mercredi, novembre 27, 2024

"Rêves amers" de Maryse Condé (Guadeloupe)


Maryse Condé a écrit une petite dizaine de textes pour les enfants, pour la jeunesse.

Celui-ci est un court roman qui est paru initialement en 1991 sous le titre "Haïti chérie", et c'est en 2001 qu'il a pris ce titre de "Rêves amers".

C'est la percutante histoire de la courte vie de Rose-Aimée, une enfant de la campagne haïtienne, envoyée en ville par ses parents démunis pour être mise au service d’un ménage plus aisé.

C’est une description de l’enchaînement des évènements qui la mènent au choix de l’exil… Cette histoire a une portée universelle et c'est ce qui fait qu'elle reste aujourd'hui encore – malheureusement – très actuelle.

mardi, novembre 26, 2024

"La vie sans fard" de Maryse Condé (Guadeloupe)

Ce texte autobiographique de Maryse Condé, autrice guadeloupéenne née en 1934 et morte en avril dernier, raconte les onze années de sa vie africaine. Il démarre en 1958 au moment de sa rencontre avec Mamadou Condé, Guinéen, qu’elle a épousé à vingt-quatre ans, et se termine en 1969 avec sa rencontre du Britannique qui sera son second mari et avec qui elle partagera le reste de sa vie.

Ce récit nous emmène en Côte-d’Ivoire, en Guinée, au Ghana et au Sénégal, en passant par Paris et Londres.

Ce que j’admire dans ce récit – écrit environ quarante ans après les faits rapportés et, donc, à plus de 75 ans – c’est surtout la mise à nu assez exceptionnelle d’une femme à la fois bouillante et lucide, pétrie de contradictions qu’elle a su admettre et examiner avec une rare honnêteté. Elle ne cherche pas le beau rôle ; ni le mauvais d’ailleurs. Elle décrit juste les tourbillons dans lesquels elle s’est retrouvée prise et qui l’ont menée à un début de vie d’adulte à la fois très aventureux et très entravé par les us et coutumes des sociétés parfois antagonistes dans lesquelles elle a grandi, vécu et évolué.

lundi, novembre 25, 2024

"Une Amitié avec le Monde", une lecture de François Szabó au Gazette Café



François Szabó est un des fondateurs de notre association Les Collecteurs, et il anime avec une grande constance nos rencontres poésie au Gazette Café. Lui-même poète, cette fois, ce sont ses textes qu'il partagera avec le public !

Sa proposition est la suivante :

"La Poésie est du domaine du don, c’est l’éclat persistant du mot, c’est l’épreuve du feu de l’être, c’est la tendresse nichée dans l’être tout entier, c’est l’évidence même : l’amour et la poésie sont irréductibles et toujours réunis.

C’est également un cadre où se renouvelle la parole, c’est la conscience absolue de l’amour, de la valeur du mot, de l’engagement, c’est l’imagination au service de la liberté et de l’affirmation vitale. Bien plus qu’un cri, c’est un chant offert qui se développe et s’affirme simplement comme unique réponse.

vendredi, novembre 22, 2024

"Moi, Tituba sorcière… noire de Salem" de Maryse Condé (Guadeloupe)

Cette courte note sur Maryse Condé était destinée à nourrir notre discussion orale autour de son œuvre.


 

"Le roman raconte les tribulations, la destinée de Tituba, fille d’Abena, esclave, et d’un marin anglais. Il s’appuie sur le compte-rendu du procès des Sorcières de Salem. C’est donc l’histoire de Tituba qui est confrontée très tôt à la violence envers les esclaves noirs, au désamour et rejet de sa mère, à l’amour de son père adoptif, et qui va de rencontre en rencontre, de départ en départ, être poursuivie dans un procès historique pour cause de sorcellerie.

Le récit est vif, étayé de descriptions luxuriantes qui foisonnent à l’image des paysages. Le « je » de la narratrice prend d’un bout à l’autre de l’histoire toute la place – dans un seul souffle – que rien ne peut arrêter, où les éléments historiques s’imbriquent de façon admirable à la perception, la conscience de plus en plus aiguë de l’héroïne, dans un monde où la magie opère à chaque moment de vie ; où l’au-delà devient présence quasi-réelle, parfois tragique, comme si c’était cela vivre, entre l’ailleurs recherché, désiré, invoqué – avec ses forces inconscientes, puissantes – et l’ici, le réel dans sa plus que vive réalité de chair."

mercredi, novembre 20, 2024

"En attendant la montée des eaux" de Maryse Condé (Guadeloupe)


Grâce à la proposition de lire de façon commune la grande autrice Maryse Condé, je me suis plongée pour la première fois dans l’univers des Caraïbes sous cette plume au style inimitable.

