mercredi, mars 26, 2014

Darío Jaramillo Agudelo, un talent colombien méconnu en France !

Crédit photo : http://www.lamajadesnuda.com/

Darío Jaramillo Agudelo (Santa Rosa de Osos, Antioquia, 1947) est un poète, écrivain et essayiste colombien qui, après avoir été diplômé de l'Université Javeriana de Bogotá en droit et en économie, a commencé à exercer d'importantes responsabilités culturelles au sein d'organismes publics. Il est aussi devenu membre des conseils de rédaction de la revue Golpe de Dados et de la fondation à vocation littéraire Simon y Lola Guberek.
Mais l'écriture est son moteur. Très tôt dans sa vie, dès le lycée, la poésie est devenue son activité, son environnement de prédilection. Dans « Historia de una pasión » (2006) il écrit :
« La première fois que plusieurs de mes poèmes ont fait leur apparition dans une publication – grâce à Juan Gustavo Cobo, comme si souvent au cours de ma vie -, c'était, je crois, en 1966. Si j'évoque cette circonstance c'est pour évoquer une personnalité qui est chaque fois plus importante dans ma vie ; l'épigraphe mis en chapeau de cet ensemble de poèmes était de Jean Cocteau et il disait : « Le poète est aux ordres de ses nuits ». Depuis cette époque-là, il m'arrive des trucs avec Cocteau : souvent je me rends compte que Cocteau a déjà exprimé avec talent des choses que je pense depuis toujours ; par exemple « Je sais que la poésie est indispensable, mais j'ignore pourquoi ». Ou par exemple : « Le poète est un menteur qui dit toujours la vérité ». Ou encore quand il dit « Un vrai poète se préoccupe peu de la poésie. Tout comme le jardinier ne parfume pas ses roses ». »
Lauréat du Prix National de Poésie de Colombie en 1978 et finaliste du Prix Rómulo Gallegos en 2003, il a publié au cours des quarante dernières années huit recueils de poésie : Historias (1974), Tratado de retórica (1978),Poemas de amor (1986), Del ojo a la lengua (1995), Cantar por cantar (2001), Gatos (2003), "Cuadernos de música" (2008) et “Sólo el azar” (2011). Et son oeuvre poétique a fait l'objet de plusieurs rééditions, d'anthologies complètes et partielles et aussi de traductions – mais jamais encore en français !
L'écrivain, lui, nous a offert huit romans : La muerte de Alec (1983), Guía para viajeros (1991),Cartas cruzadas (1995), Novela con fantasma (1996), Memorias de un hombre feliz (1999), El juego del alfiler (2002), Historia de una pasión (2006), La voz interior (2006) et Historia de Simona (2011).
Quant à l'essayiste, il a publié deux ouvrages : Poesía en la canción popular latinoamericana (Pre-Textos, 2009) et Historia de una pasión (Sota de Bastos/El Taller Gráfico, 1997; Pre-Textos, 2006).
La principale caractéristique de l'écriture de Darío Jaramillo Agudelo, c'est la concision et la précision du langage au service de ses évocations. Il travaille ses textes jusqu'à n'y laisser que la substance exprimée avec des mots les plus familiers possibles. Et dans ses romans, en prime, il prend toujours un malin plaisir à révéler dès les premières lignes les principaux événements qui formeront la trame de l'histoire. Le suspense réside alors dans l'attente dans laquelle il réussit à plonger le lecteur qui n'a dès lors de cesse de vouloir connaître et comprendre les motivations profondes de chacun des personnages... Et, cerise sur le gâteau, aux côtés de ses raisonnements psychologiques, philosophiques voire métaphysiques, perce un humour qui apporte au lecteur une sorte de jubilation et la satisfaction intense d'être dans le camps de celui qui a compris et qui rit !
Bref ! Un auteur à découvrir !
Un avant-goût ici ou encore  !

A venir, quelques impressions de lecture ! Mais d'abord, rendez-vous dans le cadre de la Semaine Culturelle de notreassociation, le 4 avril 2014, à 19h45, à L'Espace Jacques 1er d'Aragon à Montpellier, pour une soirée poésie lors de laquelle Darío Jaramillo sera mis à l'honneur aux côtés de collègues du Languedoc Roussillon, François Szabo, Michel Arbatz et Christian Malaplate...

