C’est un récit nous dit-on sur la couverture. Le récit d’un ailleurs que l’autrice a vécu sur le plan professionnel et qui est devenu aussi un ailleurs dans sa vie amoureuse.
Le livre s’ouvre au moment où le séduisant Upali, accompagné de sa future épouse, tente de braver tous les obstacles qui se dressent sur la route avant de convoler en de justes noces. Et des tracasseries il y en a ! La bureaucratie française se pique de dénoncer un mariage blanc – mais il n’en est rien, puisque de communauté de vie il en est bien question.
Les voyages, Hélène Honnorat, connaît son sujet. Mais pas en simple touriste comme nous le ferions, non, en véritable professionnelle expatriée. Jugez du peu : Malaisie, Sri Lanka, Antilles, Jakarta, Costa Rica– une spécialiste, vous dis-je.
On connaît bien Hélène dans notre association des « Collecteurs ». Elle nous avait d’ailleurs déjà livré un drôlissime recueil d’anecdotes que j’avais chroniqué en mars 2020 : « Sois sage ô mon bagage », sorte de Tour du monde en 80 références – courez donc à la « Géosphère » ou dans votre librairie préférée si vous ne l’avez pas encore lu.
Donc le dépaysement Hélène connaît. Et lorsqu’il s’agit de sa vie amoureuse, elle n’hésite pas non plus. La narratrice a croisé le regard du bel Upali, et elle n’a de cesse de le revoir. Ce sera à l’occasion d’une soirée déguisée à Colombo – récit loufoque et captivant où l’on comprendra que l’amour peut donner des ailes …
Mais qui est ce bel autochtone dont tout le monde s’amourache ? « D’où peut venir cette étonnante aptitude à affrioler son prochain ? « écrit la narratrice dans « Un mari en Asie »
Journaliste à l’AFP, ce séduisant sri lankais a tout d’un autochtone, et la vie à ses côtés n’est pas de tout repos. Il lui donne deux filles et permet à la jeune mère de s’interroger : son charme ne viendrait-il pas d’une certaine qualité de son « rapport au monde », pas du tout à la mode occidentale – on lira avec plaisir les pages consacrées au rapport au temps et on comprendra qu’Upali n’a pas exactement le même qu’en Europe – mais peut-être est-ce dû à une simple aspiration à une vie paisible, lié à un souvenir de son enfance passée sur l’île qui ne s’appelait pas encore Sri Lanka mais Ceylan ..
Mais toute médaille a son revers, et des défauts, la narratrice ne nous cache pas qu’il en a : tricheur – savoureuses pages où il est question d’une triche à la tombola de l’association d’amitié France/Sri Lanka - mais aussi exercice illégal de l’activité de photojournalisme, couvrant les évènements au Timor, au risque de mettre en danger non seulement son activité, mais celle de son épouse fonctionnaire …
Mais il y a aussi plein d’autres choses dans ce récit : quatre pages magnifiques sur l’amour et sa sensualité dans ce pays lointain notamment. Mais aussi des couleurs, des odeurs aussi, pour mieux nous imprégner de cet ailleurs qui fait rêver.
C’est donc bien à une « exigence de souvenirs » que l’autrice nous invite, avec un bel hommage à ce compagnon d’une vie dont on découvre le portrait en creux vu par celle qui l’a visiblement aimé, tout aussi bien qu’une réflexion sur le couple, et sur le couple mixte en particulier …
La clef du récit se nichant à la page 153…. mais je vous laisse aller jusque là pour vous en rendre compte par vous-même – et pour cela il vous faudra vous procurer le livre ! Courez donc à la « Géosphère » ou dans toute autre librairie pour vous en procurer un exemplaire.
Je vous recommande aussi l’émission de Nathalie Bouly, avecl’interview d’Hélène très réussie : bravo Nathalie !
La fiction se terminera par la délivrance du précieux sésame qui scellera le couple et la double nationalité d’Upali, mais il aura fallu pour cela batailler encore et encore dans l’enfer bureaucratique français.
Des histoires savoureuses donc, pleines de vie et de poésie, avec une pointe de nostalgie composant un récit plein de tendresse et de profondeur, avec l’impression, une fois refermé le livre, d’avoir rencontré cet Upali– un être bien sympathique qu’Hélène nous aura rendu par le sortilège de l'écriture profondément vivant.
Florence Balestas
Un mari d’Asie, Hélène Honnorat, éditions des Quatre seigneurs, 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à nous faire part de votre avis !