Les livres sont
parfois comme les amers dont parle Sylvain Prudhomme dans « Par les routes », des
points de repère, des lumières qui éclairent notre chemin. Pas
forcément de très grands livres, mais qui ont quelque chose de
particulier et qui nous touchent. Pourquoi celui-là ? Peut-être
parce que dès le début il nous dit, évoquant Flaubert, qu’il
écrit « pour restituer la mélancolie des paquebots »
(p58).
Mélancolie de
l’écoulement lent de la vie, de l’impossibilité de se fixer
pour l’auto-stoppeur qui a besoin de partir, « c’est
nécessaire à mon équilibre. Si je reste trop longtemps sans
partir, j’étouffe. » (p75) « Il aimait les autoroutes,
la glissade des autoroutes » (p108). Alors il part, laisse
Marie sa compagne et son petit garçon Agustín, sillonne la France
d’abord sur les grands axes, puis sur les petites routes,
traversant des villages aux noms improbables. Il envoie des cartes
postales, revient pour mieux repartir encore. Et telle une étoile
filante il finit par disparaître. Mais il est peut-être toujours là
dans le ciel, tel Orion, veillant sur ceux qu’il aime.