jeudi, avril 14, 2022

"La Claire caresse / La Clara caricia" de Anna Serra (Catalogne, France)

 


La Claire caresse / La Clara caricia est un recueil de poèmes bilingue en français et en catalan, suivi d’une pièce de théâtre « Les Voix du bain / Les Veus del bany » sur le Prieuré de Serrabona. Anna Serra par de nombreux moyens livre une poésie pulsée par le son avec sa radio O, par la vision avec sa revue Or et se construit un paradis avec sa ferme La Perle dans le Morvan. 

Admirable poésie qui surpasse l’imagination et offre une expérience sensible inouïe, Un monde viable doux et créatif, sublime et jubilatoire, sacré mais altruiste. 

En bref, tout ce qui nous est nécessaire.

François Szabó

 

La Claire caresse / La Clara caricia de Anna Serra, Edition bilingue français-catalan, Editions Paraules, Editions Lanskine, 2021, 167 pages

 

lundi, avril 11, 2022

"Le Destin va ramener les étés sombres" de Etel Adnan (Liban-États-Unis)

 

La poésie de Etel Adnan trouve enfin en une édition de poche en français un moyen de parvenir à tous. Etel Adnan puissante inspiratrice poétique dans tous les arts y trouve enfin une reconnaissance à sa hauteur.

Merci à Alain Mabanckou d’avoir œuvré à cela, Et si la parole de la poète subsiste c’est encore grâce à cette poésie complexe mais audible, ce propos précis mais rythmé et évocateur.

Ce sont univers qui se succèdent dans une lente danse des mots et qui nous entraîne là où ne l’on ne s’y attend pas, lecture toujours dépaysante, lecture toujours renouvelée.

Ferment de modernité cette anthologie peut être comprise telle un testament.

François Szabó 

Le Destin va ramener les étés sombres, Etel Adnan, traduit de l’américain par Martin Richet, Jérémy Victor Robert, Françoise Despalles, Pascal Poyet, Françoise Valéry, éditions Points Seuil, 2022, 321 pages

 

lundi, avril 04, 2022

"De l’Hexagone considéré comme un exotisme" de Francis Navarre (France)

 

Savoir que Francis Navarre, sillonnant la Doulce France à moto, pratique un « régime un peu bas pour ne pas surcharger vilebrequin et embiellage » me laisse, je l’avoue, faute de compétences dans ce domaine, indifférente. Mais un auteur qui déclare n’avoir pas besoin de se pousser trop pour s’émerveiller… qui aime Georges Perec, Primo Levi et qui a lu huit fois « Le vide et le plein » de Nicolas Bouvier, mérite d’être accompagné dans ses pérégrinations ! J’ai donc enjambé les quelques éléments techniques du début pour le suivre avec délice dans les vignes de Champagne, sur le plateau de Millevaches ou à la Ferté-Vidame, village natal de Saint-Simon. Car le narrateur du bouillonnant « De l’Hexagone considéré comme un exotisme » est lui aussi accompagné, par des ombres tutélaires penchées sur son épaule (ou sur son guidon ?) : outre les traces du duc mémorialiste, il évoque celles d’autres compagnons, avec l’ânesse de Stevenson, parcourant les Cévennes, l’épervier de Maheux, village introuvable... C’est plein d’originalité, d’humour, de personnalité.

vendredi, avril 01, 2022

"La fille qui aimait les nuages" de Patrice Montagu-Williams (France)

 

On peut lire La fille qui aimait les nuages, (suivi de L’impératrice Rouge ; Le royaume de Nina) pour le plaisir de l’architecture des intrigues politico-policières, et c’est un plaisir légitime : elles sont bien documentées, et (hélas) tout à fait d’actualité : « Mettre tout le monde devant le fait accompli en faisant régner la loi du plus fort » s’applique certes à la politique extérieure chinoise, mais pas seulement ! Et l’axiome « Chez nous, c’est le Parti qui décide souverainement si une information est crédible ou non », lequel, dans le texte, se réfère au Viêtnam, trouve ailleurs de sanglantes illustrations. Quant à la bataille féroce pour l’énergie à l’échelle internationale, elle figure en bonne place dans Le royaume de Nina, avec le groupe Total en premier rôle. Sans parler des oligarques russes, des « usines à trolls » et des armées privées.

lundi, mars 28, 2022

"Bas bruit" de Joëlle Lafaye (France)

S’il fallait définir d’un mot le style de Joëlle Lafaye, je dirais « fluidité », et c’est un sacré compliment, à l’heure où triomphe parfois ailleurs un certain charabia (syntaxe bancale, coquilles non corrigées, etc.) « Fluidité », cela ne connote nullement la platitude, mais bien plutôt l’élégance, la limpidité ; l’aisance dans les enchaînements des phrases, des scènes, des péripéties, des chapitres ; la maîtrise du style indirect libre. « Bas bruit », le titre, pourrait ainsi se référer à la fois à l’intrigue – l’effondrement progressif d’un personnage dont un secret de famille va saper les racines – et à sa mise en scène : pas de fracas, rien de tonitruant, juste un effritement… et les surprises qui l’accompagnent.

