samedi, juillet 13, 2013

Leonora, de Elena Poniatowska


Née en 1932 à Paris, Elena Poniatowska est une journaliste et romancière mexicaine reconnue. Son ouvrage le plus connu est aujourd'hui encore La noche de Tlatelolco, écrit suite au drame du massacre des étudiants à Mexico en 1968. Dans son dernier roman (prix Biblioteca Breve 2011), elle s'intéresse à la vie de Leonora Carrington (1917-2011), artiste peintre et romancière britannique dont elle était proche.




Déjà très jeune, Leonora est une enfant précoce et talentueuse, un peu fantasque et rebelle. Elle vit une enfance protégée ; mais lorsque, jeune fille, elle décide de consacrer sa vie à l'art et de s'installer à Paris, elle est rejetée par son père. Elle rencontre Max Ernst et vit heureuse et épanouie au milieu des artistes surréalistes. Puis lorsque Max est déporté en camp de concentration, elle bascule peu à peu dans la folie.
C'est au Mexique qu'elle retrouvera un semblant de stabilité, une vie de famille et d'artiste accomplie.

Elena Poniatowska s'est offerte et nous offre un sujet en or, en romançant la vie de Leonora Carrrington. Elle nous permet d'entrer dans son intimité, peint le décor qui l'entoure, les amis qui l'accompagnent, le monde qui l'environne.
L'emploi du présent de narration a pour effet de nous rapprocher de Leonora, comme si nous vivions avec elle les événements relatés. Les chapitres courts apporte un certain dynamisme. Nous sommes emportés et nous dévorons ce roman de 508 pages !

En voici un court extrait, un beau portrait d'une femme forte et fragile à la fois :

« Leonora se da cuenta de que a medida que pasa el tiempo la angustia regresa con más ímpetu. Se esfuerza por mantener el equilibrio pero hay mañanas en las que no tiene ganas de levantarse de la cama. La voz de Gaby y Pablo es el hilo que la saca del laberinto. La pintura en el caballete la llama.

  • A lo mejor es tu angustia la que te hace pintar. Respeta a tu angustia -interviene Chiki, que lleva y trae a los hijos.
  • « ¿Y si regreso a Inglaterra y mando todo al demonio ? », se pregunta. « Pero ¿qué es todo ? Pero aún : ¿vale la pena ese « todo » a costa del exilio ? »
Rachel Mihault

Elena Poniatowska, Leonora, Seix Barral, Barcelone, 2011 (disponible également en français chez Actes Sud, grâce à la traduction de Claude Fell)

dimanche, juin 30, 2013

Ce fut une très belle soirée !

Nous avons tous passé une très belle soirée, lundi 24 juin, salle Pétrarque !
Merci à ces trois grands auteurs que sont Rafael Cadenas, Carlos Vitale et Diego Valverde Villena, ainsi qu'au modérateur Karim Benmiloud (professeur à l'Université Montpellier 3) et à Carlos Tous pour sa lecture des traductions françaises des poèmes choisis par les auteurs invités.








Merci pour nous avoir accompagnés en lectures et en musique à
Jean Gelbseiden et l'association Mots passants http://motspassants.free.fr/spip/
Michel Arbatz http://michelarbatz.com/
Marina Andrea Tirado http://agatamusica.net/

Merci également à nos partenaires : les éditions Candaya, l'association CID International, la librairie Un jardin de livres, l'université Paul Valéry et merci beaucoup au restaurant L'oignon givré, où la soirée s'est poursuivie pour une très belle fête de début d'été !

Merci au public, venu nombreux et reparti ravi ! A très bientôt pour une prochaine rencontre littéraire et poétique avec les Amitiés franco-colombiennes de Montpellier !

mardi, juin 18, 2013

Rafael Cadenas

 Poète, essayiste et traducteur vénézuélien, né en 1930 à Barquisimeto, Rafael Cadenas offre une oeuvre poétique dense, qui a été traduite en plusieurs langues. Son oeuvre est reconnue comme majeure en Amérique Latine et en Espagne. Il s'est vu décerner plusieurs prix prestigieux : le prix national de l'essai en 1984, le prix national de poésie en 1992 et le prix FIL de littérature en langues romanes en 2009.
Si, grâce à notre association, Amitiés franco-colombiennes de Montpellier, vous avez déjà fait connaissance avec Rafael Cadenas, vous serez heureux d'apprendre qu'il sera de nouveau parmi nous, lundi 24 juin, salle Pétrarque à Montpellier !
Si vous n'avez pas encore pu le rencontrer, venez faire sa connaissance !
Merci à Daniel Mordzinski pour ces magnifiques photos.








Voici pour vous quelques extraits de sa nouvelle anthologie :

du recueuil INTEMPERIE/INTEMPÉRIE (1977)

¿Cómo pudo
volverse tribunal
de su vida
(no es sino la sala
donde se reúne
a rumiar fallos)
el
que menos juzga,
el
que existe desde su cuerpo,
el
menos
concluyente de
los nacidos?

*

Muerde,
traga,
recibe
lo necesitas,
lo está pidiendo a gritos tu cuerpo,
lo reclama tu pecho a voces,
lo esperan tus rodillas.
Come cuanto antes este plato.
Tus manos no se sentirán flojas en la
mañana.
Toma el bocado que te
corresponde,
el escogido para ti,
el que alguien puso en tu mesa
para que vivieras con él.