Edit : Le récit de cette soirée ici !

mercredi, mars 19, 2014

"La Hija del Caníbal" de Rosa Montero (1997)

La Hija del Caníbal de Rosa Montero, Espalsa Calpe, 1997

Lucía et son mari partent passer le réveillon à Vienne et, à l'aéroport, au moment d'embarquer, Ramón disparaît... Une demande de rançon émanant d'une mystérieuse organisation, Orgullo Obrero, lui parvient. Avec l'aide et le soutien de deux de ses voisins – l'octogénaire Felix, surnommé Fortuna, et le jeune Adrián -, Lucía tente de comprendre ce qui lui arrive et, surtout, ce qui est arrivé à son mari même si le couple vivait une vie amoureuse peu enthousiasmante.
Le récit est construit à la première personne : Lucía, auteure « ratée » qui écrit pour les enfants, nous raconte son histoire et tous ces états d'âme. A quatre ou cinq reprise, c'est Felix qui prend le relais : il raconte sa vie à Lucía. Il raconte son enfance au sein de la grande famille anarchiste : orphelin, c'est en fait le fameux Durruti qui a pris en main son éducation. Nous suivrons donc la célèbre bande anarchiste espagnole dans son exil sud-américain pendant les années vingt, puis dans les méandres de la guerre civile... Felix nous restitue l'atmosphère de ces années noires auxquelles il a survécu grâce à sa vie de torero et à sa capacité égoïste à vivre sa vie de jeune-homme malgré tout.
Ce roman alterne donc des scènes contemporaines où la recherche de la vérité sur l'enlèvement de Ramón se fait sur un mode parfois un peu burlesque qui fait penser aux films d'Almodovar et des scènes historiques qui peignent la réalité très trouble sur laquelle se fonde l'Histoire et ses mythes. La deuxième partie du roman intègre progressivement de plus en plus d'éléments visant à définir ce que peut être le sens de la vie...
Avec une intrigue qui au départ prend des airs assez burlesques, ce roman est très riche en réflexions qui plongent le lecteur sous la surface des choses, des événements...

Pas moins d'une dizaine de passages ont retenu mon attention, les sélectionner est assez difficile. Chacun en tirera ces propres perles tant il y en a !

P. 52
(…) sucede que en ocasiones no alcanzo a distinguir con nitidez un recuerdo mío del pasado de algo que soñé o imaginé, o incluso de un recuerdo ajeno que alguien me narró vívidamente.”

P. 109
Adrián se plaint auprès de Lucía :
- A mí nunca me preguntas nada. Sólo le consultas a él.
Me lo quedé mirando. En realidas, tenía razón.
  • Vale, bien, te pediré consejo más a menudo. Pero no te lo tomes tan a pecho. Es lógico que Felix tenga mucha más cosas qque contar. Es una de las pocas ventajas que te aporta la vejez, precisamente. Felix está lleno des recuerdos y de palabras interesante; y tú...
  • ¿Y yo?
  • Tú tienes la vida, Adrián, y eso me llena de irritación y de envidia. No te quejes tanto y aprovecha.”

P. 114. Lucía raconte que le surnom de son père, Padre-Caníbal, lui a été donné après que, très jeune homme pendant la guerre, cherchant avec deux camarades à échapper aux franquistes dans la montagne en plein hiver, l'un d'entre eux ayant succombé, ses camarades l'on mangé pour survivre. Parlant d'elle-même, de son histoire personnelle, elle décide de parler à la troisième personne...
Lucía Romero no sabía si el relato de su Padre-Caníbal era auténtico o no, porque había descubierto, ya de mayor, que su propia tendencia inventarse mentiras y vivirlas como si fueran ciertas era un rasgo heredado de su progenitor.”

P. 136, sur l'amour...
De quedarme con Adrían, de convivir con él, probablemente llegaría un momento en el que le odiaría por hablar y masticar al mismo tiempo, como ahora mismo estaba haciendo, llenándolo todo de perdigones de pan et de ssaliva. Pero hoy incluso esa porquería me resultaba enternecedora. No hay en el mundo arbitrarieda mayor ni injusticia más atroz que la del sentimiento.”

P.153 Sur la jeunesse :
A Lucía, en cambio, los jóvenes les producían desasosiego por su impresición: no eran inocentes, sino indeterminados, seres a medio hacer que todavía no habían revelado su capacidad para la grandeza o la miseria, para la solidaridad o la tiranía. Y no es que no fueran ya, dentro de sí, lo que luego serían: egoístas mediocres, o salvadores de la humanidad, o asesinos seriados. Eran todo eso y mucho más, soló que aún no habían cumplido los actos que los construirían públicamente como personas. Hitler fue adolescente, y Jack el Destripador fue adolescente, y Stalin debió de lucir, en su primera edad, una sonrisa deliciosa de adolescente georgiano. De modo que los jóvenes eran una especie de emboscados de sí mismo, identidades camufladas que se iban construyendo con los años, hasta llegar a la culminación final del ser, que es la viejez.”

P.169 Sur la place des femmes dans l'Histoire... Felix nous parle d'une femme du peuple qui l'a recueillie dans le Madrid de la fin des années vingt... et qui peste sur les hommes toujours à courir soit après les femmes soit après des mondes inmaginaires...
Pero a pesar de todas sus protestas, luego daba para la causa todo lo que podía: era tan generosa como soló pueden serlo los pobres. Paquita pertenecía a esa clase de mujeres que se han ido haciendo cargo de la vida cotidiana a lo largo de la historia, mientras los hombres guerreaban y descubrían continentes e inventaban la pólvora y la trigonometría. Si no llegua a ser por ellas, que se ocuparon de gestionar cosas tan vulgares y nimias como la alimentación y la procreación y la realidad, la Humanidad se habría acabado hace milenios.”

