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lundi, janvier 04, 2016

"Todo el bien, todo el mal..." de Antonio Borrell

Vous avez la nostalgie des années 70/80 ? Vous avez été bercés par les ritournelles latino-américaines et les soubresauts de ces années politiquement complexes ? Vous aimez les jolies histoires d'amour contrariées ? Vous aimez vous perdre dans les méandres et les ambiguïtés de la raison et des sentiments ? Ce roman est fait pour vous !
Ah ! Un détail, il est fait pour vous seulement si vous lisez l'espagnol ! L'auteur, français, a semble-t-il eu une furieuse envie de l'écrire en espagnol, langue de son adolescence qu'il a en partie passé à Quito, Équateur.
Ces deux-cent soixante pages se lisent d'un trait ou presque !
Écrite sous forme de mémoires posées pour tenter de comprendre l'incompréhensible, cette histoire a un fort goût de vécu bien que l'auteur s'en défende ! Alors on le lit un peu comme on lirait un journal intime qui nous serait tombé sous la main… Et parfois, paf !, on se retrouve à lire des choses qu'on regrette un peu d'avoir lues : le narrateur ne nous cache rien, pas même sa vie sexuelle ni ses fantasmes ! Tant pis ma pauvre Lucette, tu t'en remettras !
Voilà ce que nous dit la quatrième de couverture :
« La dernière fois que je t'ai vue, c'est le jour où tu m'as demandé de te prostituer à un chauffeur routier sur une aire de repos d'autoroute. C'est le jour où je t'ai demandé ta main et où je suis resté sans réponse. »
Adolescents, ils se sont rencontrés à Quito. Elle est équatorienne, il est français : élèves dans le même lycée. Un amour platonique est né à la sortie de l'enfance entre deux êtres fascinés par la langue et la culture de l'autre. La vie les a séparés, les a réunis, puis les a à nouveau séparés. Trente ans plus tard, ils se retrouvent à Barcelone avec de vieux comptes à régler…
Une histoire d'amour clandestin et vagabond : de Barcelone à Paris et Nairobi, de Bilbao à Quito et Varsovie, entre Forum social mondial et Sommet sur le changement climatique. L'illusion d'une deuxième adolescence, jusqu'à ce que…
Un roman plein de romance, de passion, de sexe, de domination et de soumission, de trahison et de vengeance…
Voilà ! Vous savez tout ce qu'il faut savoir pour commencer votre lecture ! Ah, non, un autre détail de taille : le narrateur nous offre tout au long de son récit une bande son et la magie d'internet la fait résonner à la demande, moyen moderne de renforçant l'effet de la lecture dont il ne faut surtout pas se priver ! Cela commence avec le titre, Todo el bien, todo el mal... qui nous envoie d'office sur ce très beau boléro opportunément intitulé "Historia de un amor" !


Quelques passages pour la route ?
p. 103
« - Fue duro estar tanto tiempo sin hablarte, hoy me estás sacando de un pozo muy profundo, poquito a poco…
- No podía hablar contigo. Lo siento.
- Lo entiendo. Me gustaría trabajar para tí, apoyarte de algún modo…
- Mándame canciones de amor, así me apoyas, me siento querida y estoy contenta todo el día haciendo cosas.
- Me gustaría vivir a tu lado, escribir, viajar contigo, ir a África…
No existe un momento del día
En que pueda apartarte de mí
El mundo parece distinto
Cuando no estás junto a mí
- Sí, la conozco.
- ¿Algún día podré bailar un bolero contigo?
- Seguro que sí. Hay que ver cuando.
- Tener algo de tiempo, que no sea a escondidas y entre dos aviones.
Siempre que te pregunto
Que cuándo, cómo y dónde
Tu siempre me respondes
Quizás, quizás, quizás


Y así pasan los días
Y yo desesperado
Y tú contestando
Quizás, quizás, quizás
- Quizás…
- Ahora te mando una canción brasileña. Sabes, yo sueño con escribir nuestra historia…
- Hazlo, yo te ayudo: no sé escribir puedo ir a verte por período y darte masajes en la espalda.
- ¡Eso sí! Pero hay un problema: ¿Cómo contar una historia que dura más de treinta años y no hace más que empezar?  »


p. 117
« Desgraciadamente, llegó la hora de despedirnos. Un taxi te llevó al aeropuerto: te esperaba un largo viaje para volver a Lima, con un cambio en Londres. No había bailado mi romántico bolero contigo, y no podía deshacerme de la nostalgia de este sueño que nunca llegaría a ser realidad: el de un almanecer edénico sobre una cabaña en los árboles, con vista a las nieves del Kilimanjaro, rodeados de animales. Me quedé solo un día más en Nairobi, antes de tomar mi vuelo de regreso, con escala en Entebbe, sin saber dónde ni cuándo te volvería a ver, pero sabiendo que sí estaba decidido a vivir contigo. Quince mil kilómetros en avión por una mamada: ¿Qué es esto, sino puro amor? »
p. 161
« En la segunda mitad de los setenta, Jaime era un veinteañero que apenas empezaba su vida de cantante y activista político, y yo un adolescente ensimismado, por lo que nunca supe de él, aunque viviéramos ambos en la misma ciudad. Sin embargo, aún recuerdo en el 78, una gran huelga que hubo en protesta contra el alza de los precios de transportes. La llamaron « La guerra de los cuatros reales », y fue el momento en que empezó a hacerse famoso « El Chamo Guevara » como les decían entonces. Treinta años más tarde, el hombre con quien conversaba se había convertido en una conciencia para toda una generación, una persona muy apreciada, que siempre apoyaba a los movimientos sociales, ecologistas e indígenas.
- La mayoría de los cantautores de los setenta eran marxistas ortodoxos, muy serios y con barbas, desde los Quilapayún hasta el mismonAli Primera… ¿Y tú, siendo anarquista y satirista, cómo ves esta izquierda autoritaria, cómo ves a un Chávez?
- Desgraciadamente, la izquierda latinoamericana es una mujer a la que le gustan los uniformes.
Me reí, y pensé fugazmente en tu fantasía de ser abusada por vigilantes uniformados, pero me quedé callado mientra Jaime proseguía:
- No se debe confundir a los dirigentes con los pueblos. Cuba es un régimen autoritario, pero les doy las gracias a sus médicos que me salvaron la vida cuando estuve muy enfermo hace poco. También en Venezuela el pueblo construye algo nuevo, aunque los dirigentes sean autoritarios. Sabes, hace pocos meses fui invitado a cantar por libertarios venezolanos: finalemente el ministro de la cultura de Chávez me declaró « persona non grata » y me expulsaron. »


Cette jolie histoire mériterait sans aucun doute de trouver un éditeur ! Peut-être celui-ci aiderait l'auteur à épurer encore un peu le texte, car il y a parfois un peu trop de détails qui confèrent au texte un petit air de compilateur de souvenirs didactiques, souvenirs qui ne sont pas tous nécessaires à l'histoire et qui la font parfois, un peu inutilement, passer au second plan. Enfin, en l'état, ce fut pour moi une belle lecture de fin d'année, légère à souhait sans être du tout dénuée de profondeur sur ce qui fait et défait les couples ! A découvrir...

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"Todo el bien, todo el mal..." de Antonio Borrell (Auto-édité, 2015)

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