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mardi, mai 30, 2017

« Celui qui doute » d’Emmanuelle Bessot (France)

Ce roman est le nouvel objet littéraire non identifié des Éditions Yovana dont on peut désormais penser que c’est la marque de fabrique !
Après la poésie autobiographique de «Et ton absence se fera chair » de la marocaine Siham Bouhlal, le carnet de voyage intérieur de « La Solitude du Quetzal » du français Jacky Essirard et le curieux petit livre de bord d’« Empreintes » de la québecoise Christine Gilliet (dont je vous parlerai très bientôt), nous voici, avec « Celui qui doute » d’Emmanuelle Bessot, face à un roman anthropologique !
« Hommage à la culture lakota et troublante enquête anthropologique sur nos origines, Celui-qui-Doute nous entraîne dans une épopée haletante à travers les continents et les âges. » nous éclaire l’éditeur.

Et en effet, Emmanuelle Bessot nous invite à découvrir ce qu’est le peuple lakota au 21e siècle. Pour cela, elle nous entraîne sur les pas d’un jeune américain, Lakota par son père et anglo-américain par sa mère.
« Oui, pourquoi suis-je ici, concrètement ?
Je suis ici, disons, pour une quête personnelle. Un requête, plus exactement. Je suis là pour rencontrer Wakháŋ Tháŋka, le Grand Esprit, et lui demander de me rendre la foi. La tradition m’en donne la possibilité, grâce à une pratique ancestrale que nous appelons haŋbléčheya et que les Américains traduisent par « quête des visions ». La traduction n’est pas fausse, mais terriblement réductrice ! »
Pour tenter d’y voir plus clair en lui même et de répondre à une question quasi-métaphysique sur l’origine de l’Homme, sur le chaînon manquant, ce jeune homme se lance donc dans cette quête des visions. Et le récit qu’Emmanuelle Bessot nous en fait est tout à la fois très poétique, onirique, et didactique… C’est là toute l’originalité de ce roman. Une fois que le lecteur a compris qu’il va voyager au pays de la connaissance tout en traversant le pays des récits de vie, il se laisse porter par la feuille de sauge, magnifique tapis volant de cette histoire !
« J’ai par instants le sentiment de m’adonner à une psychothérapie dans le cabinet de l’analyste. J’imagine un psy éclairé troquant son canapé contre un lit de sauge, sans doute moins confortable qu’un divan, mais davantage propice aux confidences, et je me prends à rire, par bouffées soutenues qui éclatent et se brisent en un tonitruant festival, me vidant de mes dernières réserves. »
Cette quête des visions s’avère alors être un long voyage immobile qui nous emmène dans tous les coins de la planète, à tous les âges de l’humanité.
« Pourtant, quelque part, c’est rassurant de savoir que je peux faillir sans que ma vie en soit bouleversée.
Tu m’encourages d’un sourire :
- A présent, arrache les doutes de ton cœur et laisse-les sur le bas-côté. Ils sont les œillères qui masquent ta vue et tu ne pourras pas vivre totalement cette expérience si tu ne parviens pas à t’en débarrasser. Ne garde que tes espoirs contre toi, précieusement. Ils allégeront ta route. Maintenant, va. Laisse-toi aller.
Ta voix s’éteint et je me sens comme happé par une force invisible qui me projette sans ménagement dans la couche odorante. J’ai la gorge nouée. Ce moment que j’attends et que j’espère si intensément est enfin arrivé. Bientôt mes certitudes d’homme moderne s’évanouiront définitivement ou au contraire seront à jamais confortées. »
Au delà de la quête initiatique, Emmanuelle Bessot tricote patiemment une théorie. Une théorie sur l’origine de l’Homme qui, tout bien réfléchi, n’est pas absurde du tout et même très intéressante !
A lire donc !
Et si vous voulez en savoir un peu plus sur « Celui qui doute » avant de vous lancer, allez donc visiter le petit blog qui lui a été consacré !

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