Patricio
Sanchez Rojas est poète, enseignant et traducteur franco-chilien.
Son
dernier recueil, Les
disparus,
est un hommage aux victimes de la dictature de Pinochet.
Il
évoque la nostalgie du bonheur des jeunes années, le temps qui
passe, la douleur de l'exil. Il s'élève contre les injustices et
dénonce l'impunité dont bénéficient les bourreaux.
Les tortionnaires
« Les traîtres eux-mêmes étaient faux. »
(Louis-Ferdinand Céline)
Dans ton pays natal
les tortionnaires sont
des personnes
définitivement respectables,
Ils achètent le journal
au kiosque
de la place,
Ils vont à l'église
le dimanche,
Ils font le signe de la croix,
ils publient des livres
de témoignages
Et racontent leur vieillards
sans aucun signe
de repentance,
Ils accompagnent
leurs enfants à l'école
anglaise,
Ils fréquentent les parcs
publics,
Où ils ont pour
habitude de passer
de longs
moments de plaisir.
Les tortionnaires de ton pays
natal font
définitivement partie
du paysage,
Parfois ils rentrent
dans les boulangeries,
le matin,
Ils saluent
d'une façon très
respectueuse
les employés et les vieillards,
Ils portent des noms
très souvent
associés à un crime
barbare,
Détail qui
n'a pas trop l'air
de les préoccuper
Car ils possèdent
de l'argent...
pour se défendre et...,
de bons avocats.
Il y a aussi
des tortionnaires
très pleurnichards,
Qui s'enfuient à l'étranger,
dans d'autres
pays lointains.
Comme les Etats-Unis,
Ils changent de visage,
Ils deviennent ensuite
des chefs
d'entreprise,
Des ambassadeurs
respectables,
des professeurs de droit
constitutionnel,
Ou des propriétaires
d'usine,
par exemple.
En tout cas,
tous ont les mains
sales.
Ils vivent
dans des palais,
avec
une pension
Très souvent
subventionnée
Par l'Etat.
Un livre fort, à la fois intime et fraternel.
Rachel Mihault
Les disparus, Patricio Sanchez Rojas, La rumeur libre Editions, 2017
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