vendredi, avril 03, 2015

"Toutes les vagues de l'océan" de Victor Del Arbol

Liliana nous en a parlé hier, je vous en parle aujourd'hui... Je l'ai lu en français, donc j'ai lu "Toutes les vagues de l'océan" de Victor Del Arbol, traduit par Claude Bleton.
© Sergio Castor, 2015



Et je vais vous en dire à peu près la même chose que Liliana : ce livre, en dépit de ses presque 600 pages, se lit très vite : le suspens et le rythme nous entraînent, via des flash back, d'Espagne au fin fond de l'URSS, sur la sinistre île de Nazino... De la guerre d'Espagne aux geôles staliniennes. Des plages françaises des Pyrénées Orientales où le gouvernement de Vichy parquait les réfugiés espagnols à la deuxième guerre mondiale et à la guerre froide qui s'ensuivit. Le tout relié à l'histoire tout à fait contemporaine des descendants des protagonistes de ces temps "anciens" qui, aujourd'hui encore, sont emberlificotés à leur insu dans ce maelstrom de péripéties et de tragédies du 20ème siècle européen...
Tous les personnages, des principaux aux secondaires, ont une histoire consistante faite d'ombre et de lumière... à moins que ce ne soit l'inverse ?! Pas de bons et pas de méchants, juste des êtres humains ballottés par la vie et par des événements qui les dépassent en dépit de leur volonté de faire vivre leurs rêves et leurs principes...
Victor Del Arbol, en général, c'est l'art du roman puzzle, et il est, là, dans "Toutes les vagues de l'océan", doublé de l'art du retournement de tendance !
Voilà ce qu'en conclut l'un des personnages :
"Tu aurais pu être un homme bon Elías. Et j'aurais pu être bonne aussi. Nous avons fait beaucoup d'efforts, n'est-ce pas ? Nous avons supporté plus que nos enfants ne pourront jamais le comprendre. Nous avons atteint les limites de la souffrance et nous avons résisté. Mais à un moment donné nous avons perdu la boussole, nous avons quitté la route et n'avons pas su la retrouver.
Le temps des humiliations, de la justice et de la rancœur est venu. Nous serons haïs par ton fils, que j'ai tellement essayé de protéger de toi, nous serons haïs par ta fille, nous serons haïs par nos camarades de lutte, nos victimes, nous serons haïs par le temps et par l'Histoire. 
(...) Car c'est cela, je le comprends maintenant, que nous avons toujours été. Pas des héros, pas des rampants. Juste des hommes et des femmes. Et nous avons vécu."
On navigue de raisons d'Etat en raisons du cœur, de grandes idées généreuses en mesquineries et jalousies humaines. Tout y est !
On se régale et on médite sur la bizarrerie de la condition humaine !
Bref, allez-y sans hésiter, même si le livre est très gros !

Et pour en savoir plus, allez lire le blog de Marc Ossorguine => http://www.filsdelectures.net/2015/03/toutes-les-vagues-de-l-ocean.html
Et vous pouvez aussi écouter Marc, en compagnie de Françoise Jarousse, nous parler de ce livre-monument ! => http://www.divergence-fm.org/IMG/mp3/co025_150324_clairobscur_toutes_les_vagues_de_locean.mp3


"Toutes les vagues de l'océan", de Víctor Del Árbol, traduit par Claude Bleton, Actes Sud, 2015, 595p.




"La Maison des chagrins", de Víctor Del Árbol

En faisant un tour de notre blog, Version Libre, à la recherche des billets parlant de Víctor Del Árbol*, nous nous rendons compte que nous avons bizarrement zappé "La Maison des chagrins", traduit par Claude Bleton, et qui est paru chez Actes Sud en 2013 !

Ce n'est pas faute pourtant de l'avoir lu et apprécié ! Il est même venu nous en parler au Grain des Mots en novembre 2013, et l'enregistrement de la rencontre est disponible !
Mais tout de même, réparons en quelques mots cet oubli bizarre...
Voilà tout d'abord ce qu'en disent les éditeurs :
"Eduardo tente de survivre dans un appartement sans âme, grâce à l’alcool et aux psychotropes que lui prescrit la psychiatre chargée de sa réinsertion. Il vient de purger une peine de prison pour le meurtre du chauffard qui a tué sa femme et sa fille, voilà quatorze ans. Peintre autrefois coté, il gagne sa vie en exécutant à la chaîne des portraits anonymes que sa galeriste place dans les grandes surfaces. Un jour, celle-ci lui transmet une bien étrange commande : une célèbre violoniste lui demande de réaliser le portrait de l’homme qui a tué son fils. Elle veut pouvoir déchiffrer sous les traits de l’homme les caractéristiques de l’assassin. Unis dans la même douleur, la commanditaire et l’artiste ouvrent bientôt la boîte de Pandore, déchaînant tous les démons qui s’y trouvaient enfouis.
Le pinceau d’Eduardo met au jour une galerie d’êtres tourmentés, enfermés dans un drame qui a figé leur existence : un jeune Chinois androgyne qui fait commerce de son corps, un fils de combattant de l’OAS enrichi par le gaz et le pétrole d’Alger, un ex-agent de la police politique de Pinochet, un Arménien sans foi ni loi, une jeune fille abusée par l’amant de sa mère, un mercenaire soufi… Autant de personnages qui hantent la maison des chagrins, pris au piège d’une vengeance désespérée et d’un hasard qui n’est que l’autre nom du destin.
Assemblant sous les yeux du lecteur les mille et une pièces d’un terrifiant puzzle, Víctor del Árbol signe un roman vertigineux de maîtrise, glaçant de noirceur et désarmant d’humanité."
Et ce dont je me souviens de cette lecture :
Le foisonnement des personnages est étonnant. Victimes des hasards parfois noirs de la vie, ils sont souvent animés par l'amour, par la haine et puis par le désir de vengeance. Certains sont directs et d'autres mûrissent lentement leur revanche... Chacun a ses raisons, et à bien y réfléchir, elles sont souvent "bonnes"... Mais ce qu'ils en font est souvent impitoyable ! En tout cas, on ne s'ennuie pas, et si les "hasards" qui construisent progressivement la cohérence du récit sont des artifices romanesques, cela n'enlève rien à la stupeur qui nous prend au fur et à mesure des découvertes que nous faisons.
Voilà ! L'oubli est réparé;o) !



