Rodrigo Rey Rosa est un écrivain guatémaltèque, né en 1958 à
Ciudad de Guatemala. Il a publié un grand nombre de contes, de nouvelles et de
romans, dont plusieurs ont été traduits en français et publiés notamment chez
Gallimard.
Laurence nous avait présenté son roman intitulé Severina, qu’elle avait beaucoup aimé.
Ne pas toucher la queue du dragon a été traduit en français par
Jacques Aubergy et publié chez L’atinoir.
Il ne s’agit pas d’un roman ni d’une fiction, mais d’une enquête effectuée par Rodrigo Rey Rosa dont le sujet est, comme l’indique le sous-titre : Violence et racisme d’Etat au Guatemala.
Il ne s’agit pas d’un roman ni d’une fiction, mais d’une enquête effectuée par Rodrigo Rey Rosa dont le sujet est, comme l’indique le sous-titre : Violence et racisme d’Etat au Guatemala.
En effet, entre 1960 et 1996 le Guatemala a connu une
terrible guerre civile qui fit plus de 100 000 victimes, dont un grand
nombre furent des indiens tués par la junte militaire dirigée par le dictateur
Efraín Ríos Montt en 1982 et 83 : une
campagne d’extermination élimina alors un tiers des indiens maya-ixiles, soit
près de 30 000 personnes. Celui-ci a été condamné en 2013 à cinquante
années de prison ferme pour génocide et trente ans ferme pour crimes contre
l’humanité, mais le jugement fut cassé par la Cour de Cassation.
Rodrigo Rey Rosa s’appuie sur les témoignages qu’il a
recueillis et sur les documents d’archives qu’il a pu consulter pour dénoncer
les violences subies par les indiens ixiles. D’après lui, « Ce fut un long
processus parce que longtemps les gens se refusèrent à parler du passé. « Il
ne faut pas toucher la queue du dragon », disaient-ils. Mais
lorsqu’ils ont pu surmonter leur peur, les témoignages se sont succédé en
cascade. »
Il cite les propos de Clyde Snow, pionnier de l’anthropologie
judiciaire : « Nous avons vu des choses semblables au Salvador, en
Bosnie et en Irak, lorsque Saddam Hussein faisait assassiner des villages
entiers de Kurdes. Mais c’est lors de notre travail au Guatemala que nous avons
vu le plus grand nombre d’atrocités. »
Selon Rodrigo Rey Rosa, « comme dans l’Allemagne nazie,
il faudrait avant tout reconnaître que notre système est atteint de cette grave
tare qu’est le racisme, et en particulier le racisme anti-maya dans notre cas.
Cette tare qui avec sa cohorte de stupidités, de mensonges et de cruauté, a
rendu possible des prises de positions comme celles qui ont permis à notre
violence nationale d’atteindre des niveaux reflétés non seulement dans les médias
mais aussi dans les livres, le cinéma, les arts et les conversations des
Guatémaltèques. Et aussi dans leurs rues… »
Il dénonce par ailleurs les activités des compagnies minières
canadiennes, qui portent aujourd’hui très gravement atteinte à la santé des
habitants des régions concernées et dont les peuples mayas sont les premières
victimes au Guatemala, comme d’autres populations à travers l’Amérique
latine : de nombreux enfants sont atteints de calvitie et des adultes ont
des plaies sur le visage, les bras et le ventre, à cause des grandes quantités
de cyanure utilisées.
Un livre à lire absolument.
Et si vous suivez l’actualité, vous aurez
certainement envie de voir le film de César Díaz, Nuestras madres, récemment primé à Cannes. A recommander !
Rachel Mihault
Ne pas toucher la queue du dragon. Violence et racisme d’Etat
au Guatemala, de Rodrigo
Rey Rosa, éd. L’atinoir, 2014
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