Ce
récit de Juan Tallón raconte, de façon éclatée mais parfaitement
fluide et cohérente, les dernières heures de la vie de 4 grands
poètes, Cesare Pavese, Alejandra Pizarnik, Anne Sexton et Gabriel
Ferrater, celles qui ont précédé leur geste fatal, ce qui
donne au récit une grande intensité. Ce n’est en rien une
biographie même si l’auteur relie les circonstances familiales,
culturelles, historiques et politiques à la fin tragique des poètes.
Il évoque les peurs, les angoisses, les tendances suicidaires de
chacun d’entre eux. Ce sont des êtres aux fêlures profondes qui
voyagent entre la veille et le rêve et qui finissent par lâcher
prise, n’en pouvant plus.
La
structure fragmentaire n’a rien de chaotique, au contraire, il y a
comme un fil invisible qui relie ces 4 destins. Ce qui nous est donné
à voir ce sont les fragments d’une fresque du désespoir. L’auteur
nous donne des pistes et nous comprenons de l’intérieur le destin
de chacun de ces 4 poètes qui, par des chemins différents ont fini
par ne plus supporter la vie et ne plus pouvoir écrire. Ainsi
Alejandra Pizarnik, citée par Juan Tallón dit « Hace tanta
soledad/ Que las palabras se suicidan » qu’on pourrait
traduire de façon imparfaite par « Il y a tant de solitude/
que les mots se suicident. »
Un
livre fort avec une écriture limpide et précise, presque
minimaliste, avec du silence autour des mots, qui ne parle pas
seulement de destins tragiques mais est aussi une déclaration
d’amour à la poésie.
Françoise Jarrousse
Prix
LUEIRO REY du roman court 2012
« Fín
de poema » de
Juan Tallón (en galicien)
traduit
en espagnol par les
éditions Alrevés, octobre 2015. 160
p.
Représenté
en France par
Sophie Savary, Agent Littéraire
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