« En attendant la montée des eaux » a été publié en 2010. Il raconte l’histoire de Babakar, un médecin obstétricien au Mali. L’histoire commence en Guadeloupe alors qu’il est en train d’aider à l’accouchement une femme qui va mourir en couche. Elle met au monde une ravissante petite fille qui fascine Babakar au point que, sur un coup de tête, il décide de l’emmener avec lui en vue de l’adopter. Il faut dire que la famille dans laquelle elle est née est bien défavorisée et ne voit pas d’un mauvais œil qu’on lui retire une bouche à nourrir.

Commence alors une véritable épopée qui va mener Babakar et la petite Anaïs de Guadeloupe en Haïti, terre de ses ancêtres maternels. Un long flash-back va nous raconter en effet la vie de Babakar quarante ans plus tôt, et nous dépeindre sa mère, Thécla, une mère trop tôt disparue à laquelle le fils et le père Babakar étaient très attachés, mais qui apparaît régulièrement en songe à son fils pour le conseiller sur ces choix notamment en matière conjugale.

mardi, novembre 19, 2024

Compte-rendu de la réunion du samedi 19 octobre dédiée à Maryse Condé

Nos réunions mensuelles font le plus souvent l'objet d'un bref compte-rendu reprenant essentiellement les titres des livres évoqués (eh oui ! pour profiter de la richesse de nos discussions, il faut venir sur place !). Ces comptes-rendus sont diffusés par mail en interne.

Alors, une fois n'est pas coutume, voici celui de notre réunion du mois d'octobre. En effet, contrairement à nos habitudes, nous avions décidé de consacrer cette séance à nos lectures de la grande autrice guadeloupéenne décédée en avril dernier, Maryse Condé.


"Hello tout le monde,

Voilà ci-après le compte-rendu que je vous propose.

vendredi, septembre 27, 2024

Rencontre poésie au Gazette café : Danielle Helme, le 19 novembre


Sur son site, Danielle Helme se présente ainsi :

"Marquée par le goût des mots puisés à leur source, et dans toutes les matières possibles, ainsi que dans les neurosciences, poète, romancière, Danielle Helme explore des formes différentes, en suivant son chemin d’écriture : une poésie du dedans, aphorisme, Oulipo, poésie jeunesse et le roman réaliste.

Elle vit aujourd’hui à Montpellier, après avoir vécu dans plusieurs régions, mais ancrée à Grenoble. Elle est dominée par un puissant sentiment de liberté, où la nature, la nature humaine et le livre sont sacrés."

mercredi, septembre 25, 2024

"Vallée du silicium" de Alain Damasio (France)


Voilà un essai tout ce qu’il y a de plus utile en cette période d’arrivée de la fameuse « intelligence artificielle » dans nos vies.

On connaît Alain Damasio pour ces romans bien sûr, comme pour « La Horde du Hordevent » par exemple. Mais lorsqu’il est venu à Montpellier pour la « Comédie du Livre », je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter cet essai, dans lequel il relate son séjour du printemps 2022 dans la Silicon Vallée, la précieuse « Vallée du Silicium » comme il la dénomme dans son titre.

Commençons par la fin, pour évoquer immédiatement ce qui est la partie la plus fictionnelle du recueil (car « Vallée du silicium » n’est pas tout fait qu’un essai) : une nouvelle d’anticipation qui n’est pas sans rappeler « les Furtifs » : le narrateur, père d’une petite fille et ayant pour compagne une femme ayant dessiné, se retrouve dans un appartement américain alors que des évènements climatiques cataclysmiques se déclenchent autour de Los Angeles. Nous sommes dans un futur où l’intelligence artificielle régit notre quotidien, et notamment le fonctionnement des immeubles américains. Mais ici l’intelligence artificielle est confrontée à une situation improbable : des cloisons étanches se sont imposées entre les trois protagonistes, par mesure de sécurité, et il n’y a pas moyen de les ouvrir.

lundi, juillet 01, 2024

Les dates de nos réunions du samedi matin pour 2024-2025 !

 

La nouvelle saison – la 10e ! – est déjà sur la rampe de lancement : à vos agendas !

Pour votre adhésion 2024/2025, c'est par ici !

Et voilà les dates à retenir dès maintenant...


Premier rendez-vous, le samedi 21 septembre 2024 !
Et d'ici là, bel été à tou.te.s...

"Le château des insensés" de Paola Pigani (France)


À la lecture de la chronique précédente sur "Et ils dansent le dimanche", Françoise Jarrousse a rebondi et écrit ceci :

"Belle chronique. Il semble que Paola Pigani s'intéresse à notre histoire sociale et donne la parole à ceux qui sont dans l'ombre. Je viens de lire d'elle "Le château des insensés", publié cette année :

Été 1939, Saint Alban-sur-Limagnole en Lozère. Un château devenu hôpital psychiatrique qui accueille ceux qu'on appelait les fous. Et où arrive, venue de Ville- Evrard, Jeanne qui a perdu pied après la mort de son nouveau-né. Un lieu où elle va se reconstruire. Un lieu aux pratiques thérapeutiques novatrices initiées par François Tosquelles, psychiatre catalan exilé et Lucien Bonnafé. Un lieu qui également soigne et met à l'abri les résistants qui fuient la Gestapo.

