Ahmed Tiab est un auteur franco-algérien. Il a publié plusieurs polars aux éditions de l’Aube.
Ce nouveau roman n’est pas un polar, mais un douloureux voyage géographique et historique :
Au départ, on ne sait pas dans quelle ville on se trouve. Un narrateur un peu désabusé nous décrit les personnes présentes autour de lui dans le tramway : le chauffeur dans sa bulle qui semble selon lui désireux de ne surtout pas être abordé, puis les passagers (un vieil homme à qui il ne rend pas son salut, un écolier encore à moitié assoupi, une femme dont les vêtements sentent fort les épices mélangées, une jeune fille qui sent le parfum de prix,…).
Puis nous comprenons que nous ne sommes pas dans une ville occidentale, mais dans une ville de l’Algérie d’aujourd’hui. Au fil des stations, le narrateur continue d’observer les gens et les paysages et donne à voir différentes facettes de son pays. Il pose un regard critique sur le nouvel urbanisme d’une ville qui, selon lui, a perdu son âme :
« Toujours ce bruit métallique ponctué par la sonnerie nasillarde de la commande des portières. Le tram longe une large avenue tracée au cordeau dans les nouveaux quartiers, à l’est. Les urbanistes ont abattu les grands eucalyptus, les platanes centenaires, et rasé la garrigue odorante pour ouvrir de grandes voies et dessiner une nouvelle ville de béton. Une protubérance sans âme, sans aucun lien avec ce que fut son illustre point d’origine. Une succession de barres d’immeubles chargées de contenir l’affolement démographique, entrecoupées de mosquées somptueuses, offertes, dit-on par des régimes étrangers amis. »