Le héros, Renaud Bradier, est habitué à tout contrôler : son cadre de vie, ses relations, lui-même. « Un pinailleur de première », comme dit le menuisier qu’il a chargé de construire une mezzanine ! Dans sa raideur, il n’est pas particulièrement sympathique. Mais le lecteur va le suivre, de gré ou de force, voire même éprouver pour lui de l’admiration quand cette raideur se transforme en rigueur, appliquée à lui-même.

mercredi, mars 16, 2022

"Lorsque le dernier arbre" de Michael Christie (Canada)

 

Lorsque Jacinda Greenwood, jeune étudiante en Colombie-Britannique en botanique, qui fait visiter une des dernières forêts primitives préservée sur une île préservée (on est en 2038), apprend par son ex, un jeune avocat brillant, qu’elle pourrait être l’héritière de ce lieu privilégié au milieu d’arbres centenaires, elle a du mal à y croire. Il faut dire qu’elle vit à l’heure du « Grand Dépérissement », un temps où la poussière a majoritairement envahi la planète alors qu’elle a trouvé un îlot de verdure qu’elle fait visiter à de richissimes visiteurs.

C’est le début d’une quête qui va nous plonger dans les origines familiales de Jacinda dans un très long flash-back : on part tout d’abord en 2008 pour faire connaissance avec Liam, le père de Jacinda, ébéniste, qu’on découvre en mauvaise posture puisqu’il vient de faire une très grave chute d’un chantier sur lequel il travaillait – occasion pour lui de repenser à son histoire personnelle.

Il y dépeint notamment le portrait de sa mère, Willow, une militante écologique engagée corps et âme dans sa lutte pour préserver les arbres.

Puis on remonte encore en arrière, en  1974, lorsqu’elle va aller chercher son oncle Everett à la sortie de la prison où il a passé plus de trente ans enfermé, à la demande de son père Harris – un magnat du bois, à l’origine de la destruction de milliers d’arbres canadiens.

Et puis on va remonter en 1934, et c’est la naissance d’un bébé qui va mettre en branle tout une histoire, et même jusqu’en 1908, où l’on verra deux enfants orphelins (Harris et Everett) à la vie résolument chevillée au corps.

samedi, mars 05, 2022

Rencontres en poésie

 Les Collecteurs vous proposent plein d'activités ! 

Outre nos rendez-vous mensuels d'échanges littéraires, les Livres libres qui viennent à votre rencontre à la Maison pour tous Frédéric Chopin, nos propositions de lecture sur ce blog, nos interventions radiophoniques (sur Divergence et FM+) et nos échanges dans le groupe Facebook Les Collecteurs, los co-lectores, ... nous vous invitons par ailleurs régulièrement à des rencontres publiques autour d'auteurs qui nous ont marqués.

Le samedi 5 février, nous vous avons proposé une rencontre autour de la poésie de Martine Biard, qui est aussi historienne, romancière et conférencière. Ce fut un très beau moment, merci à elle et à François Szabo qui anima la rencontre ! 

Voici quelques photos, ainsi que le lien vers la vidéo qui propose quelques extraits de ce beau moment !


mercredi, mars 02, 2022

"Qu'allait-il donc faire dans le Drakensberg ?" de Philippe Vinard (France)

 

 

« Qu’allait-il donc faire dans le Drakensberg ? » On se le demande, et on se demande même, lorsqu’on est aussi ignare que moi, où se trouve le Drakensberg, en contemplant la couverture joliment fardée d’ocre du livre de Philippe Vinard. L’avant-propos nous donne heureusement la réponse : cette chaîne de montagnes « marque la frontière du Lesotho, un pays grand comme quatre départements français et entièrement enclavé en Afrique du Sud ».

Ce livre est une histoire de frontières, poreuses, élastiques… nous traversons les époques, avec les aventures de plusieurs générations (beaucoup d’ethnologues, de missionnaires, d’écrivains, protestants pour la plupart) ; nous suivons des lignes imaginaires s’étirant depuis les Cévennes jusqu’à l’Afrique du Sud et à ce minuscule Lesotho, qui rayonne comme un aimant ou un diamant. Nous franchissons parfois la démarcation entre l’hypothèse et la réalité. Philippe Vinard nous conduit par le bout du nez, au cœur d’un triple mystère.

lundi, février 28, 2022

"Tribulations initiatiques en Amérique latine" de Vincent Fauveau (France)


Pour assouvir son désir de départ, l’auteur de « Tribulations initiatiques en Amérique latine » s’embarque comme « pilotin » (aspirant officier non diplômé) sur un navire de la marine marchande. Ce fut la fonction de l’un de mes oncles, lequel racontait que le pilotin était, à bord, chargé des piqûres, même s’il ne possédait aucune compétence infirmière ou médicale ! Notre héros, lui, est lesté d’une année d’études de médecine, ce qui lui ouvrira bien des portes, au cours de son périple. Il est du reste prêt à endosser avec talent – même si par hasard – des rôles variés : jeune révolutionnaire de mai 68, grand séducteur supposé, ecclésiastique…

En Équateur, au Pérou, en Bolivie, en Colombie, au Venezuela, il passe par nombre de lieux parfois fort dangereux, mais il passe aussi entre les gouttes (agressions, tentations du repos – y compris de celui du guerrier) et s’échappe toujours, sautant agilement de pays en pays.