jeudi, avril 10, 2014

Semana Cultural de l'AFCM : Soirée poésie du 4 avril 2014 #1


Nous vous l'annoncions il y a quelques jours et aujourd'hui nous vous proposons ci-après un compte-rendu de la soirée Poésie organisée par le Comité de Lecture de l'AFCM vendredi dernier, le 4 avril 2014...

La séance a été ouverte par Paula et Rachel qui nous ont fait les présentations du comité de lecture et de la soirée...
En ouverture, place à la poésie de Darío Jaramillo Agudelo par la voix de Leti !
Poemas de amor #1
Ese otro que también me habita,
acaso propietario, invasor quizás o exiliado en este cuerpo ajeno o de ambos,ese otro a quien temo e ignoro, felino o ángel,ese otro que está solo siempre que estoy solo, ave o demonioesa sombra de piedra que ha crecido en mi adentro y en mi afuera,eco o palabra, esa voz que responde cuando me preguntan algo,el dueño de mi embrollo, el pesimista y el melancólico y el inmotivadamente alegre,ese otro,también te ama.

Et à une traduction en français de et par Laurence...

Poème d'amour #1
Cet autre qui lui aussi m'habite,
Peut-être bien propriétaire, ou alors envahisseur ou exilé en ce corps étranger ou les deux,
cet autre que je crains et ignore, félin ou ange,
cet autre qui est seul chaque fois que je suis seul, oiseau ou démon
cette ombre de pierre qui a grandi en moi et tout autour de moi,
écho ou parole, cette voix qui répond lorsque l'on m'interroge,
le maître de mon chaos, le pessimiste et le mélancolique, le bienheureux,
cet autre
aussi t'aime.

La soirée s'est poursuivie par le récit de la découverte de Darío Jaramillo Agudelo par Laurence...
Pourquoi ce poème pour commencer ? Parce que ce poème a été proclamé « Meilleure déclaration d'amour de la poésie colombienne » par la Casa de Poesía Silva en 1989 !
Son auteur, Darío Jaramillo Agudelo, poète et romancier colombien, est en effet connu et reconnu dans le monde littéraire hispanophone principalement pour ses Poemas de Amor publiés en 1986. Et il n'est, pour le moment, connu ni en France ni par le public francophone...
Alors, comment ai-je donc fait sa rencontre ?
Ma chance, notre chance, c'est qu'il soit publié par des éditeurs espagnols et non pas seulement colombiens. On pourra revenir sur ce sujet plus longuement, mais aujourd'hui, la diffusion dans le monde de la littérature latino-américaine est assez cadenassée par le monde éditorial espagnol et c'est bien dommage ! Il est tant de créer aujourd'hui des passerelles un peu plus directes et c'est bien là un des objectifs de notre comité de lecture !
Darío Jaramillo, donc... C'est en parcourant des blogs et des sites consacrés à la littérature hispanophone que je suis tombée sur l'un de ses titres et sur des comptes-rendus de lecture qui m'ont donné envie de le découvrir. Mon premier bonheur a donc été la lecture de Memorias de un hombre feliz. C'est un roman publié par Alfaguara à Bogotá en 2000 et par Pre-Textos en Espagne en 2010.
Je ne vous dévoilerai rien en vous disant que c'est l'histoire tout à fait jubilatoire de Tomás, ingénieur de Bogotá à la retraite, qui nous raconte comment, pour être heureux, il a été obligé de se débarrasser de sa femme, c'est à dire de l'éliminer, de la tuer ! Je ne vous dévoilerai rien parce que, dans ses romans, Jaramillo aime dévoiler dès les premières pages l'essentiel des rebondissements de son histoire... Mais le suspens réside finalement dans le fait que l'on est très vite très curieux de connaître les motivations qui mènent à ces péripéties... En gros, sa narration illustre parfaitement l'adage qui dit que le chemin compte plus que la destination !
Et le héros de cette histoire, Tomás, est un champion olympique de la mauvaise foi qui nous entraîne dans ses auto-justifications de manière à la fois terrible et très drôle ! A un journaliste qui lui demandait ce qui le poussait à introduire cet humour, Jaramillo a répondu qu'en tant que lecteur, il adore ressentir l'envie d'éclater de rire sans vraiment le faire parce qu'au fond, ce qui est raconté est terrible... Eh bien, il réussit parfaitement à produire cet effet pour ses lecteurs et c'est vraiment réjouissant, c'est vrai, je suis bien d'accord avec lui !
A partir de cette première lecture, j'ai vite voulu en connaître plus sur cet auteur mystérieux... Et là, sur internet encore, j'ai découvert sa poésie ! En effet, on peut trouver pas mal de ses poèmes en ligne et c'est un poème que vous entendrez tout à l'heure qui a éveillé mon intérêt et encore un peu plus ma curiosité : j'ai acheté l'un de ses recueils de poésie !
Paula m'a demandé de vous raconter ce qui m'a poussée à commencer à les traduire... Eh bien la question est à la fois difficile et facile : ce qui m'a poussée, c'est une envie, un désir, une pulsion quoi ! Ses mots me semblaient si simples et les images, sensations produites si intenses que j'ai cherché à savoir si je pourrais rendre la même chose avec des mots français...
Tout cela m'a mené à l'été 2013. Commençant à prospecter pour essayer de rencontrer un éditeur français intéressé par cet auteur et par la richesse de son œuvre, je suis tombée par hasard sur le site de l'AFCM... Et là, tout s'est enchaîné : j'ai frappé à la porte ouverte du Comité de Lecture en septembre dernier où j'ai été accueillie très simplement et chaleureusement ; puis, quelques jours plus tard, parlant de Jaramillo à Rachel qui était à la recherche de noms de poètes colombiens pour une soirée organisée par la Société des Poètes Français à la Salle Pétrarque, elle m'a dit : « Je ne le connais pas, mais parles-en à Paula, je crois bien qu'elle le connaît ! »... 


Le monde est bien petit finalement pour qui voyage....... autour de la terre et/ou par la lecture !

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