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vendredi, décembre 23, 2016

"Le nuage d'obsidienne", de Eric McCormack (Ecosse)

Né en Ecosse en 1938, Eric McCormack a émigré au Canada en 1966. Spécialiste du XIXe siècle et de littérature contemporaine, il enseigne à l'université Saint-Jérôme dans l'Ontario. Il est l'auteur de quatre autres romans parus chez Christian Bourgois. Le nuage d'obsidienne est paru en anglais en 2014. Et dans sa traduction française en 2016. A noter que le nom du traducteur n'apparaît pas dans la publication ...

Le titre de ce livre m'a attirée car j'ai chez moi plusieurs objets en obsidienne, souvenirs du Mexique que j'aime beaucoup !
L’obsidienne est une roche volcanique de couleur grise, vert foncé, rouge ou noire. On la trouve entre autre au Mexique, au Pérou, au Japon, en Sardaigne ou en Grèce. Elle protège des énergies négatives et comme un miroir, elle retourne l'énergie des personnes malveillantes contre elles-mêmes.

Au début du roman Le nuage d'obsidienne, le narrateur, Harry Steen, se trouve au Mexique où il a été invité à participer à une conférence. Lorsqu'un violent orage éclate, il trouve refuge dans une librairie de livres anciens. Il y découvre un ouvrage daté du milieu du XIXe siècle intitulé Le nuage d'obsidienne, qui fait part d'un phénomène inexpliqué : un nuage noir aux propriétés réfléchissantes s'est immobilisé au-dessus de Duncairn, un village des Uplands écossais, où il a provoqué plusieurs décès mystérieux.
Or Harry a bien connu ce village puisqu'il y a enseigné lorsqu'il était jeune. Il y avait fait la connaissance d'une jeune fille, Miriam Galt, qu'il aime toujours mais qui n'a pas voulu accepter de l'épouser, lui préférant son directeur. Depuis et suite à cette déception, Harry a voyagé à travers le monde puis s'est marié et vit et travaille à Camberloo, une ville imaginaire du Canada. De retour chez lui, il prend contact avec un expert de livres rares à Glasgow, qui lui propose de retracer l'histoire de cet ouvrage.

Ce roman foisonnant est peuplé de personnages intéressants et de récits enchâssés, correspondant aux histoires de vie des personnages que rencontre le narrateur et d'histoires de livres qui lui sont prêtés. Il nous emmène en voyage à la découverte de différentes tribus d'Amérique Latine et nous invite à nous plonger dans les livres. Car le narrateur aime les livres. Il passe beaucoup de temps dans les librairies et dans les bibliothèques, notamment au cours de ses voyages. Et c'est aussi à travers les livres ou grâce aux livres qu'il se rapproche de son fils, qui ouvrira d'ailleurs une boutique de livres et d'objets rares.

Il ressemble un peu à une Madame Bovary d'aujourd'hui :
« Avec le temps, ne risquais-je pas, ne m'astreignant à une telle existence dans une petite ville comme Duncain - fût-ce avec Miriam - d'en concevoir de l'aigreur et du ressentiment, alors qu'un monde entier d'exotisme dont j'avais longtemps rêvé se trouvait désormais à ma portée ?
Mais je refoulai de telles réflexions de mon esprit. J'étais amoureux - c'était tout ce qui comptait ! Ma rencontre avec Miriam Galt s'apparentait à une grande histoire romantique extraite d'un vieux livre. Dès le prochain chapitre, elle admettrait son amour pour moi, elle m'épouserait et nous serions éternellement heureux. »
Ce roman m'a rappelé d'une part un recueil de nouvelles de Daniel Bourdon intitulé L'opuscule, où nous avons également un narrateur amateur de voyages et de littérature, un univers énigmatique et une quête en Amérique ; d'autre part 2666 de Roberto Bolaño. Bien sûr il n'est pas aussi foisonnant et nous avons affaire à un seul narrateur (pas à cinq comme dans 2666). Mais c'est aussi l'histoire d'une quête littéraire et nous découvrons une multiplicité de lieux, dont des villes inventées ; par ailleurs certains thèmes sont communs, comme l'errance ou la place de la littérature.

En somme, j'ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir.
Rachel Mihault
Le nuage d'obsidienne, Eric McCormack, Christian Bourgois Editeur, 2016

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