C'est à la fois l'histoire d'un lieu et celle d'une renaissance qui est racontée dans une langue à la fois sobre et poétique. C'est un livre lumineux."

Françoise Jarrousse

 "Le château des insensés" de Paola Pigani. Éditions Liana Levi, 2014. 256p.

"Et ils dansaient le dimanche" de Paola Pigani (France)

 « Et ils dansaient le dimanche » brosse le portrait de cette population ouvrière de l’est de Lyon dans les années 1930, juste avant l’arrivée du Front Populaire en 1936.
C’est Szonja qui va incarner ce récit : d’origine hongroise on la découvre alors qu’elle s’apprête à quitter son pays natal pour Lyon Perrache, attirée par les offres d’emploi industriels qui viennent drainer toutes sortes de nationalités : italiens, polonais, Arméniens … tous rêvent d’un logement indépendant dans l’une des cités de Vaulx-en-Velin. Il faut dire que « La SASE (Soie Artificielle du Sud-Est) est attirée par la ligne ferroviaire de l'est lyonnais, le canal, la proximité de l'usine hydroélectrique de Cusset, la présence d'une nappe phréatique abondante et pure et le relatif éloignement de Lyon » comme nous l’apprend Wikipédia à propos de l’industrialisation de Vaulx-en-Velin et de son usine TASE.
Pour l’instant il n’y a encore ni congés payés, ni comité d’hygiène et de sécurité dans les usines, les syndicats commencent à se former, et bien sûr pas de sécurité sociale. Un brevet a été déposé pour fabriquer des fils de viscose par un procédé chimique, afin de détrôner le fil de soie bien connu (c’est pourquoi on l’appelle aussi « soie artificielle »), et peu importe les émanations qui peuvent très rapidement dégrader la santé des ouvriers : la main d’œuvre est bon marché, elle est souvent d’origine étrangère, et c’est encore mieux quand ce sont des femmes puisqu’on peut les payer encore un peu moins.

mardi, mai 07, 2024

« Border la bête » de Lune Vuillemin (France / Amérique du nord)


 Roman poétique et sensible.

C’est le récit d’une saison dans un refuge de vie sauvage au Canada, par les yeux et l’âme d’une voyageuse en (dé)route qui, accueillie par les deux responsables du site, fait une pause.

C’est une ode à la vie foisonnante loin des villes et au milieu des arbres. Une tentative d’inventer de nouveaux langages pour évoquer des perceptions subtiles et primordiales.

À lire !

Laurence Holvoet 


"Border la bête" de Lune Vuillemin. La Contre Allée, 2024. 192 p.

Extraits :

(page 54)

"— Toi, à quoi es-tu attentive quand tu es seule en forêt ?

dimanche, mai 05, 2024

"La colère et l’envie" d'Alice Renard (France)


Qu’est-ce que le langage ? Et comment communiquer avec ses proches, quand on n’a pas accès aux mots pour dire ce qu’on ressent ? Peut-on développer une langue qui vous soit propre et fidèle à votre sensibilité, et la partager avec ceux qu’on aime ?

C’est l’histoire que raconte Alice Renard avec Isor, qui naît dans une famille d’apparence normale, mais qui n’est pas comme les autres. Elle ne parle pas, très petite déjà manifeste de grandes colères, fugue régulièrement du domicile familial où ses parents s’organisent pour la garder.

Autisme ? Schizophrénie ? Surdité ? Prostration ? Toutes les hypothèses sont étudiées mais aucune n’est retenue par les médecins qui se succèdent pour tenter de qualifier son mutisme apparent.
Ce sont ses parents qui parlent d’elle, tour à tour. En quelques fragments successifs, ils parlent de leur désarroi devant cette fille qui grandit, et qui ne fait rien comme les autres enfants. Elle ne prononce aucun mot en français, mais est capable bizarrement de reproduire à l’oreille de nombreuses langues étrangères.

mercredi, janvier 17, 2024

"Tes pas dans l’escalier" de Antonio Muñoz Molina, traduit par Isabelle Gugnon (Espagne)


 Un homme attend sa femme Cécilia dans la ville de Lisbonne.

Et l’attente est l’un des thèmes principaux de « Tes pas dans l’escalier », l’histoire de ce narrateur qui attend sa femme, restée de l’autre côté de l’Atlantique à New York, tandis qu’il prépare l’appartement qui sera désormais leur foyer.