Comment a-t-il pu
devenir tribunal
de sa vie
(il n’est que la salle
où il se réunit
pour ruminer des sentences)
celui
qui juge le moins,
celui
qui existe depuis son corps,
le
moins probant
de tous ceux qui sont nés ?

*

Mords,
avale,
reçois
tu en as besoin,
ton corps le demande à grands cris,
ta poitrine le réclame à tue-tête,
tes genoux l’espèrent.
Mange ce plat au plus vite.
Tes mains ne se sentiront plus molles le matin.
Prends le morceau qui te revient,
celui qui a été choisi pour toi,
celui que quelqu’un a mis sur ta table
pour que tu partages ta vie avec lui.

*


Me sostiene este
vivir en vilo
sin ninguna señal
ni mapa
ni promesa,
en una antesala donde todos trajinan
como empleados
para olvidar.


*

Es recio haber sido,
sin saberlo, un jugador,
y encontrarse
tocando
como una carta
el destino.

Ya no hay más jugadas sino un ponerse
en manos desconocidas.


Ce qui me fait tenir
c’est vivre en suspens
sans aucun signe
ni carte
ni promesse,
dans une antichambre où tous s’affairent
comme des employés
pour oublier.


*


C‘est rude d’avoir été,
sans le savoir, un joueur,
et de se retrouver
en train de risquer
comme une carte
le destin.


Il n’y a plus de coups à jouer, seulement s’en remettre
à des mains inconnues.


Du recueil gestiones/ DÉMARCHES (1992)
[…]

Lo que miras a tu alrededor
no son flores, pájaros, nubes,
sino
existencia.

No, son flores, pájaros, nubes.


*

¿Quién es ese que dice yo
usándote
después te deja solo?

No eres tú,
tú en el fondo no dices nada.

Él es sólo alguien
que te ha quitado la silla,
un advenedizo
que no te deja ver,
un espectro
que dobla tu voz.

Míralo
cada vez que asome el rostro.


[…]
Ce que tu regardes autour de toi
ce ne sont pas des fleurs, des oiseaux, des nuages,
mais
de l’existence.


Non, ce sont des fleurs, des oiseaux, des nuages.




*




Qui est donc celui-là qui dit moi
en t’utilisant
pour ensuite te laisser seul ?


Ce n’est pas toi,
toi au fond tu ne dis rien.


Lui, c’est seulement quelqu’un
qui t’a enlevé ta chaise,
un dernier venu
qui ne te laisse pas voir,
un spectre
qui double ta voix.


Regarde-le
chaque fois qu’il montre le visage.






Ocurre que después del laborioso forcejear
el poema
está donde menos se esperaba,
donde nadie lo buscó,
donde no se ve,
en el rincón más apagado.

Vino a dar ahí
burlando al que escribía, al lector, a la página.
Se deslizó hasta ese lugar
donde de pronto
es descubierto.
Aquí,
dice una voz queda.
Oculto
como un niño
en un cuarto
donde se guardan viejos muebles.






Il arrive qu’après de laborieux efforts
le poème
se trouve là où on s’y attendait le moins,
là où personne ne l’a cherché,
là où on ne le voit pas,
dans le recoin le plus obscur.


Il a abouti là
déjouant celui qui écrivait, le lecteur, la page.
Il s’est glissé jusqu’à cet endroit
où soudain
il est découvert.
Ici,
dit une voix basse.
Bien caché
comme un enfant
dans une chambre
où l’on garde de vieux meubles.



dimanche, juin 16, 2013

Carlos Vitale

Carlos Vitale est un poète et traducteur argentin, né en 1953 à Buenos Aires.


Voici un extrait de son recueil Unidad de lugar, paru en 2004 aux éditions Candaya :

IMÁGENES
Quien habla (en el relato)
no es quien escribe (en la vida)
y quien escribe no es quien es.
Roland Barthes

1
Los ojos del delirio
aman su propia realidad

Yo amo la mía

Ninguna sostiene mi paso dudoso

Corazón deshabitado
el ángulo modela la visión del objeto

Monótona voz

Reflejos de reflejos me acompañan

Ya no hay lugar que aloje tanto duelo

2
A través de una ventana en movimiento
hay dos ojos que roban mi presencia

¿A quién pertenecerá esa imagen
al ojo que mira lo que ve
o al cuerpo que se cree no mirado?

¿Bajo qué luz
bajo qué suerte de luz
habré sido alumbrado doblemente

para no ser

para ser
no más
esta creación del cuerpo y la mirada
que destruyen así
su propio límite?

3
Párpados

Sueño con párpados

Para poblar la luz sueño con párpados

Sueño

También de claridad se elevan muros

Párpados

Solo en la noche

Sólo en la noche veo

Todo esplendor anuncian toda muerte

Párpados

El miedo de la percepción es una cruel medida

Il sera notre invité, avec Diego Valverde Villena et Rafael Cadenas, lundi 24 juin salle Pétrarque à Montpellier. Venez le rencontrer !
Entrée libre dans la limite des places disponibles.













vendredi, juin 14, 2013

Diego Valverde Villena

Diego Valverde Villena est un poète et essayiste hispano-péruvien, né à Lima en 1967.


















(Re)découvrez quelques extraits de son anthologie Un segundo de vacilación (2011) :

Mapa 

Ese mapa que me diste
de tu corazón
es como uno de esos mapas turísticos:
todo lo hermoso
está cerca
y las calles son cortas
y las rutas diáfanas.

