Cette
semaine, nous avons eu le plaisir de recevoir l’éditeur-traducteur
Jacques Aubergy pour l’enregistrement de l’une des dernières
émissions
« Lectures par tous » de la saison.
Nous
vous invitons à aller l’écouter nous parler des éditions
L’atinoir en compagnie d’Antoine Barral, traducteur-dealeur
de projets, de Rachel Mihault, notre Présidente et grande lectrice
avertie, de moi-même, Laurence Holvoet, lectrice-traductrice, et
bien entendu de Marc Ossorguine, lecteur-animateur radio auquel -
l’occasion fait le laron ! - nous adressons tous nos
remerciements pour avoir si brillamment assuré une si riche
programmation tout au long de cette première année d’aventures
littéraires radiophoniques !
Je
profite également de cette occasion pour évoquer rapidement l’une
des dernières publications de L’atinoir, « Severina »,
le petit roman de Rodrigo
Rey Rosa. Ce roman est un
petit hymne à l’amour des livres, où un libraire tombe éperdument
amoureux d’une mystérieuse voleuse de livres qui mène
une vie nomade avec un vieil homme tout aussi mystérieux…
Un
extrait a retenu mon attention, il pourrait être un bon complément
à notre
Manifeste ! Je vous en laisse juge… C’est le vieil homme
qui parle au libraire :
« - On
nous a accusé de toutes sortes de vices, de délits et même de
crimes. (…) On nous a fait passer pour des agents secrets, des
escrocs. On nous a pris pour des espions, pour des gens qui se
servent des livres pour transmettre des messages codés. On a dit que
nous collectionnions des éditions ou des exemplaires liés à toutes
sortes de crimes ou de scandales. Bref, des pornographes en tout
genre. Tout ce que nous faisions, c’était une seule et même chose
qui consistait à nous servir des livres pour en vivre. Vous ne le
savez sans doute pas. Un de mes oncles, qui était fou, il faut bien
le dire, mais qui pouvait parfois être génial, croyait ou disait
croire que derrière les livres, derrière ces objets que l’on
appelle des livres, il y avait un esprit de corps. Comme dans une
fantaisie futuriste où les machines et les ordinateurs, certaines
plantes, celles
dont on extrait les drogues, et les
métaux tels que
l’or et le fer, ont eux aussi
un esprit. Il parlait d’une
lutte pour la domination par les livres dans certains endroits de la
planète. Un phénomène dont les tendances, dont les courant
pourraient s’observer comme sur ces cartes qui expliquent
l’histoire des ethnies ou des langues, sur lesquelles des flèches
de couleurs nous signalent les grands mouvements tout au long de
l’histoire. Migrations, invasions, épidémies, extinctions. Il
parlait de guerre de classes de livres avec d’autres classes de
livres, en fait, il parlait de genres. Comme dans toutes les guerres,
les meilleurs ne l’emportaient pas toujours. Mais pour nous, il n’y
a pas de vaincus, même si tous finissent par disparaître. Nous nous
servons de ces livres qui circulent, comme un marin pourrait se
servir des courants océaniques. Nous les utilisons du mieux que nous
pouvons, en nous situant, en quelque sorte, bien au-delà de ce bien
et de ce mal que représentent les livres. Nous, je veux dire elle et
moi, nous naviguons, aujourd’hui encore, au gré des marées et des
courants qui naissent des livres. »
Je
ne sais pas pour vous, mais moi, ça me parle bien !
Laurence
Holvoet
Merci, Laurence, je vais me précipiter sur "Severina" !
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