuntar cuidadosamente y lo escuchó decir: “Abre bien los ojos, esto no es un cuento".



Une mort

"Il s'assit devant la table pour écrire lorsque, tout à coup, quelqu'un ouvrit la porte de l'appartement. Il vit un personnage extravagant, vêtu d'un grand manteau de cuir, un vieux au regard brillant et au sourire édenté, qui le tenait en joue avec une arme à feu luisante et froide. C'était un personnage inédit. Il le regarda le viser soigneusement et il l'entendit lui dire : « Ouvre bien les yeux, ceci n'est pas une histoire".



Página 45


Otra muerte

Cada noche lo escuchábamos hablar en la cocina. La última noche detuvo intempestivo un relato de duendes para preguntarnos qué sucedería si al despertar no nos encontráramos en el mismo sitio de siempre.
-Sería extraño, o risible -dijo-, despertar en algún paraje remoto, donde solamente nos rodeara lo inesperado. Pero puede ocurrir -añadió bostezando, resignado o indiferente-, que despertáramos como todas las mañanas: un idéntico rincón entre cuatro paredes, los mismos rostros saludándonos. Ambas situaciones son deplorables -finalizó, despidiéndose.
Al día siguiente no despertó.



Une autre mort

Chaque soir nous l'écoutions parler dans la cuisine. Le dernier soir, il interrompit sans prévenir une histoire de lutins pour nous demander ce qui arriverait si à notre réveil nous n'étions pas là où nous sommes toujours.
  • Ce serait étrange ou amusant, dit-il, de se réveiller dans un endroit reculé, où nous ne serions entourés que de choses étranges. Mais il peut arriver, ajouta-t-il en baillant, résigné et indifférent, que nous nous réveillions comme chaque matin : au même endroit entre quatre murs, avec les mêmes têtes pour nous saluer. Ces deux alternatives sont désolantes, conclut-il en nous saluant.
Le jour suivant, il ne se réveilla pas.

 
NB : Nos tentatives d'entrée en contact avec l'éditeur Destiempo Libros afin d'obtenir l'autorisation formelle de la traduction des extraits en français de ces trois contes ayant échoué, nous les publions en nous engageant à les retirer si le détenteur des droits se manifestait en ce sens. 

Pour en savoir plus sur le travail de traduction de Laurence Holvoet, consultez son site :
http://laurencehtrad.canalblog.com/ 

dimanche, janvier 19, 2014

Roberto Bolaño, 2666

Roberto Bolaño est un poète et romancier chilien, né en 1953 à Santiago et mort en 2003 à Barcelone (à l'âge de 50 ans). Avant 2666, il a écrit notamment Les détectives sauvages. Il fait partie des plus grands auteurs latino-américains contemporains.


2666 : le titre évoque un chiffre satanique ou maudit, à l'image du Mexique d'aujourd'hui, selon la vision de Bolaño.



Quand il est décédé en 2003, Roberto Bolaño avait pratiquement achevé ce roman. Celui-ci est découpé en cinq parties. A l'origine l'auteur avait prévu de faire éditer un volume pour chaque partie. Mais les éditeurs ont décidé de le publier en un seul volume : dans cette édition, il fait 1353 pages.
Chaque partie est relatée par un narrateur différent et écrite dans un style très différent. Dans la première partie, quatre chercheurs européens font connaissance : chacun d'eux s'intéresse à un auteur allemand dont le pseudo est Archimboldi. Or cet auteur a disparu, on a perdu sa trace, personne ne sait où il vit. Mais un jour ils apprennent qu'il vivrait dans le nord du Mexique, dans l'Etat du Sonora, plus précisément dans la ville (imaginaire) de Santa Teresa. Ils vont donc partir là-bas pour tenter de le trouver.
La deuxième partie raconte l'histoire de l'homme qui les accompagne et les guide dans leur recherche, nommé Amalfitano : écrivain et philosophe chilien, universitaire exilé à Santa Teresa, au bord de la folie, vivant seul avec sa fille Rosa.
La troisième est racontée du point de vue d'un journaliste afro-américain, Fate, qui est à Santa Teresa pour 2-3 jours, le temps de faire un reportage sur un match de boxe. Or il va apprendre par hasard (tout comme les personnages principaux de la première et de la deuxième partie du roman) que dans cette ville de Santa Teresa ont lieu depuis 1993 de nombreux meurtres de jeunes filles et de femmes. C'est ce fait qui relie toutes les parties du roman.
Dans la quatrième partie sont décrits (de façon détaillée) tous les meurtres de femmes qui ont eu lieu, les enquêtes qui ont été menées, les prétendus coupables débusqués et emprisonnés.
Mais les meurtres continuent...
On retrouve dans ce roman les thèmes de prédilection de Bolaño : la place de l'écrivain, l’art face au Mal, l’errance, les désordres de l’Histoire.
Nous sommes face à un roman foisonnant, mêlant les genres (roman noir, science-fiction, style journalistique, fantas­tique, conte...), avec une infinité de personnages, de lieux, de temps, et une multiplicité de thèmes.
Bolaño nous invite à vivre une belle expérience littéraire. Alors accrochez-vous bien, attachez vos ceintures, soyez prêts à embarquer pour une autre dimension. Vous ne le regretterez pas.


«- Je suis journaliste, comme je vous l'ai dit, dit Guadalupe Roncal. Je travaille dans l'un des grands quotidiens de Mexico. Et si j'ai pris une chambre dans cet hôtel, c'est par peur.
- Peur de quoi ? dit Fate.
- Peur de tout. Lorsqu’on travaille sur quelque chose en rapport avec les assassinats de femmes à Santa Teresa, on finit par avoir peur de tout. Peur qu'on vous frappe. Peur d'un enlèvement. Peur de la torture. Evidemment avec l'expérience, la peur s'atténue. Mais moi je n'ai pas d'expérience. Je manque d'expérience. Je souffre du manque d'expérience. Et même, si l'expression existait, on pourrait dire que je suis ici en tant que journaliste secrète. Je sais tout à propos des assassinats. Mais dans le fond, je n'ai aucune expérience du sujet. Je veux dire que, jusqu'à il y a une semaine, ce n'était pas mon sujet. Je n'étais pas au courant, je n'avais rien écrit à ce sujet, et d'un coup, sans que je m'y attende ni que je le demande, on a posé sur ma table le dossier des mortes, et on m'a donné l'affaire. Vous voulez savoir pourquoi ?
Fate aquiesça de la tête.
- Parce que je suis une femme et que nous les femmes nous ne pouvons pas refuser une mission. Evidemment, moi je savais déjà quel avait été le destin ou la fin de mon prédécesseur. Tous dans le journal, nous le savions. L'affaire avait fait du bruit, et peut-être êtes-vous au courant.
Fate fit non de la tête.
- On l'a tué, bien sûr. Il a fouiné un peu trop dans l'affaire et on l'a tué. »

Rachel Mihault

2666, Roberto Bolaño, Folio, 2004

lundi, janvier 06, 2014

Bonne année 2014


Nous vous souhaitons à tous
une très bonne année !

Feliz año 2014
a todos nuestros lectores

Retrouvons-nous bientôt :
prochain rendez-vous le samedi 25 janvier à 10h