Pero luego
las distancias no corresponden
hay calles que no están señaladas
y los caminos son complejos
e intrincados.

Y ya es muy tarde, porque me he adentrado
en la ciudad, y no hay vuelta
atrás.

Tus ojos miran muy lejos
y ya no me sirven de referencia.
Me he perdido
irremisiblemente.

Voz 

Ah pero tu voz así de golpe tan inesperada
tan nueva y tan antigua
tan debajo de mi línea de flotación.
Los hertzios exactos: el número clave
la contraseña que abre
la caja de seguridad en mi memoria
Tu voz de terciopelo enriquecido
que se agarra a mi interior
y horada mis entrañas
Que se reproduce con cada uno de mis latidos
para colonizar mi sangre
tu voz que se aferra a mi memoria como un liquen
que me arroja al calabozo de tus ojos

la guadaña de tus ojos

mardi, juin 11, 2013

Un dimanche sur la Comédie du livre 2013

Nous avons eu le plaisir de partager avec le public quelques lectures du grand auteur colombien Juan Gabriel Vásquez ce dimanche 9 juin, en partenariat avec la librairie Un jardin de livres à Montpellier. Nous avons lu quelques passages, en espagnol et en français, de : Les dénonciateurs, Historia secreta del Costaguana, et El ruido de las cosas al caer (Le bruit des choses qui tombent). Des romans à recommander !



vendredi, juin 07, 2013

Rencontre littéraire le 24 juin, salle Pétrarque

Notre association vous invite à une grande soirée littéraire, ce lundi 24 juin, salle Pétrarque à Montpellier.
Rencontre avec Diego Valverde, Rafael Cadenas et Carlos Vitale.
Participation du Professeur Karim Benmiloud (Université Montpellier 3) et de la maison d’édition Candaya


"Poesía es la unión de dos palabras que uno nunca supuso que pudieran juntarse, y que forman algo así como un misterio".
García Lorca, poète espagnol
"Tienes que amar la lectura para poder ser un buen escritor, porque escribir no empieza contigo".
Carlos Fuentes, écrivain méxicain
"Un poème n'est jamais fini, seulement abandonné".
Paul Valéry, poète français

L'écriture est-elle une vocation ? Comment devient-on écrivain ?
Ecrire est-il un métier qui s'apprend ?
Peut-on vivre de sa littérature et si oui, de quelle manière?
Quel genre littéraire est-il le plus apprécié des lecteurs ?
La littérature nous aide-t-elle à vivre ?

Voici quelques-unes des questions auxquelles tenteront de répondre nos trois auteurs
invités…
Diego Valverde Villena, poète hispano-péruvien
Carlos Vitale, poète et traducteur argentin
Rafael Cadenas, écrivain renommé, l'une des voix les plus importantes de la littérature hispanophone
Accompagnés du professeur Karim Benmiloud, spécialiste en littérature latinoaméricaine de l’Université Montpellier 3

Nos invités nous proposeront une lecture de leurs textes, suivie d'un échange entre eux et avec le public présent.
Nous tenterons ainsi de mieux connaître et comprendre la situation de l'écrivain, tant en Espagne ou en Amérique Latine, qu'en France… car écrire et lire sont des actes culturels qui changent selon le temps et l’espace. Chacun des écrivains nous offrira sa réflexion intime autour de la lecture, l'écriture et la littérature.
Cette rencontre sera suivie d'une séance de dédicaces puis d'un buffet latinoaméricain et d'un concert  proposé par Marina Andrea Tirado, compositrice,chanteuse et guitariste colombienne 
 http://www.agatamusica.com/
L'entrée est libre, venez avec vos amis !

samedi, mai 25, 2013

Les Assises internationales du roman, à Lyon

Fondée en 1987 à l’initiative de la région Rhône-Alpes, la Villa Gillet est une institution culturelle qui s’intéresse à la pensée sous toutes ses formes : littérature, sciences humaines et sociales, philosophie, arts vivants.
Elle organise, à partir du lundi 27 mai, en partenariat avec le journal Le monde, la 7e édition des Assises Internationales du Roman, à Lyon.
En offrant de croiser les regards, les débats, tables rondes et entretiens proposent un éclairage original sur des questions littéraires (le crime dans la littérature, la rôle de la mémoire, les liens entre réalité et fiction…) mais aussi plus largement sur des enjeux de société (la mondialisation, l’écriture de la catastrophe…).
> Vendredi 31 mai : Prix littéraire du Monde
Pour la première fois, Le Monde va décerner cette année un prix littéraire, en partenariat avec la Ville de Lyon.
A noter, parmi les nombreux invités à cette manifestation, la présence de Horacio Castellanos Moya, Christine Angot et Antonio Múñoz Molina.
Consultez le programme sur le site officiel de la Villa Gillet :
http://www.villagillet.net/portail/air/presentation/

mardi, mai 21, 2013

Juan Gabriel Vásquez

"On pouvait facilement admettre qu'il avait relu les lettres du vieux Konrad le matin où on père était venu le voir ; j'ai imaginé la fraîcheur du ressentiment, l'actualisation du mépris ; j'ai imaginé Enrique se remémorant ces textes pendant que mon père parachevait son petit discours de contrition. Mais surtout j'ai imaginé le cours d'une vie consacrée à la reconstitution documentaire de scènes d'une autre vie. C'était à cela que s'était voué Enrique : les documents qu'il avait rassemblés étaient son lieu dans le monde." Juan Gabriel Vásquez, Les dénonciateurs, Actes Sud, 2008 pour la traduction française

C'est avec ce roman que les lecteurs ont, en 2004, découvert l'auteur colombien Juan Gabriel Vásquez. Depuis, ils ne le lâchent plus !