Ce narrateur vient de se faire licencier de son entreprise, un travail bêtifiant qui servait à enrichir quelques actionnaires inconnus. Il ne travaillera plus, c’est décidé. Et se consacrera uniquement à sa femme.

Elle est une brillante scientifique, spécialisée dans des travaux sur la mémoire. Elle mène des expériences avec tout un tas d’animaux, pour mieux comprendre le mécanisme de la mémoire humaine. Pour l’instant elle se remet d’un fort traumatisme : son appartement à Manhattan était situé non loin des fameuses Tours, et pendant plusieurs semaines après le 11 Septembre 2001, elle n’a pu accéder chez elle. Elle a donc cohabité avec notre narrateur qui était ravi de l’héberger.

vendredi, décembre 01, 2023

"Orinoco" de Daniel Bourdon (France, Venezuela, Colombie)


"Orinoco, relation de la très longue et aventureuse conquête de l'Orénoque dont la source resta cachée jusqu'au milieu du siècle qui précéda le nôtre.", c'est le titre et sous-titre de ce petit livre intrigant.

Parce que "Orinoco" est un objet littéraire intéressant. Je l’ai découvert et lu parce que Paula Cadenas, amie de l’auteur et co-lectrice, aimerait l’inviter pour les Collecteurs.

C’est un travail de recherche sur la découverte, entre le 15e et le 21e siècle, des sources de l’Orénoque. Ça parle de grandes aventures, de mythes, de conquistadores. Et c’est en fait un voyage dans le monde des livres, des récits, de la fabrication de l’histoire, des histoires.

mardi, novembre 21, 2023

« Misericordia » de Lidia JORGE et traduit par Elisabeth Monteiro Rodrigues (Portugal)

« Qui a déjà essayé en effet de décrire le quotidien d’une vie en EPAHD à la première personne ? C’est le défi qu’a relevé Lidia Jorge, en s’inspirant notamment de l’expérience de sa relation avec sa mère, récemment disparue.

Dona Maria Alberta est une femme d’un certain âge, comme on dit pudiquement, dotée d’un sacré caractère. Elle vit dans cet Hôtel Paradis, un établissement pour personnes âgées. Elle attend régulièrement la venue de sa fille écrivain, même si parfois ces visites lui causent bien du tourment. Le matin elle a droit à la toilette effectuée par le personnel soignant, toujours trop rapide comme dans toute maison de retraite, puis elle est conduite en fauteuil roulant auprès des autres résidentes, puisqu’elle n’a plus l’usage ni de ses jambes ni de ses mains.

dimanche, octobre 29, 2023

Projet Bali : collecte de livres pour enfants à l'attention des familles de détenus (2023)


Notre association de lecteurs/lectrices soutient la création de
«Boîtes à Livres» (
BALI de son petit nom)
pour des enfants (de 0 à 10 ans)
rendant visite à un parent détenu

Les Collecteurs organisent une collecte de livres d'enfant – état neuf ou très bon état – pour les offrir à des enfants de détenus qui viennent rencontrer leur parent.

Les livres seront mis à leur disposition dans les salles d’accueil pour les familles en attente de parloir ou dans les salles d’accueil « parents-enfants ».

En partenariat avec des associations de soutien aux familles sur les Centres de détention de Montpellier-Maguelone et Nîmes.


Mise à jour d'octobre 2023

Fin septembre 2023, Claire E., membre des Collecteurs et visiteuse Cimade, a remis  un lot de 14 livres pour enfants au SPIP (Service pénitentiaire  d’insertion et de probation) de la prison de Villeneuve-Les-Maguelone .

Madame Braun est responsable de ce nouveau projet qui vise à remettre un livre à un père détenu qui, lors de la visite de son enfant au parloir et après l’avoir lu avec lui, le lui offrira en cadeau.

samedi, octobre 07, 2023

"Il n’y a pas de Ajar" de Delphine HORVILLEUR (France)


Grâce à notre amie Hélène Honnorat membre des Collecteurs, j’ai découvert « Il n’y a pas de Ajar » de l’autrice Delphine Horvilleur et c’est un très bon livre.

D’abord parce qu’il est écrit par Delphine Horvilleur, brillante intellectuelle qui est par ailleurs une femme rabbin, qui nous a enchanté avec « Vivre avec nos morts » – entre autres.

Mais aussi parce que cet essai (mais est-ce un essai ? Difficile à cataloguer) est sous-titré : « Monologue contre l’identité ». « L’humour est une affirmation de supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive », cite-t-elle en exergue de cette partie, une citation de Romain Gary dont il va être beaucoup question dans cet essai.

