lundi, juin 13, 2022

"555" de Hélène Gestern (France)

 


C’est un thriller musical.

L’histoire débute lorsque Grégoire, restaurateur d’objets anciens déniche, dans la doublure d’un étui de violoncelle qu’il doit réparer, une partition manuscrite et ancienne de quatre pages. Giancarlo, son associé luthier, qui doit s’occuper de ce beau « Villaume de 1857 » n’en revient pas lorsque son ami Grégoire lui montre la partition.

C’est une sonate pour clavecin

Grégoire a une idée : montrer cette partition à une célèbre claveciniste qu’il connait, Manig Terzian - une artiste qui fait référence dans le monde du clavecin. Celle-ci accepte de le recevoir, malgré son emploi du temps très chargé entre une master class à Paris et un concert à Berlin. Elle accepte même de regarder la partition, de la déchiffrer et rend son verdict :

« - Ca ressemble à une sonate de Scarlatti, non ? »

Commence alors une enquête qui va durer sur plus de 350 pages. Car si c’est une vraie sonate de Scarlatti, alors c’est un véritable évènement …

En effet il existe aujourd’hui 555 sonates répertoriées du grand compositeur baroque madrilène, Domenico Scarlatti, d'une originalité exceptionnelle et pour la plupart inédites de son vivant. Une 556ème sonate a-t-elle été découverte par hasard par Grégoire et Giancarlo ? C’est ce qu’ils vont tenter de découvrir.

Mais les deux artisans ne sont pas seuls dans la course à la vérité – car si c’est bien une partition originale, celle-ci peut valoir une petite fortune à ceux qui la découvriraient - : il y a Rodolphe Luzin Farge, celui qui se fait passer pour l’expert de Scarlatti, Joris De Jongle, un veuf richissime qui a ses raisons lui aussi de vouloir mettre la main sur la partition et d’étranges loufiats qui semblent en vouloir beaucoup à Giancarlo …

Et puis il y a la belle Alice, la petite nièce de Manig Terzian, elle aussi claveciniste, promise à une belle carrière – mais le destin de concertiste tient à un fil, et est semé de nombreuses embûches : saura-t-elle les dépasser ?

D’Hélène Gestern j’avais lu « Eux sur la photo » et « L’odeur de la forêt » que j’avais appréciés et que je vous recommande.

Ici avec cette énigme musicale, elle signe un récit très bien construit, où les chapitres s’emboitent les uns aux autres comme sous les doigts de Giancarlo le luthier.

Une véritable machinerie – voire une machination ? – a été ourdie et je ne vous en révèlerai pas le final, pour ne pas divulgacher le plaisir de cette lecture.

Très bien construite et très agréable à lire dans une écriture fluide et simple, « 555 » mérite le détour pour tous les amateurs de musique – et même pour les non experts qui voudraient tenter de déchiffrer l’énigme de la peut-être 556ème sonate du grand Domenico Scarlatti : ils ne seront pas déçus.

Florence Balestas

555, Hélène Gestern, éditions Arléa, 2022

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