P.173 Sur la liberté et sur l'anarchisme, lorsque le jeune Felix annonce à Durriti, son “parrain”, qu'il veut devenir torero...
“ “Me parece muy bien. (…) El anarquismo no es una religión”, dijo Durruti. “Ni es tampoco una obligación que otro puede imponerte, como quien se mete en el Ejército. No. El anarquismo está dentro de uno, es una necesidad del corazón y de la cabeza. Y hay muchas maneras de trabajar para la causa.” ”

P. 197 Sur la guerre...
Toda guerra es abominable; las guerras civiles son, además, perversas. Ya lo habéis visto ahora en Yugoslavia. En España fue también así. Violencia y crueldad hasta la náusea. En la zona republicana, la fragmentación del poder y el caos de las luchas intetinas dificultaron el control de los excesos. En la zona nacional, las atrocidades las cometía un ejército regular y disciplinado con el beneplácito de las autoridades. Para mí est implica un grado y una diferencia, pero no creo que estas sutilezas morales le importen mucho al hombre al que le cortan lentamente las orejas antes de darle un tiro en la cabeza. Con el tiempo he aprendido que un muerto es un muerto en todas partes.”

P. 256 Sur la perception du temps qui passe...
Estuvimos juntos treinta años, hasta que ella me traicionó muriéndose antes que yo, pese a ser más joven. Qué caprichosos somos los humanos: he estado aburriéndote con mi labia y empleando muchísimas horas, como un viejo pesado, para contarte parte de mi vida, y ahora resulta que despacho treita años en un par de frases. Siempre me llamo la atención esa desproporción en el cálculo del tiempo que tenemos todos. (…) De niños, el reloj interno de los humanos está más afinado, va más lento; de mayor, todas tus viejas células se precipitan hacia el fin.”

P. 321 Sur l'harmonie du monde en dépit des apparences de chaos... Felix explique comment, pour survivre au froid en l'absence de leurs géniteurs, les poussins de pinguin se regroupent en formation très serrée au sein de laquelle chaque poussin est toujours en mouvement afin qu'il n'y en ait jamais un qui reste plus de quelques secondes exposé à l'extérieur du groupe...
Lo que te quiero decir con todo esto, Lucía, es que lo que llamamos el Bien está ya presente en la entraña misma de las cosas, en los animales irracionales, en la materia ciega. El mundo no es sólo furor y violenciay caos, sino también esos pingüinos ordenados y fraternales. No hay que tener tanto miedo a la realidad, porque no es sólo terrible, sino también hermosa.”

Une critique de Mikaël Demets pour le Figaro parue en 2006 lors de la sortie de ce roman en français : http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/rosa-montero-la-fille-du-cannibale-17773.php?critiques#critique-evene



Et de ce roman a également été tiré un film !


Cette auteure vous intéresse ? Alors vous pouvez lire aussi : Le Roi transparent, de Rosa Montero


dimanche, mars 09, 2014

Le Roi transparent, de Rosa Montero

Rosa Montero est une auteure et journaliste espagnole, née en 1951 à Madrid.
Elle a écrit des essais, des contes, et surtout une quinzaine de romans, dont beaucoup ont été traduits en français.


Le Roi transparent est l'un des plus connus. Il a été publié en 2005 chez Alfaguara et en 2008 chez Métailié pour la traduction française.

« Je me revois en train de labourer le champ avec mon père et mon frère, il y a si longtemps qu'on dirait une autre vie. Le printemps nous talonne, l'été se rue sur nous et nous sommes très en retard pour les semailles : cette année, non seulement nous avons dû labourer en premier les champs du seigneur, comme d'habitude, mais il a fallu aussi réparer les fossés de son château, faire provision de vivres et d'eau dans les tours, étriller ses puissants chevaux de bataille et débroussailler les prés autour de la forteresse afin d'éviter que les archers ennemis puissent s'y embusquer. »

C'est l'histoire d'une paysanne, nommée Léola, qui vit dans le sud de la France.
L'histoire se passe au Moyen Age. Dès le début du roman,sa maison est brûlée et son père et son fiancé sont recrutés de force pour aller faire la guerre. Elle part alors seule sur les chemins. Pour sa sécurité, elle décide de se déguiser en chevalier. Elle rencontre une sorcière, Nynève, qui va l'aider à acquérir de nombreuses connaissances et lui faire rencontrer un grand nombre de personnages, comme Aliénor d'Aquitaine ou Richard Coeur de Lion.
Il s'agit donc à la fois d'un roman initiatique et d'un roman d'aventures : l'histoire est prétexte au voyage, à l'exploration, à la réflexion sur la vie et sur la mort, l'amitié, la fidélité, la justice, la vérité et le mensonge...