"La Maison des chagrins", de Víctor Del Árbol, traduit par Claude Bleton, Actes Sud, 2013, 475 pages.
En espagnol : "Respirar por la herida" Víctor Del Árbol, Editorial Alrevés, 2013.


* Pour trouver ces articles, entrez "Victor Del Arbol" dans la fenêtre "Buscar" en haut à droite du blog : tous les articles où son nom est cité apparaîtront...

jeudi, avril 02, 2015

Un millón de gotas, ou Toutes les vagues de l'océan




Un millón de gotas, novela negra, llena de misterios y desgracias, en la que se puede descubrir otra parte de esa oscura historia humana. Una novela que el lector no puede dejar de lado y que lo sumerge en un viaje por el tiempo y el espacio. Llama la atención leer los conflictos de cada personaje. No son humanos beátos, son personas llenas de ambigüedades y contradicciones. Víctor del Árbol nos presenta personajes tan humanos que se balancéan entre la bondad y el odio, la grandeza y la humillación, entre el heroísmo y la paranoia.



 A través de esa ambiguedad, el autor nos confirma una certidumbre : la historia humana, aterradora y cruel se repite, cada ser humano puede ser tan bueno como malvado, cada uno puede albergar un oscuro deseo. Así como es presentado el enigmático personaje de Elías Gil « Esa calma no era resignación y tampoco cabía confundirla con la frialdad cruel y asesina de Ígor Sern. Tenía más que ver con un agujero dentro, como un disparo que sangraba en el interior de su alma y que se hacía más y más grande, un silencio oscuro, profundo, sólido. Las partes de Elías que podían sufrir, temer o incluso sentir amor estaban cercenadas, colgaban de ese silencio como miembros descoyuntados que ya no tenían utilidad. Ya no cabía la amargura ni el reproche. Comprendía que la inmensidad de lo que le había ocurrido a él le había sucedido antes a otros miles, no aquí, en la Unión Soviética, sino en cualquier rincón del mundo donde hubiese seres humanos. Y después les pasaría a otros miles, a millones quizá. Morirían sin razón, o por razones absurdas, la gente se aferraría a las banderas, a los himnos, a las trincheras. Matarían, morderían, destrozarían cuanto se interpusiera entre ellos y la vida. Y eso no sería ni bueno ni malo. »



Así Víctor del Árbol, en su novela Un millón de gotas nos habla de las guerras, de los campos de concentración. La matrioska, un enemigo invisible, nos permite viajar por los campos de concentración de  Rusia de 1930, por la frontera de España con Francia durante la Guerra Civil española y nos hace un recorrido por una europa del siglo XX convulsionada, llena de historia, de cambios, de muertes y nos muestra hasta qué punto el pasado continúa forjando nuestro presente. Una tragedia, que nos toca la piel y nos hace en ocaciones alejar el libro, para no ver ni sentir esa crueldad casi animal de la que son capaces algunos.


 

Lo que atrapa al lector en Un millón de gotas, no es el morbo de leer algunas de esas atrocidades, es la maestría con la que Víctor del Árbol mantiene el suspenso. Al pasar las páginas, al llegar al punto final de un capitulo, el lector no querra cerrar el libro. Algo terrible y secreto habita en cada personaje y es en cada palabra y cada acto que la matrioska va mostrando su profundidad.



Con este libro me sucedió lo que con pocos, me faltaban muchas páginas para el final, era un jueves y cerca de las 9:00pm decidí que era el momento de descansar los ojos, el corazón y la mente, debía descansar de ese viaje en el que uno se sorprende de la inociencia de algunos personaje y se molesta con la aberración de otros. 20 minutos después, la incertudumbre no permitió dormir. Debía terminar con la tragedia, conocer los demonios que acompañaban a Elias Gil, entender la inflexibilidad de Ana Ajmatova, reconocer en Gonzálo esa figura de héroe literario. Sentía el corazón en la garganta, pasaba las página llegué a la última, y la matrioska me mostró su última muñeca, ya era las 4:30am.
Liliana Tavera