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mercredi, décembre 02, 2020

« A » de Louis Zukofsky (États-Unis)

 


A est l’œuvre d’une vie, celle de Louis Zukofsky, composite, adressée à son fils Paul et à sa femme Célia, A est l’œuvre majeure de l’objectivisme américain. 

Pour la première fois disponible en traduction française intégrale, cet art poétique, livre d’un siècle : un nouveau monde. Ce livre est cette machine qui tue les fascistes telle celle de Woody Guthrie.

 

Il n’y a qu’en Chine qu’on voit des choses pareilles :

« Honorable Monsieur,

Nous avons lu votre texte attentivement

Et avec un plaisir sans borne. Et ajoutons sur la foi

De nos ancêtres

Que nous n’avons jamais rien lu

Qui parvienne à une telle maîtrise.

Mais si nous éditions votre œuvre,

Nous ne pourrions plus éditer d’autres livres

Car aucun ne serait à la hauteur du vôtre.

Et nous ne pouvons imaginer

Que les dix mille ans à venir

Ne nous en offre jamais l’archétype.

Dès lors nous voici contraints

De refuser votre manuscrit dont l’éclat illumine

Les cieux, et vous prions mille fois de bien vouloir

Pardonner une faiblesse

Qui ne porte tort qu’à nos éditions.

-, L’Éditeur »

 

 

Et c’est encore au sein du livre A que le propos poétique « factuel » se définit :

 

Chère Lorine Niedecker

Ainsi ta mère est morte. Aujourd’hui

Il fait beau et frais, c’est un jour comme

On voudrait en voir toute sa vie – Chaque

écrivain écrit une seule longue œuvre

dont il ne connaît pas entièrement la tonalité.

Il est poursuivi par des récurrences, il copie

mais boit à une source – on le saura plus

tard – qui est sa cadence. Ce qui t’a frappé,

si j’ai bien compris c’est le côté décousu de « A »,

il y a environ 13 ans, quand je voulais être

absolument factuel, et je me relisais parfois

pour ne pas perdre le lien avec ce qui

se passait, et le « factuel » n’est pas

aussi figé qu’un paradigme. Je devais me

relire plusieurs fois pour découvrir ce que je

voulais dire. Au bout d’un certain temps, et

sans stylo en main, me revenait ce « factuel »

que je cherchais – plante vivace et saisonnière.

Qu’as-tu d’autre à me dire ? j’aimerais bien le savoir.

 

Somme réjouissante ce livre a un goût d’air de fête à savourer pleinement !

François Szabó

 « A » de Louis Zukofsky, traduit de l’anglais (États-Unis) par François Dominique et Serge Gavronsky, Editions Nous, 2020, 770 p

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