Et c’est vrai que ça fait du bien, dans ces quelques phrases, d’entendre un souffle totalement différent de ces messages identitaires qu’on entend sur toutes les ondes et sur tous les réseaux sociaux.
Pour tenir son propos, et dans une première partie, elle rend un hommage appuyé à ce subterfuge bien connu des littéraires du dédoublement de Romain Gary en Émile Ajar obtenant deux fois le Prix Goncourt sous deux identités différentes.

mardi, juin 27, 2023

MEMO : Les dates de nos réunions du samedi matin pour 2023-2024 !

La nouvelle saison – la 9e ! – est déjà sur les starting-blocks !

Pour votre adhésion 2023/2024, c'est par ici !

Et voilà les dates à retenir dès maintenant...



"KL Complots et Caducées" de Hélène Honnorat (France, Malaisie)

 

Notre amie Hélène des Collecteurs publie un nouveau livre réjouissant !

Caroline est une jeune femme accompagnatrice d’un congrès international de médecins sur le thème du sommeil. Nous sommes à Kuala Lumpur en Malaisie, en 1998.

Elle est en mission pour « Caducées Tour » pour faire en sorte que ce colloque, dans de somptueux hôtels de luxe (dont la peinture est encore fraîche), se déroule sans accrocs. Elle est accompagnée de Boris, de la belle Sarasvati, et surtout du beau Maxime qui lui fait tourner la tête.

On se balade dans la ville de Kuala Lumpur – alias « Confluent vaseux traduit littéralement – en visitant tout particulièrement les deux fameuses tours Petronas d’une hauteur de quatre-cent-cinquante-deux mètres, et qui font la fierté de ses un-million-six-cent-mille habitants.

mardi, juin 06, 2023

" Il n’y aura pas de sang versé" de Maryline Desbiolles (France)

C’est toujours un plaisir pour moi de retrouver l’écriture de Maryline Desbiolles, une grande styliste injustement méconnue selon moi.

« Tout se passe entre 1868 et 1869, d’abord en Italie, au Piémont, puis en France, enfin dans la seule ville de Lyon. Les personnages sont essentiellement des femmes. » Ainsi commence Il n’y aura pas de sang versé, et ce récit va raconter un pan d’histoire tout à fait méconnu : la première grève officielle de femmes ouvrières sur les pentes de la Croix Rousse.

La première femme s’appelle Toia, elle vient du Piémont, et on lui a proposé un travail qui ne peut pas se refuser : elle ira dans un atelier à Lyon, sera logée et nourrie avec d’autres bonnes filles comme elle. On les appelle les ovalistes : elles vont garnir les bobines des moulins ovales, où l’on donne au fil grège la torsion nécessaire au tissage.  Elle va gagner un franc quarante, 1.40 Frs, par jour pour les ovalistes, 2 Frs aux ouvriers moulineurs.

jeudi, avril 20, 2023

La poésie d'Anna Serra (Catalogne)

Je suis amoureuse est un plaidoyer poétique de l’amour, publié aux éditions Lanskine.

Ce livre est un ensemble de quatre textes où la poésie se cherche comme expérience des énergies de l’amour. Chacun de ces poèmes rythme par l’écriture une étape particulière, une quête, un mouvement vers l’autre, un partage d’énergie jusque dans sa dimension cosmique. Un manifeste vient clore cet ensemble : une invitation à saisir les intentions de cette poésie pulsée.
« Les Poètes ne se reconnaissent pas à leur invention d’une forme nouvelle mais parce qu’ils.elles sont amoureux.ses… »

L’Absolu de ma machine est également publié aux éditions Lanskine.

mercredi, avril 19, 2023

"Les Abeilles grises" d'Andrei KOURKOV (Ukraine)


Imaginez un roman dont les éléments majeurs sont des ruches avec des abeilles bourdonnantes, une grenade, un cadavre que personne ne veut aller chercher, une thérapie par une sieste au-dessus des ruches à proposer au gouverneur de la région … et placez le tout dans un paysage dont les noms frémissent à nos oreilles depuis février 2022 : le Donbass, Marioupol, la Crimée.

Qu’est-ce qui fait que nous, lecteurs, allons nous attacher à un apiculteur vieillissant, séparé de sa femme et de sa fille, vivant dans un village déserté par tous sauf par son meilleur ennemi Pachka – qui pourrait être aussi une sorte d’ami – puis quittant son village pour une autre région où il pourra déposer ses ruches à proximité d’un champ, et enfin rejoignant la Crimée pour retrouver un ami apiculteur rencontré lors d’un congrès d’apiculture ?

