Lucero, c’est un nom qui va bien à Federico García Lorca qui traversa son époque comme une étoile lumineuse. Lucero, c’est le nom que lui donne Aníbal Malvar dans ce livre étonnant, foisonnant qui restitue, en même temps que la trajectoire fulgurante du poète, l’histoire de toute une époque, celle qui précède la guerre civile, et celle d’un lieu, la Vega de Grenade. Une histoire qui nous est contée dans un style souvent baroque que la traduction d’Hélène Serrano rend à merveille.
Nous suivons Federico pas à pas, de 1916 (il a 18 ans) à 1936, d’Asquerosa à Viznar en passant par Grenade, Madrid, Buenos Aires, Cuba, New-York, du Riconcillo de ces jeunes poètes de Grenade, un peu potaches, à la résidence universitaire de Madrid où l’on retrouve entre autres Dalí et Buñuel, à La Barraca, expérience de théâtre itinérant extraordinaire. Et enfin Viznar où il fut assassiné parce que « socialiste, maçon et homosexuel ».
Ce livre, ce n’est pas une biographie, c’est une sorte de chanson de geste qui nous parle de F.G. Lorca non comme une icône mais comme un être vivant. Et c’est un très bel hommage qui lui est ainsi rendu.
C’est une épopée construite comme un puzzle qui mélange réalité sociale et politique, coupures de presse de l’époque et interviews. C’est un livre au regard à la fois tendre et ironique, ce qui n’a rien d’étonnant car c’est ce qu’on trouvait déjà dans « Comme un blues » et dans « La ballade des misérables » (celui-ci, Les Collecteurs vous en avaient déjà parlé là), les livres d’Anibal précédemment traduits, et de quelle manière, par Hélène Serrano et également publiés aux éditions Asphalte.
Et, pour prolonger cette lecture, il faut écouter Aníbal chanter Lorca, ce qu’il fait avec une grande sobriété et beaucoup d’émotion.
Françoise Jarrousse
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