Rosa
Montero est une auteure et journaliste espagnole, née en 1951 à
Madrid.
Elle
a écrit des essais, des contes, et surtout une quinzaine de romans,
dont beaucoup ont été traduits en français.
Le
Roi transparent est l'un des plus connus. Il a été publié en
2005 chez Alfaguara et en 2008 chez Métailié pour la traduction
française.
« Je
me revois en train de labourer le champ avec mon père et mon frère,
il y a si longtemps qu'on dirait une autre vie. Le printemps nous
talonne, l'été se rue sur nous et nous sommes très en retard pour
les semailles : cette année, non seulement nous avons dû
labourer en premier les champs du seigneur, comme d'habitude, mais il
a fallu aussi réparer les fossés de son château, faire provision
de vivres et d'eau dans les tours, étriller ses puissants chevaux de
bataille et débroussailler les prés autour de la forteresse afin
d'éviter que les archers ennemis puissent s'y embusquer. »
C'est
l'histoire d'une paysanne, nommée Léola, qui vit dans le sud de la
France.
L'histoire
se passe au Moyen Age. Dès le début du roman,sa maison est brûlée
et son père et son fiancé sont recrutés de force pour aller faire
la guerre. Elle part alors seule sur les chemins. Pour sa sécurité,
elle décide de se déguiser en chevalier. Elle rencontre une
sorcière, Nynève, qui va l'aider à acquérir de nombreuses
connaissances et lui faire rencontrer un grand nombre de personnages,
comme Aliénor d'Aquitaine ou Richard Coeur de Lion.
Il
s'agit donc à la fois d'un roman initiatique et d'un roman
d'aventures : l'histoire est prétexte au voyage, à
l'exploration, à la réflexion sur la vie et sur la mort, l'amitié,
la fidélité, la justice, la vérité et le mensonge...
Ce
livre est très documenté, mais Rosa Montero a pris ses distances et
beaucoup de libertés avec la stricte vérité historique (et
géographique), comme elle l'explique elle-même :
« Le
Roi transparent est né de ma passion pour le monde médiéval.
Non que j'aie décidé d'écrire un roman historique sur le XIIe
siècle et que je me sois ensuite documentée, mais parce que le
livre a surgi spontanément d'une immersion préalable dans le sujet,
de mon goût de lectrice pour cette époque. En réalité, s'il
fallait faire entrer ce livre dans un genre narratif, je crois qu'il
se trouverait plutôt dans celui des romans d'aventures ou
fantastiques. […] Plus que les données historiques, j'ai voulu
saisir les mythes et les rêves, l'odeur et la sueur de ce temps-là.
De sorte que ce livre est volontairement anachronique, ou plutôt
achronique. Au cours des vingt-cinq années que durent les péripéties
de Léola sont narrés des événements qui s'étendent sur un siècle
et demi. Par exemple, les deux croisades populaires qui sont citées
ont vraiment existé et se sont vraiment achevées aussi
lamentablement mais la première, celle de Pierre d'Amiens, a eu lieu
en 1095 et celle des Enfants en 1212, de sorte que maître Roland n'a
pas pu être témoin des deux, comme il le prétend. Toutefois, je
crois qu'en rapprochant ces croisades dans le temps j'ai reflété
une vérité plus importante, qui est l'incessante cohue vagabonde
qui peuplait les chemins à cette époque. »
Elle
reconstruit donc l'Histoire pour faire ressortir ce qui constitue
selon elle l'essence de cette époque.
Rosa
Montero a un vrai talent de conteuse. J'aime beaucoup cette auteure.
Si vous êtes comme moi, nous avons de la chance : elle sera
présente sur la prochaine Comédie du livre !
Elle
fera partie des trois auteurs hispanophones accueillis à l'occasion
de la mise à l'honneur des éditions Métailié (avec Santiago
Gamboa, Colombien, et Luis Sepúlveda, Chilien).
Pour
en savoir plus :
Rachel
Mihault
Le Roi transparent, de Rosa Montero, Editions Métailié, Paris, 2008