samedi, janvier 28, 2017

« Le Papillon », « L’Homme qui savait la langue des serpents », et « Les Groseilles de novembre » de Andrus Kivirähk (Estonie)

Aujourd’hui, François nous parle de trois romans venus du nord ! Et voici ce que l’éditeur français, Le Tripode, dit de cet auteur estonien :
« Andrus Kivirähk est un écrivain estonien né en 1970 à Tallinn. Phénomène littéraire dans son pays, journaliste et essayiste, son œuvre importante suscite l’enthousiasme d’un très large public qui raffole de ses histoires. Il écrit des romans et des nouvelles, des pièces de théâtres, des textes et des scénarios de films d’animation pour enfants. »




Traduit de l’estonien par Jean Pascal Ollivry (éditions Le Tripode, 2017. 136 p.)
La vie telle une comédie dramatique, où l’émotion exacerbée, dans ce Théâtre « Estonia », vies fragiles et éphémères, amours et amitiés et cette grâce qu’incarne le papillon à butiner, à charmer, et trouver du sens face à l’absurdité d’un monde sourd et aveugle. Une sorte de théâtre du monde, où le narrateur danse et est entraîné par le mouvement, par l’envoûtement d’une femme nommée Erika. Vie d’artiste, vie qui largue les amarres, vie folle et passionnée. Andrus Kivirähk compose ici une fable, mais sans morale finale. Si ce n’est que rôde ce menaçant chien gris aux yeux jaunes et que le danger revient inlassablement.
Premier roman, fort d’une atmosphère de soif d’idéal, de fraternité et de partage avec des scènes émouvantes dans ce que le théâtre peut offrir de meilleur comme exaltation.


Traduit de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier (édition le Tripode, 2013. 440p.)
L’Homme qui savait la langue des serpents représente un tour de force littéraire, un roman qui nous entraîne dans une langue étrange-étrangère, une plongée dans un monde tenant du fantastique et trace avec précision la démence de soi-disant sages qui fous de certaines superstitions en deviennent des monstres. C’est aussi, dans ce monde clos qui finit et l’attirance d’un nouveau monde, de nouvelles croyances, un hymne à l’amitié et l’amour, malgré la cruauté fatale des hommes trop pleins de certitudes. Ce livre-univers, qui débute dans une cadence lente et qui nous mènera dans un tourbillon au tempo de folie, amène à réfléchir sur l’humanité qui est si souvent si frustre, cruelle et stupide. C’est une nostalgie de l’enfance sous-tendue et de l’immense solitude à être non consolable.


Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin (éditions le Tripode, 2014. 266 p.)
Les groseilles de novembre est un livre qui regorge de vie et de malice, où chacun compose avec le vieux païen, suppôt de Satan, avec des Kratts, créatures de bric et de broc relevant plutôt du fantastique et de la sorcellerie, dans un village estonien presque intemporel, habité par les rêves et les déboires d’habitants fourbes ou généreux, parfois cupides et revanchards.
Le livre est astucieusement découpé en trente journées du mois entier de novembre et apparaît ainsi bien comme une chronique. Mais quelle chronique ! Le fantastique et l’imaginaire y sont invités d’honneur, dans ces contrées où le Kalevipoeg (mythe fondateur des estoniens) est vraiment bien vivace.
La lecture est ici jubilatoire avec des personnages surprenants, dans des situations cocasses, et l’on garde longtemps l’amère douceur acidulée de groseille simulant quelques gouttes de sang.
On ne tarira pas d’éloge sur la version française du traducteur Antoine Chalvin qui nous permet de lire les péripéties burlesques ou dramatiques si terriblement humaines ainsi qu’une plongée dans un monde méconnu qui mérite vraiment la découverte.


François Szabó

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