Nous aurons le plaisir de le rencontrer et de proposer une lecture publique de plusieurs de ses romans, dimanche 9 juin à 11h, en partenariat avec la librairie Un jardin de livres (sur le stand de la librairie, dans le cadre de la Comédie du livre de Montpellier).
Pour en savoir plus sur cet auteur, consultez le blog de l'afcm
http://www.amitiesfrancocolombiennesmontpellier.blogspot.fr/

Consultez également sur ce blog la présentation de son dernier roman, Le bruit des choses qui tombent (El ruido de las cosas al caer) par l'un de nos lecteurs, Carlos Tous
http://versionlibreorg.blogspot.fr/2012/10/juan-gabriel-vasquez-el-ruido-de-las.html

Vous pourrez également assister à deux autres entretiens avec Juan Gabriel Vásquez sur la Comédie du livre :
vendredi 7 juin à 11h : entretien avec Karim Benmiloud et Carlos Tous (Université Montpellier 3, site St Charles)

samedi 8 juin à 15h30, espace Pierre Torreilles


http://www.coeurdelivres.fr/comedie-du-livre/edition-2013/carte-blanche-a-mathias-enard.html

mardi, avril 30, 2013

Station service, de Anne Bourrel

L'auteure, Anne Bourrel, est née en 1970. Après des études de lettres, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture de romans, pièces de théâtre et nouvelles. Elle organise également des ateliers d'écriture.



Un bordel à La Junquera, nommé le Gran Madam's. L'héroïne du roman, une étudiante en lettres roumaine nommée Bégonia, s'est retrouvée coincée là et vit de la prostitution. Elle tient grâce à la drogue et à l'alcool.

Cet extrait, situé au tout début du roman, en donne le ton :

« Son regard enfle.
Il défait son pantalon, je fais tomber les bretelles à paillettes. Je fais glisser la culotte, il garde sa chemise à carreaux sur le dos, il enfile le plastique sur son truc. J'ai les yeux qui voient pas, je vole, je flotte, je me mets ailleurs.
Il entre, s'affale, son souffle s'accélère, ses coups aussi, ça va durer longtemps, je suis secouée comme un arbre, secouée, secouée, secouée. »

Le lecteur est un peu surpris par cette description assez rude et très réaliste.
Un peu plus loin, Bégonia décide de fuir cet endroit de perdition avec son souteneur. Tous deux, accompagnés de leur homme de main, le Chinois, partent pour travailler dans un bordel de luxe. Sur leur route, ils rencontrent Marielle, une jeune fille un peu paumée qui a fugué et leur demande de la raccompagner jusque chez elle. Une aventure commence pour le trio. Ils aboutissent dans une station service près de Carcassonne, et découvrent le quotidien un peu terne de la jeune fille.
Peu à peu, ils se rendent compte qu'elle cache une grande souffrance. 
Au fil de l'histoire, Bégonia va beaucoup évoluer et peut-être même découvrir l'amour.

Ce roman, qui peut paraître rude au premier abord, est en fait agréable à lire grâce au langage parlé et surtout grâce à l'humour qui le traverse. Nous sommes face à une tragédie grecque adaptée à notre contemporanéité.

Nous recommandons ce roman à la traduction.

Claire Amiel

lundi, avril 22, 2013

La France sur le salon du livre de Bogota

Quatre ans après l'invitation de la France à la Foire du livre de Bogota, dont la 26e édition se déroule du 18 avril au 1er mai, le livre en français se maintient difficilement malgré les efforts faits pour l’apprentissage de la langue et la résistance de la librairie française.

plus d'infos sur 
http://www.francelivre.org/Actualites/Carte-blanche-a-Livres-Hebdo/Temps-de-solitude-pour-le-livre-francais-en-Colombie
 

jeudi, avril 18, 2013

Colloque international de littérature

Un colloque international de littérature aura lieu ce vendredi 19 avril à la Cité universitaire à Paris. Avec un programme très intéressant !
Pour plus d'informations, consultez ce lien.
http://mal217.org/ai1ec_event/ix-coloquio-internacional-de-literatura/

samedi, mars 23, 2013

Salah Stétié

Nous avons lu Salah Stétié : 
un colloque sera consacré à ce grand auteur le jeudi 4 avril à la BNF !
Petit auditorium (hall Est)
Entrée Ouest
Quai François-Mauriac, Paris 13e


Salah Stétié, né à Beyrouth en 1929, est l'un des principaux poètes et essayistes contemporains de langue française. Auteur d'une cinquantaine de livres, poésie et prose, il a également collaboré avec de nombreux artistes à la création de livres d'artiste. L'ensemble de ces derniers ouvrages (où l'on retrouve, entre autres, les noms d'Alechinsky, de Tapiès, d'Ubac, de Velikovic, de Titus-Carmel, de Hollan, etc.) font actuellement l'objet d'une grande exposition au Musée Paul Valéry de Sète). Une autre exposition regroupant des manuscrits, des oeuvres sur papier et de nombreux documents relatifs à l'oeuvre et à la vie du poète se tient actuellement à la Galerie des Donateurs de la Bibliothèque nationale de France.