Ce livre est très documenté, mais Rosa Montero a pris ses distances et beaucoup de libertés avec la stricte vérité historique (et géographique), comme elle l'explique elle-même :
« Le Roi transparent est né de ma passion pour le monde médiéval. Non que j'aie décidé d'écrire un roman historique sur le XIIe siècle et que je me sois ensuite documentée, mais parce que le livre a surgi spontanément d'une immersion préalable dans le sujet, de mon goût de lectrice pour cette époque. En réalité, s'il fallait faire entrer ce livre dans un genre narratif, je crois qu'il se trouverait plutôt dans celui des romans d'aventures ou fantastiques. […] Plus que les données historiques, j'ai voulu saisir les mythes et les rêves, l'odeur et la sueur de ce temps-là. De sorte que ce livre est volontairement anachronique, ou plutôt achronique. Au cours des vingt-cinq années que durent les péripéties de Léola sont narrés des événements qui s'étendent sur un siècle et demi. Par exemple, les deux croisades populaires qui sont citées ont vraiment existé et se sont vraiment achevées aussi lamentablement mais la première, celle de Pierre d'Amiens, a eu lieu en 1095 et celle des Enfants en 1212, de sorte que maître Roland n'a pas pu être témoin des deux, comme il le prétend. Toutefois, je crois qu'en rapprochant ces croisades dans le temps j'ai reflété une vérité plus importante, qui est l'incessante cohue vagabonde qui peuplait les chemins à cette époque. »
Elle reconstruit donc l'Histoire pour faire ressortir ce qui constitue selon elle l'essence de cette époque.

Rosa Montero a un vrai talent de conteuse. J'aime beaucoup cette auteure. Si vous êtes comme moi, nous avons de la chance : elle sera présente sur la prochaine Comédie du livre !
Elle fera partie des trois auteurs hispanophones accueillis à l'occasion de la mise à l'honneur des éditions Métailié (avec Santiago Gamboa, Colombien, et Luis Sepúlveda, Chilien).
Pour en savoir plus :
Rachel Mihault
Le Roi transparent, de Rosa Montero, Editions Métailié, Paris, 2008

vendredi, février 21, 2014

Víctor del Árbol évoque pour nous le 9ème Hay Festival de Cartagena de India !

La neuvième édition du Hay Festival de Cartagena de Indias s'est tenue entre le 30 janvier et le 2 février dernier sur le thème de “IMAGINA EL MUNDO”.



Comme chaque année, des auteurs venus du monde entier s'y sont retrouvés et parmi eux Ricardo Piglia, Rosa Montero, Joe Sacco, Laura Restrepo, Gael García Bernal, Melania G. Mazzucco, John Boyne, Virginie Despentes, Irvine Welsh, David Foenkinos, Beatriz Preciado, Emmanuel Carrère, Yoani Sanchez, Juan Campanella, Cees Nooteboom, Víctor del Árbol, et beaucoup d'autres encore.


Víctor del Árbol étant venu à Montpellier à quelques reprises ces dernières années, les liens d'amitié se sont noués entre lui et quelques membres de l'AFCM. Sachant qu'il partait à Cartagena, il a promis à Paula Cadenas de nous envoyer quelques lignes décrivant ses impressions de voyage... Voici donc ce joli cadeau spécialement rédigé pour nos lecteurs !

Merci Victor !




El escritor, este escritor que habita en mí, tiene vocación de pájaro, no sé qué clase de pájaro, de los que vuelan al menos. Vocación errante, de aire, en busca de destinos y tiempos en los que posar la mirada. No una mirada en lontananza, no la mirada pasiva del testigo. Yo viajo para quedarme antes de continuar, viajo para aprender y desaprender lo sabido. Viajo porque, como quien sueña, el mundo y los Hombres son mi camino. Con esta declaración de intenciones que se van de mis ojos a mis dedos, de mi corazón a mis palabras escritas, me presento en Colombia, llevando a Álvaro Mutis en mi bolsillo. Con esa vocación de aire que me enseñaron de chico, acaricio infantilmente el muro de la casa de Márquez, como quien acaricia el lomo de un gran ser durmiente.
La palabra escrita nunca es suficiente, cierto, no puede explicar el aceleramiento del pulso cuando, sentado en el baluarte de San Lorenzo, siento que la noche me envuelve como una capa de horizontes por descubrir. Y aun así, solo me queda escribirlo, antes de sentir en las alas la llamada, otra vez, del viento.
Que lo disfruten conmigo.
Víctor del Árbol

Pour en profiter, donc, pour vivre le Hay Festival au rythme de Víctor del Árbol, rendez-vous sur le blog de l'auteur : Crónica del amanecer o mi experiencia en el Hay Festival !