C’est l’écriture.

mercredi, mars 29, 2023

"Nuits de noce" de Violaine Bérot (France)


 Ce petit livre il faut seulement l’effleurer, ne rien dévoiler de l’histoire qu’il raconte. Ne pas dire pourquoi ni pour qui il a été écrit. Simplement se laisser porter par les mots. Par cette histoire d’un amour incandescent et doux à la fois, d’un amour unique, hors du commun, qui se prolonge toute une vie. Cela commence ainsi :

 « Dès le premier moment aperçu et aimé
instantanément
lui
l’homme interdit
le prêtre

devant la foule

Dès le premier moment convaincue
moi
que lui serait
l’homme de ma vie. »

"La Compagnie des spectres" de Lydie Salvayre (France)

Je fais ma cure de Lydie Salvayre. J'ai repris « La Compagnie des spectres », qui met déjà en place certains thèmes récurrents de l’œuvre, et avec quel talent ! La réclusion volontaire (on peut l'opposer à l'enfermement, qu'appellerait peut-être la pathologie mentale de la mère), le pouvoir qu'exerce à tour de rôle un personnage sur l'autre (la fille a de son propre aveu « quelques talents pour le despotisme », mais quid de la mère qui lui confisque par son délire paranoïaque toute vie dite normale ?), le passé qui, sans cesse, fait irruption… le tout avec l'humour ravageur de Lydie Salvayre.


Hélène Honnorat

Et pour en savoir plus sur la cure d'Hélène, rendez-vous sur Babelio, ICI !

lundi, mars 20, 2023

"Le tribunal des oiseaux" d'Agnes Ravatn, traduit par Terje Sinding (Norvège)


"Allis Hagtorn cherche un havre de paix, une nouvelle vie loin des projecteurs. Elle pense les avoir trouvés en acceptant un poste d’aide à domicile dans un petit fjord perdu. Mais l’homme qui l’embauche est loin d’être un vieillard démuni : âgé d’une quarantaine d’années, Sigurd Bagge est un individu taciturne et mystérieux qui dit avoir besoin d’aide pour gérer sa maison pendant l’absence de son épouse. Mais à mesure que les mois passent, Allis commence à douter que sa femme ait l’intention de revenir. A-t- elle seulement existé ? D’une intensité rare, "Le Tribunal des oiseaux" est un huis-clos envoûtant dans lequel le lecteur – à l’instar des personnages – se tient en équilibre fragile entre crainte et obsession."

... nous disent ses éditeurs.

On se demande tout du long de quel côté de la balance ça va pencher... jusqu'à la fin !

vendredi, mars 10, 2023

"Sarah quand même " de Régine Detambel (France)

Lumineuse idée, de faire d'une « Susan » éperdue, indispensable et maltraitée, la narratrice de « Sarah quand même » ! Les grands créateurs – et créatrices – ont souvent besoin d'esclaves utiles, tour à tour amantes (très brièvement, ici), confidentes, interfaces entre leur brio et la vie quotidienne… voir Marguerite Yourcenar et Grace Frick, Beauvoir et Bianca Lamblin…

Grâce à Susan, donc, à qui Régine Detambel prête sa plume étourdissante, nous accompagnons Sarah Bernhardt dans les vingt dernières années de son existence, qui ne sont pas les moins tumultueuses. Ne plus être enveloppée de « la gélatine de la jeunesse » n'empêche Sarah ni de foncer ni de séduire. Cette affamée de succès joue tous les rôles, masculins ou féminins (L'Aiglon, Hamlet, Phèdre, Tosca…) À la scène comme dans la vie, la ligne de démarcation entre les sexes ne sera jamais pour elle un obstacle. La différence d'âge non plus. Bientôt septuagénaire elle parcourt les États-Unis, en tournée avec son jeune amant Lou Tellegen, de presque 40 ans son cadet.

jeudi, février 23, 2023

« Les sources » de Marie-Hélène Lafon (France)

Le saccage d’elle-même.

C’est l’une des explications que donne Marie-Hélène Lafon pour expliquer. Expliquer pourquoi cette femme qui vit dans sa ferme, dans cette journée ordinaire, n’arrive pas à se lever de la chaise sur laquelle elle est vissée.

C’est pourtant une journée ordinaire, un samedi de Juin 1967, où l’on va descendre chez ses parents avec ses trois enfants, et pourtant c’est une femme qui est dans l’attente de ce qui va survenir.

Parce qu’il y a la peur. Une angoisse constante, en suspension.

On se dit qu’elle va s’organiser pour partir, que ce n’est pas possible de rester là, humiliée par ce mari sans joie, dont elle connaît le moindre geste, la moindre humeur prévisible, et que tout était programmé.

La peur sourd d’elle, elle est très palpable.

mercredi, février 01, 2023

"Ça raconte Sarah" "Qui sait" "Maison Tanière" de Pauline Delabroy Allard (France)

 

"Ça raconte Sarah" est un roman d’amour, mais réservant surprises et exaltations, un livre très réussi, captivant, désormais en collection de poche, à lire et relire. Magnifique hommage, œuvre rare.

vendredi, janvier 13, 2023

"Nomenclature" de Dionne Brand (Trinidad et Tobago et Canada)

 


Dionne Brand

Nomenclature


Ce magnifique volume propose un ensemble remarquable de la poésie de Dionne Brand, offrant aux lecteurs assoiffés une belle récompense. À la fois cohérent et complexe, le propos se décline en considérations subtiles et amènes, rythme et justesse : un vrai bonheur et une épaisseur à lire et relire.