Voici le programme du colloque :
matin
10h00 > Ouverture
Bruno Racine, président de la BnF
Président de séance de la journée : Daniel Leuwers, professeur émérite à l’Université François-Rabelais, Tours
10h15 > La donation et l'exposition Salah Stétié à la BnF
Marie Minssieux, commissaire de l'exposition
10h30 > Entretien avec Salah Stétié
Daniel Leuwers
11h00 > « Salut à Salah »
Michel Deguy, poète
11h15 > Lectures
Christian Gonon, sociétaire de la Comédie française
11h30 Pause
11h45 > La poésie de l’étranger
Michael Edwards, de l’Académie française
12h15 - 12h45 > Salah Stétié, le monde et le mot, noyau d’une méditation
Béatrice Bonhomme, professeur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis
après-midi
14h30 > Salah Stétié, poète du feu
Jean-Yves Masson, professeur à la Sorbonne
15h00 > Salah Stétié : le dialogue avec la couleur
Maïthé Vallès-Bled, directrice du musée Paul Valéry de Sète
15h30
Lectures
Christian Gonon
15h45 Pause
16h00 > Une vie en Mémoires
Jean-Luc Barré, éditeur, directeur de la collection Bouquins, éditions Robert Laffont
16h30 > Transparence du bleu
Pierre Brunel, Professeur honoraire à la Sorbonne
17h00 > Arabesques autour de Salah Stétié
d’Alain Rey, écrivain lexicologue
17h30 - 19h > Concert
Julien Jalal Eddine Weiss


Attention : l'exposition au musée Paul Valéry se termine le 31 mars. Courez-y !
http://www.museepaulvalery-sete.fr/salah_stetie_et_les_peintres.php

mercredi, mars 20, 2013

Le site internet de l'afcm

La semaine culturelle 2013 de notre association a été un succès !
Merci à toute l'équipe ! Merci à vous tous qui avez participé !
Notre nouveau site internet est en ligne
http://amitiesfrancocolombiennesmontpellier.fr/
Il est encore en construction. Toutes vos critiques constructives seront les bienvenues !

Vous pouvez aussi consulter le blog de l'afcm
http://www.amitiesfrancocolombiennesmontpellier.blogspot.fr/

ainsi que notre page facebook
https://www.facebook.com/pages/AFCM/483621001698823?fref=ts
Et bien sûr, continuez à visiter régulièrement ce blog !

jeudi, mars 07, 2013

Les oreilles du loup, de Antonio Ungar

Dans Les oreilles du loup le monde de l'enfance se mêle à l'écriture de l'adulte pour raconter 6 ans de la vie d'un petit garçon.
Face à la réalité : la séparation des parents, l'absence du père, la tristesse de la mère, l'incompréhension à l'école, les difficultés matérielles, la méchanceté de la grand-mère...l'enfant se réfugie dans un monde hybride ou rêve et imagination se confondent.
Sur un territoire colombien qui va de la savane au Rio Magdalena, des Llanos Orientales à l'intérieur des terres, c'est un parcours d'initiation au bonheur que nous raconte Antonio Ungar d'une voix fraîche et limpide.
La vie, elle est dans les savanes, les plaines, les montagnes, autant de territoires de liberté, immensités colorées et rassurantes qui s'opposent à "la terrible grande ville du froid", espace gigantesque mais cloisonné, surveillé, en ruines, où le ciel est bas, où on voit la misère.
La ville est en négatif mais omniprésente, inévitable.
On prend plaisir à lire cette tranche de vie qui, entre naïveté et lucidité trouve le ton juste pour parler d'un petit garçon et d'un pays.

Michèle Montagut
Les oreilles du loup, Antonio Ungar, Paris, Points, 2004 pour la traduction française

vendredi, mars 01, 2013

Colombi'Arts

Littérature et arts colombiens seront à l'honneur pour l'inauguration de la semaine culturelle de notre association Amitiés franco-colombiennes de Montpellier, jeudi 15 mars 2013 (salle Jacques Ier d'Aragon, Montpellier, tram 1, 3 et 4 Rives du Lez).
L'ouverture se fera en effet autour des expressions artistiques urbaines en Colombie :
le comité de lecture, exceptionnellement ouvert au public, réfléchira autour des questions suivantes :

La littérature colombienne contemporaine : la ville racontée par les arts 

Comment les arts  plastiques, la musique, la danse ou le cinéma contribuent-ils à revitaliser le tissu narratif ?Peut-on parler d’une nouvelle génération littéraire en Colombie ? En quoi les stratégies narratives de cette « génération » sont-elles novatrices ? La présentation de quelques ouvrages nous donnera l’occasion d’en discuter.

