dimanche, septembre 16, 2018

"Un autre monde - Otro mundo", Alfons Cervera (Espagne)

Alfons Cervera, nous l’aimons bien. Marc nous en parlait déjà il y a quatre ans, après sa lecture de « Tant de larmes ont coulé depuis » et l’an dernier, à l’occasion de la Comédie du Livre, nous avions participé activement à l’animation d’une rencontre avec le tandem Alfons – Georges menée par JulienDelorme.
Or, nous vous le disions dans l'article précédent : la rentrée de La Contre Allée est prometteuse. Après le Nord du monde de Nathalie Yot, paraîtra début octobre « Un autre monde / Otro mundo » d’Alfons Cervera, traduit par Georges Tyras. Françoise qui l’a lu en version originale, a décidé de partager avec nous sans attendre ses impressions !


« Il est des livres dont on n’arrive pas à se déprendre parce qu’ils créent en nous une sorte d’onde de choc et dont il est difficile de rendre compte par peur de n’être pas à la hauteur. « Otro mundo », « Un autre monde » d’Alfons Cervera dont la parution à La Contre Allée est imminente (le 4 octobre) est de ceux-là.
Dans ce livre de peu de mots, qui est comme une fugue musicale, Alfons Cervera nous ramène une fois encore à son Macondo personnel, Los Yesares, et à son thème récurrent, la mémoire. La sienne et celle des vaincus, de ceux qui ont été condamnés au silence. C’est pour eux qu’il écrit et pour son père qui fut l’un d’eux : « C’est pour toi que j’écris. Pour sortir ta mémoire du silence auquel t’ont condamné les années d’infamie ».
Et « Otro mundo » c’est la tentative d’un dialogue impossible avec un père par delà la mort, pour briser le silence qui a été celui de toute sa vie même s’il a la certitude « qu’un jour tu as voulu parler et que tu as décidé de te taire pour toujours ».
« Otro mundo c’est un livre sur le silence, sur un passé dont il ne reste qu’un souvenir incertain que l’écriture tente de redessiner mais dont les lignes restent à jamais floues. Car ce sont les brumes du passé, si chères à Leonardo Padura que nous restitue Alfons Cervera à travers « la calligraphie fragile de l’oubli ».
C’est aussi un livre sur le temps qui passe, sur l’enfance, « ce temps qui se prolonge à l’infini », sur la jeunesse perdue, un livre écrit avec « la couleur orangée du crépuscule ».
Un livre impressionniste fait de petites touches couleur sépia, d’une délicatesse extrême où Alfons Cervera questionne l’écriture (« écrire, c’est arriver nulle part »), fustige les écrivains qui font de la littérature de la mémoire leur fonds de commerce, s’interroge sur la façon dont le livre se prolongera chez le lecteur.

Un livre où il convoque les écrivains qui ont accompagné sa vie, qui lui ressemblent et qui, comme lui, écrivent « à la marge ». Et parmi ces compagnons de route figure Patrick Modiano, son double français.
Et ce livre, il s’insinue en nous, au plus profond et sa musique entêtante nous renvoie à nos propres questionnements. Ce petit livre, d’une profonde humanité, est un grand livre.
Il sera dans les librairies le 4 octobre dans la traduction de Georges Tyras, son traducteur de toujours, qui connaît si bien Alfons que ses traductions semblent venir de l’intérieur des mots. »
Françoise Jarrousse

 

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