lundi, novembre 04, 2019

"La procession infinie", de Diego Trelles Paz (Pérou)


Diego Trelles Paz est né à Lima en 1977. Il est écrivain, journaliste, scénariste et universitaire (spécialiste de l’œuvre de Roberto Bolaño).

La procession infinie est le deuxième opus d’une trilogie, dont le premier opus s’intitule Bioy.

La procession infinie nous plonge dans l’histoire récente du Pérou (encore marqué par les actions du Sentier lumineux et par la dictature de Fujimori)… et dans l’histoire et l’actualité de la France et de l’Europe.

L’auteur déconstruit la chronologie des événements narrés et nous propose un récit polyphonique où Francisco, Cayetana, Ken, Carmen -dite Chequita-,  Diego -dit Chato-, et d’autres personnages racontent tour à tour leur Lima du début des années 2000 ou leur Paris ou Berlin des années 2015 (après qu’ils aient fui leur pays) : leurs luttes syndicales et sociales, leurs relations amoureuses ou amicales, leurs orgies, leurs déconvenues, leurs peurs, leurs difficultés à avancer, à comprendre, à se souvenir ou à tenter d’oublier… et les manigances politiques dont ils sont victimes.

« J’ai relu Borges. C’est la troisième fois que je le fais. Vous avez expliqué dans plusieurs entretiens que vous aviez choisi ce titre en hommage aux nouvelles policières que Borges et Bioy Casares ont écrites ensemble sous le pseudonyme de H. Bustos Domecq. Je me demandais si l’on pouvait dire que votre livre est un roman policier, car à part les militaires et ce commissaire corrompu qui apparaît à la fin, je n’ai vu de détective nulle part. Ma professeure m’a dit que, bien qu’il s’agisse d’un roman très dur et très violent sur ce qui s’est passé au Pérou pendant les années quatre-vingt, elle l’avait beaucoup aimé (vous n’ignorez pas qu’elle-même a vécu cette période très intensément). Elle trouvait cependant risqué d’avoir choisi ce titre. Les lecteurs, m’a-t-elle dit, pourraient penser qu’il s’agit d’« une biographie romancée de Borges » (je la cite parce que c’est exactement ce qu’elle a dit). »

Le lecteur (la lectrice) doit s’accrocher. Ce roman se mérite, il demande certainement de connaître ou d’aller chercher quelques informations historiques et géopolitiques, de relever et creuser les nombreuses références littéraires et de rassembler les pièces du puzzle disséminées par l’auteur. Mais il en vaut la peine !

Je n’ai pas (encore) lu d’autres livres de Diego Trelles Paz, mais une chose est sure : cet écrivain a du talent !

Et je n’oublie pas le travail du traducteur : bravo à Serge Mestre pour la version française !

Rachel Mihault

La procession infinie, de Diego Trelles Paz, traduit de l’espagnol par Serge Mestre, éditions Buchet-Chastel, 2019

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