La conférence de Natalia Ruiz-Poveda, historienne de l'art, nous permettra d'en savoir plus sur l'art urbain en Colombie :

L’art dans la rue : nouvelles expressions de la contreculture colombienne

De quoi parle-t-on lorsque l'on évoque « l’art urbain »? Quel rôle joue-t-il dans nos sociétés et dans la culture colombienne? Quel est le contexte dans lequel il a lieu ? Nous étudierons les thèmes généraux de ces manifestations artistiques, les techniques utilisées, le lieu où il se produit et son importance dans la société. Nous verrons également quels sont ses liens avec la contreculture colombienne, comme le hip hop ou le punk, et nous l’illustrerons avec les œuvres de deux collectifs actifs aujourd'hui à Bogotá : Toxicómano y Excusado Printsystem.

mardi, février 19, 2013

Congreso Iberoamericano de Literatura Infantil en Bogotá

"La capital colombiana será escenario del 5 al 9 de marzo del segundo Congreso Iberoamericano de Lengua y Literatura Infantil y Juvenil (Cilelij) que albergará a más de 50 escritores que discutirán durante el encuentro sobre la situación de las letras dirigidas a los niños y jóvenes", informó este lunes la prensa internacional.
para saber más 
http://www.telesurtv.net/articulos/2013/02/18/bogota-sera-sede-en-marzo-de-ii-congreso-iberoamericano-de-literatura-infantil-y-juvenil-5815.html#disqus_thread 

mercredi, février 13, 2013

Sin remedio, de Antonio Caballero



El autor
Antonio Caballero (Bogotá, 1945) es un escritor, periodista y caricaturista colombiano. Cursó estudios de ciencias políticas en Francia y ha trabajado como periodista y columnista para diversos medios de comunicación en Colombia y Europa. Es un gran aficionado de la tauromaquia y en 1992 escribió el ensayo “Toros, toreros y público”. En 1999 ganó el Premio Nacional de Periodismo Planeta por el libro “No es por aguar la fiesta”, una recopilación de sus mejores notas políticas.
La obra
Los lectores de las columnas de opinión de Antonio Caballero, encontrarán en su novela Sin Remedio el mismo tono cáustico e irónico que se ha convertido en el sello particular de este singular escritor y periodista que aborda sin tapujos la realidad colombiana con todas sus contradicciones. Considerada por la crítica como la “gran novela” sobre Bogotá, Sin Remedio narra la historia de Ignacio Escobar, un poeta de 33 años miembro de una familia de clase alta, quien se debate entre la falta de inspiración para escribir un buen poema y sus enredos sentimentales con varias mujeres. La obra, publicada en 1984, se desarrolla en los años setenta en una época donde ciertos males que hoy aquejan a Colombia, como el narcotráfico y el secuestro, estaban apenas en gestación.
Caballero recrea con detalle la vida cotidiana de la aristocracia bogotana mostrando los contrastes entre una mayoría que continúa aferrada a sus apellidos, privilegios económicos y prejuicios de clase, y un grupo de jóvenes militantes “burgueses” que tratan de conciliar su posición de clase con sus inclinaciones sociales y sus reivindicaciones políticas de izquierda. Bogotá, con su división simbólica entre el norte rico y el sur pobre, se convierte no solo en escenario sino en protagonista de las andanzas de Escobar, quien transita sin problema por las distintas zonas de la ciudad pasando tranquilamente de las refinadas fincas de la sabana y los restaurantes de lujo a los prostíbulos y los bares del mala muerte.
A pesar de su inercia y casi sin proponérselo, Escobar resulta siempre presente en el lugar de la acción. El poeta frustrado que solo quiere un poco de descanso para escribir su poema, se ve enredado en todo tipo de dramas que van desde simples riñas con la vecina de arriba hasta un intento de homicidio pasando por episodios de persecución política, insurgencia y terrorismo. Más que una víctima de las circunstancias, Escobar es el mártir de su propia indolencia. A lo largo de la extensa novela, sus familiares, amigos y amantes no hacen más que echarle en cara su pereza y apatía. Escobar es un testigo flojo que mira la vida con desgano pero al mismo tiempo tiene la lucidez para reconocer la hipocresía y la incoherencia de una sociedad “sin remedio” que intenta modernizarse en un clima de inestabilidad económica, corrupción y represión política.
La novela está disponible en francés bajo el título “Un mal sans remède”, de la editorial Belfond. Traducción de Jean-Marie SAINT-LU.

Por María Inés McCormick
Sin Remedio, Antonio Caballero, ed. Alfaguar, 2006, (Primera edición 1984), 576 pág.


vendredi, janvier 04, 2013

Bonne année 2013 !







Souhaitons-nous, souhaitons à notre comité de lecture une très bonne année 2013, et la réalisation de tous nos projets !
Depuis plus d'un an déjà nous nous réunissons chaque mois Espace Jacques Ier d'Aragon à Montpellier. Nous sommes déjà une vingtaine de fidèles lecteurs et nous aimerions encore agrandir notre groupe ! Voici un petit historique et une présentation de notre comité de lecture, destinée aux amoureux des livres : si vous aimez lire en espagnol et/ou en français, si vous souhaitez nous faire partager vos coups de cœur, venez vous joindre à nous !
Ce comité de lecture des Amitiés franco-colombiennes de Montpellier est né d'une rencontre. Paula et moi nous sommes connues en février 2011, grâce à Mónica. J'avais envie que puisse être créée une bibliothèque au sein de l'Espace Jacques Ier d'Aragon, lieu dédié aux cultures occitane, espagnole, latino-américaine et portugaise. Paula souhaitait faire partager son amour pour la littérature et son expérience de la promotion de la lecture.


