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jeudi, mai 08, 2014

Semana Cultural de l'AFCM : Soirée poésie du 4 avril 2014 #3

Acto de clausura del XVI Festival

La place de la poésie en Colombie et le Festival International de la Poésie de Medellín
L'un des objectifs de notre association, c'est de nouer des liens entre la Colombie et la région Languedoc Roussillon. La poésie en Colombie a une place dans la vie quotidienne et culturelle qui n'est pas la même que celle qu'elle occupe en France. C'est pourquoi nous avons souhaité la présence de trois poètes languedociens, François Szabó, Michel Arbatz et Christian Malaplate, qui sont tous les trois très actifs dans la diffusion et le partage de la poésie dans notre région et en France.
Mais d'abord, quelle est la place de la poésie dans la vie des Colombiens ?
Les poésies de Rafael Pombo par exemple est dans l'esprit de tous les enfants et ex-enfants colombiens ! Tous sont capables d'en déclamer quelques unes... Comme dans la plupart des pays d'Amérique Latine, la poésie - et la nouvelle - occupe une place plus importante que le roman et les poètes sont nombreux. Dans la Colombie contemporaine, les poètes ont même réussi à se grouper et à former une entité culturelle qui compte : la vidéo que nous avons projetée a été enregistrée à Medellín dans le cadre du très célèbre Festival Internacional de Poesía de Medellín. En 2014, ce sera la 24ème édition !
Ce festival unique en son genre a été créé en 1991 par un groupe de poètes colombiens décidés à apporter de la lumière au pays en faisant vivre la poésie, en dépit des violences extrêmes qui touchaient la Colombie de ces années-là (et qui n'ont malheureusement pas franchement disparues). Ils avaient déjà commencé à s'organiser via la création d'anthologies et de revues de poésie telles que Prometeo et Puntoseguido. Ces poètes fondateurs du festival sont  Ángela García, Gabriel Jaime Franco, Javier Naranjo, Carlos Enrique Ortiz, Alberto Vélez, Gabriel Jaime Caro, Jota Arturo Sánchez, Sarah Beatriz Posada, Jairo Guzmán et, surtout, Fernando Rendón, directeur du projet.
En avril 1991, ils ont réussi à organiser « Un día con la poesía », et ce sera donc la première édition de ce qui s'appellera ensuite le Festival International de la Poésie de Medellin : 16 poètes ont réussi à attirer 1500 personnes dès cette première édition !
Sur le site internet du festival on peut lire ces explications :
« C'était, pour ces poètes, la façon de répondre à la détérioration constante de l'esprit dans la ville et dans l'obscurité qui régnait. Des lectures de poèmes tout au long de la journée, des mises en scène de poèmes à travers la danse, le théâtre et des monologues, des vidéos sur la vie et l’œuvre de quelques poètes colombiens et des ateliers de création poétique furent la formule du succès qui a rendu possible la mise en place de nouveaux symboles, d'une dimension plus habitable et d'un imaginaire collectif peuplé des visions que la sensibilité poétique réveille..
Voici un extrait de la déclaration du comité d'organisation d'alors :
'' Il se produit dans la ville un développement très fort de l'expression poétique ; de l'anonyme à celui qui est identifié par le cœur, une instance collective rend tangible l'appel de Saint-John Perse lors de la remise de son prix Nobel : “Et c'est ainsi que le poète se trouve aussi lié, malgré lui, à l'événement historique. Et rien du drame de son temps ne lui est étranger. Qu'à tous il dise clairement le goût de vivre ce temps fort !” Notre initiative est née du signal qui nous relie et elle se pose en rite et en fête.”
On a vu que le public convié s'identifiait profondément à la poésie. Et on a perçu son rôle de catharsis et que s'insinuait la possibilité de faire revivre l'être liturgique qui survit dans nos existences les plus intimes. Toute la ville, dans ses diverses classes, s'est rendu compte du caractère transcendantal de cette manifestation et depuis cela fait partie de sa vie spirituelle et culturelle.”
La seconde édition, un an plus tard, se déroula cette fois sur une semaine entière ; elle réunit 37 poètes venus de huit pays hispanophones. La dimension internationale est ce qui a le plus conquis le public qui s'est alors pressé par milliers puisqu'au total ce furent 20000 personnes qui ont assisté aux différentes manifestations : Les auditoriums débordaient, il a fallu organiser les lectures de poème au mégaphone dans les rues !
Les organisateurs, dans la déclaration inaugurale, ont déclaré que s'ouvrait alors un temps fort pendant lequel, “de manière inespérée, la poésie grandit dans nos vies, se met en travers du chemin sanglant et attend la jeunesse dans son propre corps. Elle s'échappe des livres et des musées, du dédain aristocratique des érudits et elle s'immisce dans la sensibilité torturée des rues en assaillant les cœurs et les sens.
Le poète mexicain, Adolfo Castañón, a fait cette constatation qui résume une belle partie de ce qu'apporte ce festival : “En Amérique Latine, nous sommes plus occupés à parler qu'à écouter, plus occupés à écrire qu'à lire, plus occupés à paraître sur scène qu'à observer. Et un Festival comme celui-ci est une espèce de grand pari fait sur l'attention. Le courage de tout cela c'est de mettre en suspens le monde pendant un moment et de nous permettre de l'écouter dans toutes ses formes innocentes, originales. Et ces formes sont celles de l'attention. Nous ne vivons pas seulement trop vite, mais aussi sans savoir ce que nous voulons. Nous manquons d'attention... Et le plus important dans ce Festival, même si cela semble paradoxal, c'est qu'il porte l'attention sur le silence.”
On peut lire aussi sur le site du Festival : “L'expérience a confirmé que le Festival est un geste, un mouvement, plus que littéraire ; il se situe dans les dimensions d'une catharsis, qui réussit sa liturgie dans son plus grand silence, pour que la voix ressuscite les images. On perçoit ici que, face à la violence, il est possible de se fabriquer une membrane protectrice d'imagination.”
Le Festival International de la Poésie de Medellín était lancé. Son succès ne s'est pas démenti et il a traversé tous les aléas de violence politique et sociale qu'a vécu la Colombie au cours de ces dernières décennies, s'affirmant toujours plus comme un moyen de se libérer de ce climat délétère.
Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, le Festival s'est étendu à d'autres villes de Colombie, d'abord dans la région d'Antioquia, puis dans tous le pays, y compris à Bogotá.
En 2006, il a reçu le Prix Nobel Alternatif, ce qui lui a encore conféré une plus grande renommée internationale !
En 2013, la 23ème édition a encore réuni 65 poètes venant de 45 pays du monde entier. La France y a été représentée par le Martiniquais Ernest Pépin et par le Parisien Gérard Noiret. Le thème du Festival a été « Por mil años de paz para Colombia » et en 2014, cela sera « Celebración de la Tierra con los pueblos originarios »
En 2011, alors qu'ils avaient invité 37 directeurs de festivals de poésie venant du monde entier, le Festival de Medellin a cofondé avec eux le World Poetry Movement dont le président est aujourd'hui un Irlandais. Leur but est de renforcer, par la coopération et l'échange, la vie et la visibilité de la poésie à travers le monde. Cette organisation regroupe aussi bien des festivals que des projets et des poètes à titre personnel !
Pour la France, Le Printemps des Poètes s'est joint au mouvement, ainsi que 11 poètes, dont..... François Szabó qui doit pouvoir nous en dire plus !!!