Et pour nos lecteurs non-hispanophones, voici une version française...

L'écrivain, cet écrivain qui m'habite, a la vocation de l'oiseau, je ne sais pas de quel genre d'oiseau, de ceux qui volent en tout cas. Vocation errante, poussée par le vent, à la recherche de destins et d'époques sur lesquels poser le regard. Pas un regard dans le lointain, pas le regard passif du témoin. Je voyage pour m'arrêter avant de continuer, je voyage pour apprendre et désapprendre ce que je sais. Je voyage parce que, comme dans les rêves, le monde et les Hommes sont mon chemin. Avec cette déclaration d'intention qui va de mes yeux à mes doigts, de mon cœur aux mots que j'écris, j'arrive en Colombie, Álvaro Mutis dans ma poche. Et, avec cet air de ne pas y toucher qui vient de mon enfance, tel un gosse, je caresse le mur de la maison de Márquez, comme on caresse le flanc d'un géant endormi.
Les mots écrits ne suffisent jamais, c'est certain, ils ne peuvent pas expliquer l'accélération de mon pouls lorsque, assis dans la citadelle de San Lorenzo, je sens que la nuit m'enveloppe telle une cape d'horizons encore à découvrir. Et, pourtant, je ne peux que les écrire, avant de sentir dans mes ailes, une fois encore, l'appel du vent.
Venez donc vous régaler avec moi.
Víctor del Árbol
(Traduction de Laurence Holvoet)

Si cet auteur vous intéresse, vous pouvez aussi lire nos précédents articles :



mercredi, janvier 29, 2014

34 cuentos cortos y un gatopájaro


Extractos de

34 cuentos cortos y un gatopájaro

de Evelio Rosero

Destiempo Libros SAS (Bogotá,Colombia), 2013


traducidos por Laurence Holvoet




"34 cuentos cortos y un gatopájaro, comme son titre l'indique, est un recueil de contes très courts - quelques lignes - très récréatif, jouant beaucoup avec les mots et les images. Ce sont des quasi-instantanés, des scénettes cinématographiques et parfois surréalistes... Cette lecture est susceptible de plaire autant aux adultes qu'aux enfants ! La version française n'existant pas, c'est pour partager cette lecture avec mes enfants que l'envie de traduire quelques-uns de ces contes m'a saisie et que je ne lui ai pas résisté !"
Laurence Holvoet

Página 39


A la deriva

"Encontró en el bosque a un niño de once años que le dijo que en la realidad no era un niño de once años y tampoco un niño sino una niña de quince años y que no estaban en un bosque sino en un valle y que ella nunca había sido encontrada por él sino que ella lo había encontrado a él con el único deseo de explicarle que no era un niño de once años en el bosque y que aquello no era un bosque sino un valle y que lo mejor que podían hacer era caminar tomados de la mano hasta un bosque para entonces acabar de comprenderse o comprender que a lo mejor él tampoco era él sino era otro y que bien pudiera suceder que ninguno de los dos supiera a qué atenerse frente a un autor que huye inmobíl en la calle bajo esta lluvia dura y permanente."



A la dérive

"Il rencontra dans la forêt un enfant de onze ans qui lui dit qu'en réalité il n'était pas un enfant de onze ans et pas non plus un enfant mais une enfant de quinze ans et qu'ils n'étaient pas dans une forêt mais dans une vallée et qu'elle n'avait jamais été rencontrée par lui mais qu'elle l'avait rencontré elle dans l'unique but de lui dire qu'elle n'était pas un enfant de onze ans dans une forêt et que ce n'était pas une forêt mais une vallée et que le mieux qu'ils pouvaient faire c'était de se prendre par la main pour marcher jusqu'à une forêt pour alors enfin se comprendre ou au moins comprendre que lui non plus n'était pas lui et qu'il était un autre et qu'il pourrait bien arriver qu'aucun des deux ne sache à quoi s'en tenir face à un auteur qui fuit immobile dans la rue sous cette pluie dure et permanente."


Página 43


Una muerte

"Se sentó a escribir frente a la mesa cuando, de súbito, alguien abrió la puerta del aposento. Miró un personaje inverosimíl, que vestía un largo abrigo de piel, un anciano de mirada brillante y sonrisa desdentada, apuntándolo a él con un arma de fuego, luminosa y fría. Se trataba de un personaje inédito. Lo miró apuntar cuidadosamente y lo escuchó decir: “Abre bien los ojos, esto no es un cuento".



Une mort

"Il s'assit devant la table pour écrire lorsque, tout à coup, quelqu'un ouvrit la porte de l'appartement. Il vit un personnage extravagant, vêtu d'un grand manteau de cuir, un vieux au regard brillant et au sourire édenté, qui le tenait en joue avec une arme à feu luisante et froide. C'était un personnage inédit. Il le regarda le viser soigneusement et il l'entendit lui dire : « Ouvre bien les yeux, ceci n'est pas une histoire".