L'association AFCM, grâce à Mónica qui en était alors la présidente, nous a aidée à définir et à organiser notre projet de comité de lecture. Nous avons décidé de le consacrer à la découverte des auteurs français, espagnols et latino-américains, pas ou peu connus de chaque côté de l'Atlantique. Notre but serait de partager nos lectures, d'une part, et d'autre part d'aider à la promotion des œuvres qui selon les membres du comité de lecture mériteraient d'être traduites (de l'espagnol vers le français, ou du français vers l'espagnol).
Nous avons peu à peu développé des liens et commencé à travailler avec : Languedoc-Roussillon Livre et Lecture, des éditeurs, des revues, la librairie Un jardin de livres, le réseau des médiathèques de l'agglomération de Montpellier. 


Nous organisons également des rencontres avec des auteurs et des professionnels de la chaîne du livre, parfois en partenariat avec d'autres associations ou des librairies.

Dès octobre 2011, nous avons constitué un petit groupe de lecteurs, qui nous sont restés fidèles depuis lors : Franca, Michèle, Claire, Serge et Leti. Mónica et Claudia, alors présidente et vice-présidente de l'association, nous ont appuyées et sont rapidement devenues des fidèles du comité de lecture.
Je veux remercier ici, chaleureusement, ce groupe de fidèles lecteurs qui, grâce à leur enthousiasme, leur entrain, leur sens du partage, leur amour des livres et de la littérature, nous donnent envie à Paula et à moi de poursuivre l'aventure, d'aller de l'avant et d'être créatives !


Merci également à Sophie, libraire de Un jardin de livres, qui nous met à disposition des livres en espagnol et en français et nous fait bénéficier de ses précieux conseils de professionnelle !


Johanne, Marie-Ange et Maria Inés sont à leur tour devenues des membres fidèles de notre groupe de lecteurs.
Patricio, Annie et Gabrielle se sont également joints à notre groupe.
Les nouveaux venus sont enfin Carlos, Antonio, Julio et Mariangela (nouvelle vice-présidente de l'AFCM). Merci beaucoup à tous pour tout ce que vous nous apportez.


Et ce n'est pas fini ! Nous espérons bientôt accueillir de nouveaux membres !
Par ailleurs, nous avons la chance d'avoir à notre disposition une belle salle de réunion grâce à la Mairie de Montpellier.
Que demander de plus ?
Nous nous retrouvons un samedi par mois autour d'un café (colombien!) et chacun(e) présente (ou pas) au groupe le dernier livre qu'il (elle) a lu et aimé (ou pas...). Nous avons ainsi pu sélectionner un certain nombre de livres à conseiller et à traduire si cela n'a pas encore été fait. Vous en trouverez une présentation sur ce blog, que nous nous efforçons de mettre à jour régulièrement, même si nous manquons parfois de temps... Notre blog ne reflète pas encore totalement, c'est dommage, la quantité de livres lus ni la qualité de nos échanges. 



Notez que l'idée n'est surtout pas de nous transformer en critiques littéraires, loin de là, mais tout simplement de partager et faire découvrir nos coups de cœur, comme des lecteurs communs et ordinaires que nous sommes ! Cela n'empêche nullement une certaine qualité dans nos échanges, venez et vous verrez !
Pour cette année 2013 nous avons plein de projets, que nous vous dévoilerons... patience... peu à peu : rencontres avec un éditeur, une traductrice, plusieurs auteurs...
Et le comité de lecture est en lien avec les autres activités de l'association Amitiés franco-colombiennes de Montpellier !
Nous proposerons notamment une table ronde dans le cadre de la semaine culturelle de notre association, du 14 au 17 mars 2013. Cette semaine culturelle proposera une palette d'activités : expo photos, atelier cuisine, cours de salsa et de zumba, atelier enfants, ciné-débat, rencontre littéraire, … et plein d'autres belles surprises ! A ne surtout pas manquer !
Et puis le comité de lecture sera de nouveau présent sur le festival de cinéma AFCM version 2013 ! (prévu pour novembre) A noter d'ores et déjà dans vos agendas !

Je m'adresse aujourd'hui à vous en tant que co-fondatrice et co-animatrice du comité de lecture, mais aussi plus largement en tant que directrice de l'association Amitiés franco-colombiennes de Montpellier. Je veux dire ici combien je suis ravie de partager mon temps et mon énergie avec l'équipe AFCM : un groupe très uni, sympathique, enthousiaste, chaleureux.
En octobre 2011, lorsque nous avons commencé les réunions du comité de lecture, je venais de vivre une rupture dans ma vie sentimentale et dans ma vie professionnelle. Le comité de lecture m'a permis d'aller de l'avant. Depuis octobre 2012, j'ai l'honneur et le bonheur d'être directrice de l'association Amitiés franco-colombiennes de Montpellier. Je suis heureuse d'avancer chaque jour dans la réalisation de nouvelles activités, d'aller de découverte en découverte, de belle rencontre en (encore plus) belle rencontre, et de contribuer à développer les échanges culturels entre la France et la Colombie, et plus largement entre la Méditerranée et l'Amérique Latine. Les projets sont nombreux, pour 2013 et pour la suite : nous mettrons toute notre énergie pour les mener à bien avec les membres du Bureau : Ruth, Mariangela, Serge et Stéphane.
Pour terminer, j'aimerais inviter les autres participants au comité à faire partager comme je l'ai fait ici leur expérience et leurs découvertes littéraires, afin de donner envie à de nouveaux lecteurs de se joindre à nous et de venir encore enrichir notre groupe.
Si vous souhaitez en savoir plus : n'hésitez pas, contactez nous !

