Le
plaisir du partage de lectures s'infuse dans tous les lieux de
rencontre possibles et imaginables. Les réseaux sociaux en sont,
indéniablement.
Alors
quand les éloges d'un livre sont éclatants et qu'ils sont formulés
par une lectrice très avertie, on a très envie de les partager plus
encore :
Merci
donc à Françoise Salamand-Parker qui a accepté que l'on fasse un
article de son grand coup de cœur ! Voilà
donc ce que "L'Ancêtre" lui a inspiré :
"Voilà
ma vision : C’est un livre-monde. Pour moi, j’ai su dès les
premières pages que j’avais affaire à un grand roman.
Roman
d’aventure, roman d’apprentissage, roman philosophique à la
manière de Voltaire ou Rousseau, roman anthropologique, roman
poétique.
La
langue est belle en français. (je n’ai lu que la traduction de
Laure Bataillon) Des phrases longues mais jamais pesantes qui
cheminent dans l’imaginaire puisque le roman est présenté comme
un recueil de souvenirs d’un vieil homme, pourtant cet imaginaire
est très concret, très visuel. Il y a le jaune (étincelant,
celui-ci, le jaune de la plage), le bleu du fleuve omniprésent, le
brun des indiens, le rose des étrangers et ce noir qui englobe tout
dans une contrée mythique mais indéterminée où le verbe « être
» n’existe pas et est remplacé par « paraître ». Débutant
comme un roman d’aventure avec toutes les tribulations de marins,
la narration devient anthropologique : un narrateur (le mousse
survivant de 17 ans qui écrit quand il a en 60) décrit la vie
quotidienne de la tribu indienne nullement nommée dont il est devenu
mi-prisonnier mi-protégé. Le déroulement de l’année atteint son
climax lors de cérémonies orgiaques où s’entre-mêlent
batailles, cannibalisme, beuverie et sexe en tout genre, puis
douleurs extrêmes et morts. Ensuite tout redevient calme. Ce n’est
pas sans rappeler les Bacchanales des Romains ou le Karnaval des
gueux dont la violence ferait peur aux édiles montpelliérains et à
laquelle on préfère des violences plus lointaines, plus sanglantes
et moins rituelles quoique plus sauvages. Quels sont les mythes
fondateurs d’une société ? Un hubris calendaire ou une sauvagerie
qui s’auto-légitime et qui n’a pas de limite dans le temps ? Il
y a bien sûr dans ce livre la dichotomie attendue et un peu
caricaturale entre le « Sauvage » qui n’est pas toujours
rousseauiste et le « Civilisé » qui n’est pas toujours bon. Ce
qui fait craquer le texte comme le narrateur, c’est cette scène
originelle et écrite d’une manière crue sans concession, cette
vision de la fête cannibale où l’Homme est face à face avec son
animalité. C’est grandiose…"
Et
voilà que la Collectrice Françoise Jarrousse est venue en rajouter :
"Ce
roman coule comme le flux ininterrompu d'un fleuve et nous emporte.
C'est en effet grandiose. Et, Françoise, quelle belle analyse !"
Ah ! Et chose importante encore : Françoise Salamand-Parker est poétesse de talent à ses heures. Allez donc vous régaler de ses Haïkus trilingues !
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