Elles sont quatre.
Quatre femmes, quatre comédiennes et elles ont
toutes un lien particulier avec un homme, un réalisateur de film, le beau Boris
Pavlovic.
Il y a Nadja. Nadja Steiner, une actrice
qui a joué dans une série il y a quelques temps, à Dubrovnik. Et a vécu
« la chose la plus terrible et merveilleuse » qui lui soit arrivée,
avec ce fameux Boris. Et qui est devenue ainsi écrivain, sous le pseudonyme de
« Elizabeth Hope ».
Il y a Ana. Ana vit aux États-Unis,
travaille comme serveuse chez « Murphy », a fui Belgrade où elle
était comédienne, Ana Belic. Maintenant elle est devenue Ann Belly à Los
Angeles. Officiellement mariée à un croate, journaliste de rock à Zagreb, pour
obtenir le droit de rester aux USA. A partir d’une mésaventure qu’elle a vécu
avec un vrai serbe déguisé en lover portugais, est née l’idée d’un scénario
avec Serge, un copain émigré comme elle, son meilleur ami, qui lui a expliqué
la règle du jeu à Los Angeles :
« La seule chose que j’avais
apprise, c’est qu’ici il n’y a pas de discussions, pas d’explications, pas de
morale, ni de grandes théories. Personne n’a de temps pour ça. »
Mais Ana vient de recevoir un
message.
« Chère Ana, j’ignore ce que
tu fais maintenant, et ce qui se passe dans ta vie… Ce serait vital pour moi
que tu acceptes ma proposition et viennes me rejoindre. A toi, Boris. »
Et ce message est accompagné d’un
autre qui indique que « la maison de production « le clap
d’ouverture » l’invite à un essai de tournage de la fiction documentaire
« Tout était musique » sous la direction de Boris Pavlovic. Sa chance
serait-elle en train enfin de pointer le bout de son nez ?
Il y a Jelena. Et elle l’indique
dès le début : « Boris, je t’aime encore ! ».
On comprend assez vite que Jelena a
rencontré Boris il y a quelques années – un coup de foudre réciproque – mais
que Boris avait déjà quelqu’un dans sa vie, « une actrice plus âgée, plus
expérimentée » de dix ans plus âgée qu’elle.
Devant cette impossibilité qu’avait
Boris de quitter sa femme, c’est elle qui a décidé de le quitter, en prétextant
être amoureuse d’un autre. « J’étais l’une de ces nombreuses femmes qui
faisaient irruption dans sa vie ; je suis la seule à en être
partie. »
Depuis Jelena s’est mariée et a un
fils de 9 ans. Son fils et son mari la regardent comme une déesse. Son mari Jovan
est très riche. Jelena joue au théâtre à Belgrade et, à 45 ans, elle est très
appréciée. Mais aujourd’hui elle a reçu un appel de Boris, qui voudrait qu’elle
tourne pour lui …
Enfin il y a Una. Un producteur de
cinéma l’a appelée, elle est invitée à des essais de tournage pour une fiction
documentaire, dont le réalisateur sera Boris Pavlovic. Elle a vaguement entendu
parler de lui. Elle se demande bien où il a pu la voir jouer, si ce n’est dans
une publicité pour des serviettes hygiéniques à ailettes. Elle a bien aussi joué
dans une série, les filles de la
banlieue, mais personne n’a vu cette série.
Mais aujourd’hui elle a
rencontré un homme d’affaires,
marié à une comédienne célèbre.
« Lui ? Oui, il m’excite.
C’est un bel homme. Mais elle m’excite, elle aussi. Sa femme, cette actrice
célèbre. Cette excellente actrice. Jelena, une femme mûre. Qui déclare dans les
journaux qu’elle est heureuse en ménage. Qui se fait photographier au milieu de
ses meubles hors de prix, qui se comporte comme une princesse. Qui l’a, lui.
Qui pense être l’unique femme de sa vie. »
Toutes les quatre sont donc en
route pour le tournage avec Boris à Belgrade.
Est-ce un piège, comme Serge le
suggère à Ana ?
Jelena elle, prend son bain. Mais
elle pleure aussi. Parce qu’elle pressent que son mari a une maîtresse. Mais
demain elle jouera la comédie. Elle reverra son ancien amoureux et trompera son
mari, « avec joie, sans remords ».
Una a beaucoup hésité. Elle sort du
yacht de Jovan et pense à sa mère, Sofia Bozovic, ballerine au Théâtre
national, qui n’a jamais voulu lui dire qui était son père.
Mais finalement elle prend la
route, et va retrouver ses trois consœurs, pour un mystérieux tournage sur le
thème « tout n’était que musique ». Étrange …
« Tout ce que tu sais de
moi » raconte l’amour et le mensonge. Peut-on vraiment aimer un autre
quand on est une comédienne, centrée sur son personnage ? Une actrice
peut-elle être sincère ? Une relation durable peut-elle exister avec
quelqu’un qui cherche toujours les applaudissements du public ?
Autant de questions, autant de
scènes très bien dessinées par cette écrivaine serbe qui est aussi
journaliste, peintre, autrice de romans – Journal
d’une jeune ménagère, un best
seller, de nouvelles et de pièces de
théâtre.
Un hymne à l’amour et au théâtre
qui nous en dit beaucoup sur les femmes et sur les hommes qui les aiment.
Florence Balestas
Tout ce que tu sais de moi de Miriana BOBITCH, éditions l'Age d'Homme, 2006
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