afcm@hotmail.fr
Vous pouvez aussi laisser ici vos commentaires.
A très bientôt
Rachel Mihault  

dimanche, décembre 16, 2012

Rencontre avec Stephen Bertrand


Nous avons été très heureux d'accueillir Stephen Bertrand, poète montpelliérain, samedi 15 décembre, comme invité de notre comité de lecture. Ce fut une rencontre très agréable pour tous car Stephen Bertrand est comme sa poésie : tourné vers les autres. 
Il nous a fait le plaisir de nous lire des extraits de son oeuvre, largement inspirée par ses nombreux voyages à travers le monde et sans doute aussi nourrie de sa grande expérience de formateur en français langue étrangère (il aime l'idée d'"accompagner" ou de "marcher avec"). La thématique de la rencontre est ainsi très importante dans ses oeuvres, tout comme la rencontre texte-photographie.

Avant le colibri
comme pour ouvrir une voix

              A la fin son poème se lève et marche.
              Luis MIZON

Au premier rêve du rêve
c'était d'eau verte.
C'était calme et sel
aux commissures des vagues
sans bouches.
Et j'étais loin, si loin
de l'herbe-poème,
pas même maté
dans la bombilla du songe.
C'était calme et sel
à l'harmonica des soleils
pas même l'Inca
mais le silence rougeoyant
de la musique sans poitrine.

Au deuxième rêve du rêve,
dorsale, bossale,
vint la geste.
Et c'était la Baleine des baleines,
le grand coup de rien
d'avant la parole
puis cette bouche ouverte
aux fanons constellés de la nuit.
(J'ai pour preuve toujours
le diamant noir du nombril.)
Au deuxième rêve du rêve,
l'eau verte se mit à trembler
près de l'oreille comme abeille
au silence sucré d'une vasque.
Mais j'étais si loin,
que je ne pouvais courir,
je pourrais, je pourrais, c'est pourrir,
j'étais si loin de l'herbe-poème,
pas même mâché
dans la calebasse du son.

Au troisième rêve du rêve,
je tirais mes filets à Punta Arenas,
je tirais des larmes de sel et d'argent
comme des étoiles plates
et mortes.
Presque mortes...
Et c'était peut-être aussi
comme trembler et briller,
scier l'horizon
dans la beauté profonde d'un naufrage.

Au quatrième rêve du rêve,
du plus profond de cette bouche,
de cette bouche dans la baleine,
c'était d'abord un bourdonnement,
lancinant,
comme ces roues voilées à l'arrière des trolleys
qui prononcent toujours les rues de Chisinau.

Au cinquième rêve du rêve,
tout autour,
c'est maintenant la ferveur verte des eaux,
et dans la grand bouche-baleine
une porte de buée,
puis par la serrure des légendes
un grand courant d'air,
quand le rêve me rêve vivant
sous la portada d'Antofagasta.
Au cinquième rêve du rêve,
c'est l'éclipse, l'éclat, l'ici et là,
et la clé clignotante du colibri.
Et à ce craquement perpétuel d'allumette
le ciel reste à jamais bouche bée.

Au cinquième rêve du rêve,
vent-colibri se met à souffler,
chuinte et chante
dans la flûte glacée Chili.
Et, des trous-volcans de la flûte
qui se prend à respirer comme une corne,
des taureaux-volcans-narines de lave noire,
jaillissent des milliers de souffles
avec des mains aux cuivres des jours,
avec des mains de sel et de nuit
pour éclater les roches
sur la peau gercée d'Atacama,
des milliers de souffles
avec des îles-colibris, des fleurs-colibris,
des Andes tendues de pumas,
et des cyclomoteurs d'altitude au grand coeur,
beaux comme des vigognes à 47km/h
pour les parcourir
jusqu'au bec brisé du cap Horn.

Au cinquième rêve du rêve,
c'est aussi un feu d'Araucan
dont on disperse les cendres,
puis l'ombre noires des yeux
où de jeunes filles noient toutes leurs pirogues,
c'est la dispersion du vent près de l'oreille,
des colibris-lampes éclairent
les terriers des viscaches,
et les futurs enfants à naître et à ramper
dans les mines de Chacabuco.

Au sixième rêve du rêve,
c'est Iguaçu,
je suis en sueur
et au soleil insinué des gestes,
des gestes dans les arbres,
je l'entends,
dans cette vaisselle de silence
que brisent les rondas crépitantes des aras.
Au sixième rêve du rêve,
c'est le grand coup de rein de la parole,
et la Cordillère vertébrale qui tient debout,
avec dans la poitrine
la respiration émue
des troupeaux sans clôtures,
avec dans l'oreille,
et l'oreille des yeux,
à jamais,
l'eau verte et bouillonnante
de ma course déboussolée
au javelot magnétique de son bec.

Premiers dits du colibri, Stephen Bertrand, éd. Le Castor astral, 2007


























Il nous a également fait partager ses lectures, qui sont aussi variées que l'histoire du National Geographic, l'oeuvre de Blaise Cendrars et celle de Frédéric Jacques Temple, Barrio Flores de Philippe Claudel, Voyage à l'intérieur de l'Afrique de Mungo Park, Water music de T.C Boyle, La marge de André Pieyre de Mandiargues, ou Journal d'un animal marin de René Depestre.











Nous tenons à le remercier ici, et il sait qu'il est sera le bienvenu à toutes nos réunions !