Espérons une traduction française qui serait bienvenue afin de transmettre cette poésie d’outre-atlantique. Une œuvre aussi communicable qu’un bulletin météo, mais vraiment profonde et mémorable.

vendredi, décembre 30, 2022

"Por más que lo cuento", Rubén Sandoval (Mexique)

Je viens vous parler du dernier livre de mon ami Rubén Sandoval, grâce à qui toute mon aventure mexicaine a commencé il y a déjà une trentaine d’années. 

Rubén Sandoval est professeur d’université, chercheur, romancier, poète, dramaturge.

Il publie aujourd’hui son premier recueil de contes, qui nous plonge dans un espace d’étrangeté et d’interrogations.

Ecrit durant la pandémie, on avance dans les récits parallèlement à la crise du Covid.

Une situation inquiétante, des personnages qui s’observent les uns les autres… puis l’action se déroule dans une atmosphère étrange où les mythes, les maléfices, la sorcellerie, des phénomènes inexpliqués, contribuent à nous dérouter… et on accepte de se perdre et de continuer à tenter de déchiffrer les signes qui se présentent à nous en même temps qu’aux différents personnages !

Dans le conte intitulé Encerrados, ils se retrouvent enfermés dans une pièce sur ordre du Gouvernement et ils se questionnent : sommes-nous tous égaux ou certaines personnes valent-elles plus que d’autres et si oui, en fonction de quels critères ? Lequel d’entre nous est-il le plus utile par rapport à la profession qu’il exerce ? Est-il important de jouer un rôle économique ou bien doit-on valoriser la transmission des valeurs et l’amélioration du collectif ?

Et qu’est-ce qui importe le plus quand la fin arrive, quand chacun est confronté à sa destinée. Ou lorsque la situation revient à la normale, est-ce que chacun va reprendre sa vie comme avant ou bien va-t-on changer des choses ?

dimanche, décembre 04, 2022

"L'enfant sans frontières" de Claire Escoffier-Fauveau (Monde...)


Tout au long du récit de Claire Escoffier-Fauveau, « L'enfant sans frontières », court non pas un fil rouge, mais un fil rose ; non pas le fil d'Ariane, mais celui de Lucy : celui que dévide derrière elle à travers les pays qui l'adoptent tour à tour la malicieuse gamine, fille de la narratrice.

Dès le premier chapitre, Lucy fait preuve d'un tempérament aventureux : sa mère n'est enceinte que de cinq mois lorsqu'elle prétend pointer le bout de son nez hors de l'abri et commencer à explorer la planète ! L'un des mandarins de l'hôpital où ses parents complètent leurs études (puériculture pour elle, internat de médecine pour lui) met son veto à cette escapade précoce et déclare à la mère affolée : « Finie la station verticale, il va falloir maintenant rester complètement allongée si vous ne voulez pas accoucher d'un enfant qui ne sera pas viable. »

mercredi, novembre 16, 2022

vendredi, novembre 04, 2022

Rencontre poésie au Gazette café : Noée Maire, poésie des sommets !

 


Noée Maire vit dans la Vallée de l’Hérault, près du lac du Salagou et des collines de garrigue. Ses poèmes cherchent à dire l’intime, les mouvements de la mémoire - entre oubli et souvenance - et la sensibilité du corps au monde naturel, au sens où la lumière impressionne la pellicule photographique.

Sa langue poétique, resserrée, s’écrit en mots simples. Ses poèmes apparaissent dans les revues Décharge, Le Journal de poètes, Souffle, Recours au poème, Terre de Femmes et dans les ouvrages collectifs publiés par la voix du poème éditions : Voir feuille jointe, Bord de l’autre et Les Longues Noces.
 
Les Collecteurs sont heureux de l'accueillir le samedi 3 décembre au Gazette Café à 14h30 !

mercredi, octobre 19, 2022

« L’étranger » d’Albert Camus (Traduction en français FALC)

Cet été, j’ai rencontré ce qui, pour moi, était un petit ovni : le français FALC !



Le français FALC.

Qu’est-ce que c’est ?

Le facile à lire et à comprendre (FALC) est une méthode
qui a pour but de traduire un langage classique en un langage simplifié.
Le FALC permet de rendre l’information plus simple et plus claire
et il est ainsi utile à tout le monde,
notamment aux personnes en situation de handicap,
dyslexiques, âgées ou encore maîtrisant mal la langue française.

Cette méthode peut-être utilisée par tout le monde.
Pour qu’un texte ou tout support de communication soit FALC,
il doit avoir été lu et compris par des personnes en situation de handicap intellectuel.