François nous explique donc que ce Mouvement est avant tout un lieu d'échanges, un outil de partage. On perçoit souvent les poètes comme des êtres solitaires et repliés sur leur émotion, mais ce n'est qu'une facette de leur personnalité ! Ils sont aussi et surtout gourmands de communication, d'échanges, et la poésie, bien moins encore que bien des choses, n'a pas de frontière : elle parle à l'âme, aux émotions, et ça c'est universel. D'où finalement l'évidence de cette communauté internationale qui, grâce aux moyens de communication moderne, a trouvé une nouvelle manière de coopérer...
François nous parle aussi du Printemps des Poètes dont l'édition 2014 est en train de se terminer et qui est organisé à Montpellier par La Maison de la Poésie Montpellier Languedoc dont il est le vice-président. Et il évoque pour nous son expérience de poète public qui a fait le pari de dire des poèmes dans la rue : ses anecdotes sont éloquentes !

Michel Arbatz, lui, prend la parole pour nous dire qu'à son sens, ce sont les enfants qu'il faut éveiller à la poésie. Il explique que ce langage particulier, le plaisir qu'il procure, c'est une chose qui prend racine dans l'enfance. Il insiste aussi sur l'oralité : la poésie, et en particulier la poésie très rythmée et très rimée, a permis pendant des siècles de partager des récits sans le secours de la chose écrite et il est important de conserver cette forme de partage. Il nous parle des interventions organisées dans le cadre de la BIP, Brigade d'Intervention poétique et ses commandos poétiques, en particulier dans les écoles, mais aussi par le biais d'émissions de radio...

Christian Malaplate, quant à lui, nous explique que la poésie est avant tout un engagement humain. Ses premières expériences de partage de, dans et avec la poésie sont des aventures humaines. Dès 1977, dans la région de Marseille, il fait parti des courageux précurseurs des radios libres, qui alors étaient qualifiées de « pirates » ! Depuis 1981, il produit et réalise une émission hebdomadaire de poésie sur des ondes locales, d'abord à Marseille puis à Montpellier : « Traces de lumière » est un bel exemple de longévité pour une émission de radio ! De plus, en tant que délégué régional Languedoc-Roussillon de la Société des Poètes Français il organise et anime depuis décembre 2008 chaque mois des soirées de poésie à la salle Pétrarque à Montpellier...
Je pensais terminer le récit de cette soirée avec ce troisième épisode, mais, non ! Pas possible ! Il me reste encore à vous raconter une belle tranche de soirée ! Alors......

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