Des
larmes sous la pluie... les fans de Blade Runner y verront un
clin d'oeil à cette histoire.
Nous
sommes en 2109, sur les États-Unis de la Terre. Les réplicants sont
des êtres créés par les humains pour remplir les tâches les plus
ingrates, qui peu à peu se sont battus pour acquérir des droits,
mais ne sont toutefois pas encore tout à fait intégrés ou acceptés
dans la société. Ils naissent à l'âge de 25 ans avec une mémoire
artificielle et vivent environ dix ans, puis meurent de la TTT
(tumeur totale techno).
Bruna
Husky, une réplicante, va s'apercevoir que plusieurs réplicants
sont morts dans des crises de folie meurtrière. Elle va alors mener
son enquête, avec pour seuls alliés quelques marginaux, et
découvrira peu à peu l'existence d'un trafic de mémoires vérolées.
Or
Bruna doit faire vite car il lui reste peu de temps à vivre. Ainsi à
travers elle, Rosa Montero nous parle de notre mort à tous, de notre
vie limitée et de ce que nous pouvons en faire...
Mais
Bruna va se trouver confrontée à des êtres dangereux, comme les
Suprématistes humains, membres d'un parti politique prônant
l'exclusion et l'élimination progressive des réplicants. Ici, la
science-fiction met en scène le présent : Rosa Montero évoque
le sentiment d'intolérance que connaissent nos sociétés actuelles.
Sur d'autres points, et notamment sur les questions
environnementales, elle anticipe sur les problèmes auxquels nous
risquons d'être bientôt confrontés si nous n'agissons pas
rapidement :
"Autour d'eux, tout semblait en glace ou en verre mais il s'agissait en réalité de thermoglass, ce matériau synthétique et incassable capable de créer des ambiances thermiques. Ils marchèrent à travers une reproduction de ce qui avait dû être l'Arctique, avec ses grandes roches glaciaires et ses icebergs brillants qui flottaient sur des mers de cristal, jusqu'à une longue crevasse irrégulière qui séparait les visiteurs d'un lac au bleu intense et de plateformes de glace, le foyer de Melba. Depuis le bord du fossé, on pouvait contempler l'animal, s'il était hors de l'eau et ne s'était pas caché parmi les roches. Mais le mieux était de descendre dans la crevasse. C'est ce que firent Nopal et Husky : ils montèrent sur le tapis roulant comme des touristes appliqués et descendirent entre les parois glissantes et cristallines. Le tapis avançait très lentement et sur les murs de la crevasse, sur cinq écrans successifs qui se confondaient les uns dans les autres, on projetait le film des derniers moments de la Melba d'origine. Réellement, on avait l'impression d'y être, quand on voyait se briser le dernier petit morceau de glace auquel l'ourse voulait s'agripper, l'animal qui nageait de plus en plus lentement, soufflait en s'enfonçant sous la surface, ressortait son museau sombre hors de l'eau dans un effort d'agonisant et poussait un gémissement épouvantable, un grognement entre la fureur et la terreur. Avant de disparaître finalement sous une mer gélatineuse et noire."
"Autour d'eux, tout semblait en glace ou en verre mais il s'agissait en réalité de thermoglass, ce matériau synthétique et incassable capable de créer des ambiances thermiques. Ils marchèrent à travers une reproduction de ce qui avait dû être l'Arctique, avec ses grandes roches glaciaires et ses icebergs brillants qui flottaient sur des mers de cristal, jusqu'à une longue crevasse irrégulière qui séparait les visiteurs d'un lac au bleu intense et de plateformes de glace, le foyer de Melba. Depuis le bord du fossé, on pouvait contempler l'animal, s'il était hors de l'eau et ne s'était pas caché parmi les roches. Mais le mieux était de descendre dans la crevasse. C'est ce que firent Nopal et Husky : ils montèrent sur le tapis roulant comme des touristes appliqués et descendirent entre les parois glissantes et cristallines. Le tapis avançait très lentement et sur les murs de la crevasse, sur cinq écrans successifs qui se confondaient les uns dans les autres, on projetait le film des derniers moments de la Melba d'origine. Réellement, on avait l'impression d'y être, quand on voyait se briser le dernier petit morceau de glace auquel l'ourse voulait s'agripper, l'animal qui nageait de plus en plus lentement, soufflait en s'enfonçant sous la surface, ressortait son museau sombre hors de l'eau dans un effort d'agonisant et poussait un gémissement épouvantable, un grognement entre la fureur et la terreur. Avant de disparaître finalement sous une mer gélatineuse et noire."
J'avoue
avoir eu quelques difficultés à me plonger dans les 130 premières
pages de ce roman de science-fiction, cependant je me suis par la
suite laissée emporter par une intrigue captivante.
Un
récit bien construit, avec au centre le thème de la mémoire si
cher à l'Espagne actuelle.
Rachel Mihault
Des
larmes sous la pluie, Rosa Montero, traduit par Myriam Chirousse, éd. Métailié, 2013
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