Aujourd’hui, c’est l’association Inclusion Europe qui rend possible la diffusion de l’outil. Lorsqu’un texte est reconnu FALC, ce logo y est apposé.

Source : Ministère de la culture, section Culture et handicap

samedi, septembre 24, 2022

Rencontre poésie au Gazette café : Coralie Poch, poésie affûtée...

Les rencontres poésie animées par François Szabo reprennent !

Premier rendez-vous de la saison 2022/2023,

c'est le samedi 29 octobre à 14h30 au Gazette Café !

François recevra Coralie Poch pour une séance de lecture, entretien et dédicaces.

Coralie Poch enseigne le français à Lodève. D’une langue impertinente et terriblement fraîche, elle écrit la nudité des ressentis, le vif désir d’être et d’aimer qui nous anime. Instinctive, elle élucide nos mouvements premiers, glisse le vent dans ses lignes, ses hoquets et le chant de tout ce qui nous traverse et nous respire.

lundi, septembre 19, 2022

Les dates de nos réunions du samedi matin pour 2022-2023 !

 


"Le Pion" de Paco Cerdà (Espagne)

Après « Les Quichottes », voyage dans les territoires désertés de la Laponie espagnole, Paco Cerdà revient, toujours à la Contre Allée, avec « Le Pion » (« El Peón »), un livre qui, au vu des ouvrages cités en référence, est le fruit d’un extraordinaire travail d’investigation. Et le résultat est passionnant.

À partir des 77 mouvements de la partie d’échecs qui vit s’affronter en janvier 1962, à Stockholm, deux génies de la discipline, Arturo Pomar « le petit facteur espagnol » et Bobby Fisher, l’américain ambitieux et mégalomane, à partir de cette partie donc, Paco Cerdà tisse une histoire politique et humaine qui nous ramène au temps du franquisme et à celui de la guerre froide.

dimanche, septembre 18, 2022

"Une rétrospective", de Juan Gabriel Vasquez (Colombie)

Nous aimons beaucoup l’écrivain colombien Juan Gabriel Vásquez chez les Collecteurs ! 

Nous avions passé un beau moment avec lui, et lu des extraits de ses livres, sur la Comédie du livre 2013.

J’avais lu son dernier roman en espagnol dès sa sortie

Volver la vista atrás, paru chez Afaguara en 2021.

Je viens de le relire dans sa traduction française

Une rétrospective, traduit par Isabelle Gugnon, aux éditions du Seuil, sorti le 19 août 2022.

Ce roman, c’est l’histoire vraie du célèbre réalisateur et homme de cinéma colombien Sergio Cabrera.

Tout commence avec la guerre d’Espagne qu’a vécu ou subi le père de Sergio Cabrera dans sa jeunesse. Son père s’est retrouvé émigré en Amérique Latine avec une partie de sa famille, après avoir fui l’Espagne franquiste. Il a toujours défendu des idées de gauche et a transmis à son fils et à sa fille des idées de lutte sociale. Il les a envoyés tous les deux dans la Chine de Mao pour être formés comme soldats, puis les a poussés à s’enrôler dans la guérilla colombienne.

Juan Gabriel Vásquez raconte l’histoire de Sergio Cabrera comme une rétrospective : il part du moment où Sergio est invité à Barcelone, alors que son père vient de mourir en Colombie, pour présenter une rétrospective de ses films. C’est l’occasion pour lui de retrouver son fils aîné qui vit en Espagne et qu’il voit donc très peu. Et de transmettre. Mais il a beaucoup changé depuis son expérience de jeune guerrillero et il veut transmettre d’autres valeurs à son fils. Des valeurs de paix, de partage, de tolérance.

Nous suivons alors l’histoire de Sergio adolescent parti en Chine et intégré dans le groupe des gardes rouges (dont la mission était de contribuer à implanter l’idéologie prolétarienne).

Après quelques années passées en Chine, leurs parents les font revenir en Colombie, car une fois formés ils vont pouvoir poursuivre la lutte et intégrer la guérilla en Colombie. Là ils vivent une longue période difficile, puis ils seront amenés, peu à peu, à prendre du recul…

Nous comprenons qu’au départ, le père et la mère de Sergio ont décidé de se sacrifier et de sacrifier leur famille pour la lutte, parce que la lutte armée était là pour défendre des idées humanistes, créer une société plus juste, plus égalitaire, où les gens souffriraient moins, … mais à cause de la violence, tout cela a peu à peu perdu son sens…

Je vous parle de ce magnifique roman dans une courte vidéo sur ma chaîneYoutube : c’est par ici !

Rachel Mihault

Une rétrospective, de Juan Gabriel Vasquez, traduit en français par Isabelle Gugnon, éditions du Seuil, 2022