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jeudi, mars 21, 2019

"Le mythe national mexicain à travers les manuels scolaires d'histoire" de Rachel Mihault (France)

Clin d’œil à notre Présidente préférée !
J'ai lu LE MYTHE NATIONAL MEXICAIN À TRAVERS LES MANUELS SCOLAIRES D'HISTOIRE, issu de la thèse de Rachel Mihault, dès sa publication. Lorsque, dans une vie antérieure, je parcourais, sac au dos, le pays, je m'étais passionnée pour sa culture et ses traditions. Cet essai possède un intérêt intrinsèque, car il nous plonge ou nous replonge dans la chronique flamboyante d'une nation dont les habitants sont nés du maïs (cosmogonie maya du Popol Vuh), nation à géométrie variable (les affrontements avec les États-Unis, en 1846-48, ont entraîné la perte de presque la moitié du territoire mexicain), nation métisse qui se revendique comme telle (au moins dans ses manuels scolaires) et qui fraie régulièrement avec la mort, entre conquête espagnole, guerres, massacres, violence quotidienne et catastrophes naturelles (10 000 victimes lors du séisme de 1985), ce qui ne parvient pas à l'abattre.



Il s'avère également d'un intérêt remarquable dans son analyse des pratiques pédagogiques, lesquelles suscitent implicitement des comparaisons avec les nôtres. Les rédacteurs, par la place importante qu'ils donnent à l'enchaînement des périodes, à la frise historique omniprésente en bas de page, y compris dans les ouvrages de la dernière génération, celle de 2014, semblent adresser un clin d’œil à certains enseignants français qui se lamentent – probablement à juste titre – quant à leurs programmes : « toujours moins de chronologie, moins de grandes dates, moins de grands personnages ! » Ici, au contraire, les figures fondatrices sont largement évoquées (texte, iconographie) ainsi que leur ethnie d'origine : comme le fait remarquer l'auteure, le mot « race » n'est pas tabou au Mexique, on explique donc aux enfants que du mélange des trois races principales (la blanche, l'indienne et la noire) sont issus les métis et les mulâtres, que les Blancs se répartissaient entre Espagnols « péninsulaires » et créoles, etc. Certains héros sont quelque peu démythifiés (Miguel Hidalgo y Costilla), d'autres plus ou moins réhabilités (Iturbide, le dictateur Porfirio Dίaz), au fil des quatre générations de manuels analysées. Une pratique à noter : les enfants, en primaire, se voient attribuer des livres d'enseignement gratuits… qu'ils peuvent conserver à la fin de l'année, et qui les accompagneront toute leur vie s'ils le souhaitent ! J'ai toujours trouvé fort dommage le fait que les élèves soient contraints de rendre les manuels qui leur étaient fournis, effaçant ainsi le compagnonnage d'une année scolaire, et sa trace.


L'auteure s'est sagement gardée d'évoquer la citation (faussement) attribué à Porfirio Dίaz : "Pobre de México, tan lejos de dios y tan cerca de Estados Unidos !" («Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis ! ») : comme elle le fait remarquer, les manuels analysés ont été rédigés avant l'élection de Donald Trump à la présidence du pays voisin !


J'ai du mal à « noter » ce captivant essai, car il comporte de nombreux passages en espagnol, non traduits en général : il me reste assez de bribes de cette langue pour les comprendre, ce qui m'empêche de me mettre dans la peau du lecteur pour qui ce ne serait pas le cas. Cependant, même ce dernier devrait pouvoir en tirer bénéfice.
Hélène Honnorat

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