Página 45


Otra muerte

Cada noche lo escuchábamos hablar en la cocina. La última noche detuvo intempestivo un relato de duendes para preguntarnos qué sucedería si al despertar no nos encontráramos en el mismo sitio de siempre.
-Sería extraño, o risible -dijo-, despertar en algún paraje remoto, donde solamente nos rodeara lo inesperado. Pero puede ocurrir -añadió bostezando, resignado o indiferente-, que despertáramos como todas las mañanas: un idéntico rincón entre cuatro paredes, los mismos rostros saludándonos. Ambas situaciones son deplorables -finalizó, despidiéndose.
Al día siguiente no despertó.



Une autre mort

Chaque soir nous l'écoutions parler dans la cuisine. Le dernier soir, il interrompit sans prévenir une histoire de lutins pour nous demander ce qui arriverait si à notre réveil nous n'étions pas là où nous sommes toujours.
  • Ce serait étrange ou amusant, dit-il, de se réveiller dans un endroit reculé, où nous ne serions entourés que de choses étranges. Mais il peut arriver, ajouta-t-il en baillant, résigné et indifférent, que nous nous réveillions comme chaque matin : au même endroit entre quatre murs, avec les mêmes têtes pour nous saluer. Ces deux alternatives sont désolantes, conclut-il en nous saluant.
Le jour suivant, il ne se réveilla pas.

 
NB : Nos tentatives d'entrée en contact avec l'éditeur Destiempo Libros afin d'obtenir l'autorisation formelle de la traduction des extraits en français de ces trois contes ayant échoué, nous les publions en nous engageant à les retirer si le détenteur des droits se manifestait en ce sens. 

Pour en savoir plus sur le travail de traduction de Laurence Holvoet, consultez son site :
http://laurencehtrad.canalblog.com/ 

dimanche, janvier 19, 2014

Roberto Bolaño, 2666

Roberto Bolaño est un poète et romancier chilien, né en 1953 à Santiago et mort en 2003 à Barcelone (à l'âge de 50 ans). Avant 2666, il a écrit notamment Les détectives sauvages. Il fait partie des plus grands auteurs latino-américains contemporains.


2666 : le titre évoque un chiffre satanique ou maudit, à l'image du Mexique d'aujourd'hui, selon la vision de Bolaño.



Quand il est décédé en 2003, Roberto Bolaño avait pratiquement achevé ce roman. Celui-ci est découpé en cinq parties. A l'origine l'auteur avait prévu de faire éditer un volume pour chaque partie. Mais les éditeurs ont décidé de le publier en un seul volume : dans cette édition, il fait 1353 pages.
Chaque partie est relatée par un narrateur différent et écrite dans un style très différent. Dans la première partie, quatre chercheurs européens font connaissance : chacun d'eux s'intéresse à un auteur allemand dont le pseudo est Archimboldi. Or cet auteur a disparu, on a perdu sa trace, personne ne sait où il vit. Mais un jour ils apprennent qu'il vivrait dans le nord du Mexique, dans l'Etat du Sonora, plus précisément dans la ville (imaginaire) de Santa Teresa. Ils vont donc partir là-bas pour tenter de le trouver.
La deuxième partie raconte l'histoire de l'homme qui les accompagne et les guide dans leur recherche, nommé Amalfitano : écrivain et philosophe chilien, universitaire exilé à Santa Teresa, au bord de la folie, vivant seul avec sa fille Rosa.
La troisième est racontée du point de vue d'un journaliste afro-américain, Fate, qui est à Santa Teresa pour 2-3 jours, le temps de faire un reportage sur un match de boxe. Or il va apprendre par hasard (tout comme les personnages principaux de la première et de la deuxième partie du roman) que dans cette ville de Santa Teresa ont lieu depuis 1993 de nombreux meurtres de jeunes filles et de femmes. C'est ce fait qui relie toutes les parties du roman.
Dans la quatrième partie sont décrits (de façon détaillée) tous les meurtres de femmes qui ont eu lieu, les enquêtes qui ont été menées, les prétendus coupables débusqués et emprisonnés.
Mais les meurtres continuent...
On retrouve dans ce roman les thèmes de prédilection de Bolaño : la place de l'écrivain, l’art face au Mal, l’errance, les désordres de l’Histoire.
Nous sommes face à un roman foisonnant, mêlant les genres (roman noir, science-fiction, style journalistique, fantas­tique, conte...), avec une infinité de personnages, de lieux, de temps, et une multiplicité de thèmes.
Bolaño nous invite à vivre une belle expérience littéraire. Alors accrochez-vous bien, attachez vos ceintures, soyez prêts à embarquer pour une autre dimension. Vous ne le regretterez pas.


