Cette courte note sur Maryse Condé était destinée à nourrir notre discussion orale autour de son œuvre.
"Le roman raconte les tribulations, la destinée de Tituba, fille d’Abena, esclave, et d’un marin anglais. Il s’appuie sur le compte-rendu du procès des Sorcières de Salem. C’est donc l’histoire de Tituba qui est confrontée très tôt à la violence envers les esclaves noirs, au désamour et rejet de sa mère, à l’amour de son père adoptif, et qui va de rencontre en rencontre, de départ en départ, être poursuivie dans un procès historique pour cause de sorcellerie.
Le récit est vif, étayé de descriptions luxuriantes qui foisonnent à l’image des paysages. Le « je » de la narratrice prend d’un bout à l’autre de l’histoire toute la place – dans un seul souffle – que rien ne peut arrêter, où les éléments historiques s’imbriquent de façon admirable à la perception, la conscience de plus en plus aiguë de l’héroïne, dans un monde où la magie opère à chaque moment de vie ; où l’au-delà devient présence quasi-réelle, parfois tragique, comme si c’était cela vivre, entre l’ailleurs recherché, désiré, invoqué – avec ses forces inconscientes, puissantes – et l’ici, le réel dans sa plus que vive réalité de chair."