«- Je suis journaliste, comme je vous l'ai dit, dit Guadalupe Roncal. Je travaille dans l'un des grands quotidiens de Mexico. Et si j'ai pris une chambre dans cet hôtel, c'est par peur.
- Peur de quoi ? dit Fate.
- Peur de tout. Lorsqu’on travaille sur quelque chose en rapport avec les assassinats de femmes à Santa Teresa, on finit par avoir peur de tout. Peur qu'on vous frappe. Peur d'un enlèvement. Peur de la torture. Evidemment avec l'expérience, la peur s'atténue. Mais moi je n'ai pas d'expérience. Je manque d'expérience. Je souffre du manque d'expérience. Et même, si l'expression existait, on pourrait dire que je suis ici en tant que journaliste secrète. Je sais tout à propos des assassinats. Mais dans le fond, je n'ai aucune expérience du sujet. Je veux dire que, jusqu'à il y a une semaine, ce n'était pas mon sujet. Je n'étais pas au courant, je n'avais rien écrit à ce sujet, et d'un coup, sans que je m'y attende ni que je le demande, on a posé sur ma table le dossier des mortes, et on m'a donné l'affaire. Vous voulez savoir pourquoi ?
Fate aquiesça de la tête.
- Parce que je suis une femme et que nous les femmes nous ne pouvons pas refuser une mission. Evidemment, moi je savais déjà quel avait été le destin ou la fin de mon prédécesseur. Tous dans le journal, nous le savions. L'affaire avait fait du bruit, et peut-être êtes-vous au courant.
Fate fit non de la tête.
- On l'a tué, bien sûr. Il a fouiné un peu trop dans l'affaire et on l'a tué. »

Rachel Mihault

2666, Roberto Bolaño, Folio, 2004

lundi, janvier 06, 2014

Bonne année 2014


Nous vous souhaitons à tous
une très bonne année !

Feliz año 2014
a todos nuestros lectores

Retrouvons-nous bientôt :
prochain rendez-vous le samedi 25 janvier à 10h



lundi, décembre 23, 2013

A qui parle Virginia...



A qui parle Virginia en marchant sur l'eau ?, de William Ospina




Disponemos de un retrato del siglo XX a través de poemas con cierta originalidad y calidad literaria. Las figuras del siglo son presentes y William Ospina no carece de mente estructurada y deja aquí un testimonio sensible y discreto  de nuestro siglo recién acabado.

Es una experiencia muy extraña leer esta obra y esta singular idea de hacer de momentos de historia es posible que quede por muchos siglos adelante a la vez como testimonio y con obra poética. Además esta edición bilingüe permite a los lectores de lengua francesa de descubrir este poeta.
François Szabo

lundi, décembre 09, 2013

Un public séduit

Le public présent fut tout à fait séduit par la présentation du poète Oscar Hahn, jeudi 28 novembre à l'Espace Martin Luther King.
Josiane Gourinchas a donné un bel aperçu de l'oeuvre de ce grand poète chilien (prix Neruda de poésie) et de son évolution de 1961 à 2008, ainsi que quelques éléments biographiques, qui incitent à s'intéresser de beaucoup plus près à cet auteur ! Les lectures et les musiques ont enchanté l'auditoire, qui a pu par la suite s'entretenir avec les trois intervenants autour du verre de l'amitié offert par notre association.
Merci à Josiane Gourinchas (traductrice), Nicole Schandeler et Colin Geniet pour cette belle soirée !







mardi, décembre 03, 2013

Dibujos a máquina

 Dibujos a máquina, de Rafael Cadenas
 (Camelia Ediciones, Caracas, 2012)


Dans Dibujos a máquina, ce sont les caractères de sa machine à écrire qui ont inspiré le poète vénézuélien Rafael Cadenas. Chaque lettre, chaque signe lui parle, il les met en scène et il nous traduit ce qu'ils lui disent de façon très ludique et laconique.

Par exemple, le I majuscule lui dit “Me levanto”, “Je me lève”, le g minuscule lui dit “Me enrollo”, “Je m'enroule”, le O majuscule, “Me asombro”, “Je suis ébahi”, etc.....

Il y a d'abord des caractères seuls et puis viennent des compositions dans lesquelles certains signes deviennent même des personnages à part entière, telle l'astérisque *... Par exemple, un astérisque entourée par des 6 et des 9 lui évoquent “estrella sometida a un terrible bloqueo” “Étoile soumise à un terrible blocus”...

En filigrane, les préoccupations de Rafael Cadenas ressortent ; les thèmes tels que le militarisme, la répression, la résistance – surtout celle de l'esprit – et le voyage affleurent, mais tout cela reste très ludique, enfantin.

Dans le prologue qui accompagne cette édition - ces dessins avaient été initialement publiés dans la revue CAL (Critica, Arte y Literatura) en 1966 -, Luis Miguel Isava nous rappelle que, à l'origine, écriture et représentation de la chose “écrite”, avec les hiéroglyphes et autres idéogrammes, étaient très souvent liées. C'est Hegel qui a évacué ces écritures figuratives en jugeant que seule l'écriture alphabétique était « en soi et pour soi la plus intelligente ». Pourtant la résistance a toujours existé : des épigrammes  grecs, en passant par les livres d'emblèmes et certains poèmes baroques, on arrive au 20ème siècle avec les calligrammes d'Apollinaire et bien d'autres formes poétiques visuelles élaborées par certains poètes post avant gardistes. Avec cet album, Rafael Cadenas rejoint cette famille de résistants. Dans sa biographie on peut lire qu'“En poésie comme dans sa vie, ce qui lui importe, c'est la véracité. C'est à dire la correspondance entre les mots et ce que l'on ressent, et [que] ça, cela demande de la vigilance.” Ici, dans Dibujos a máquina, ce sont donc les lettres et les caractères eux-mêmes qui lui parlent, et qui nous parlent. LM. Isava appelle cela la « pulsion visualisante » de l'écriture !

En avril 2013, cet album a remporté le premier prix du concours de Los mejores libros juveniles del Banco del Libro – Caracas - 2013 (https://www.facebook.com/notes/banco-del-libro/veredicto-jurado-juvenil-2013/597247250288337 ).

Et, de fait, cette lecture est très ludique, même pour des francophones ! Mon fils de dix ans l'a volontiers faite avec moi. La langue utilisée est concise. Chaque page compte entre un et dix mots tout au plus : un non-hispanisant se laisse prendre au jeu de deviner ce que disent ces mots, s'appuyant à la fois sur la phonologie et sur le dessin. Il est d'ailleurs fort à parier que ce langage poétique soit davantage familier aux enfants et aux jeunes gens déjà adeptes des jeux de caractères via les sms et les échanges « claviers » sur les réseaux sociaux qu'à leurs parents !

 

Lecture proposée par Laurence Holvoet (30/11/13)

lundi, novembre 25, 2013

Soirée consacrée au poète Oscar Hahn

Présentation d'un grand poète





Notre association aura le plaisir de proposer, jeudi 28 novembre à 18h30, Espace Martin Luther King à Montpellier, une présentation de Oscar Hahn (prix Neruda de poésie) par Josiane Gourinchas (traductrice).
Elle sera accompagnée par Nicole Schandeler pour les lectures et par Colin Geniet (violon) pour les pauses musicales.
Nous partagerons ensuite le verre de l'amitié. Nous vous attendons nombreux !

dimanche, novembre 24, 2013

"Una lengua cambiante y múltiple" de Sergio Ramírez



Aquí les dejamos fragmentos del artículo, "Una lengua cambiante y múltiple", que ha publicado el escritor nicaragüense Sergio Ramírez en el periódico El País, España, después del Congreso de la lengua que se celebró en Panamá:     

 
"Español de islas y tierra firme, deltas, pampas, cordilleras, selvas, costas ardientes, páramos desolados, subiendo hacia los volcanes y bajando hacia la mar, ningún otro idioma es dueño de un territorio tan vasto.

dimanche, novembre 10, 2013

La soirée du 7 novembre salle Pétrarque

Nous avons été invités par Christian Malaplate, délégué régional de la Société des poètes français, à présenter un petit panorama de la littérature colombienne contemporaine.

Nous avons passé une très bonne soirée et avons pu lire des textes de Alvaro Mutis, Juan Manuel Roca et Piedad Bonnet.


Canción del Este
Álvaro Mutis

A la vuelta de la esquina
un ángel invisible espera;
una vaga niebla, un espectro desvaído
te dirá algunas palabras del pasado.
Como agua de acequia, el tiempo
cava en ti su arduo trabajo
de días y semanas,
de años sin nombre ni recuerdo.
A la vuelta de la esquina
te seguirá esperando vanamente
ése que no fuiste, ése que murió
de tanto ser tú mismo lo que eres.
Ni la más leve sospecha,
ni la más leve sombra
te indica lo que pudiera haber sido
ese encuentro. Y, sin embargo,
allí estaba la clave
de tu breve dicha sobre la tierra.
 


Chanson de l’est
Álvaro Mutis

À deux pas d’ici
un ange invisible attend ;
un vague brouillard, un spectre diffus
te dira quelques mots du passé.
Telle l’eau du ruisseau, le temps
creuse en toi son dur labeur
de jours et de semaines,
d’années sans nom ni souvenir.
À deux pas d’ici
continuera à t’attendre en vain
celui que tu ne fus pas, celui qui mourut
de tant être toi-même ce que tu es.
Pas le moindre soupçon,
ni la moindre ombre
ne t’indique ce qu’aurait pu être
cette rencontre. Et pourtant,
c’est là qu’était la clé
de ton bref bonheur sur terre.