vendredi, janvier 03, 2020

"Aux marges de la beauté", de Yinni (Chine)



Débuter l’année en poésie venant du levant promet de belles semaines amenant la lumière à percer ce cœur de ténèbres hivernales. Ainsi je vous recommande vivement les éditions Circé qui proposent un large choix de poésie chinoise.

« écrire des poèmes en vivant / Sous une petite étoile écrire des poèmes, dans la durée / D’une feuille morte écrire des poèmes. Sur un curriculum vitae, / Une fiche médicale, un contrat d’adoption pour chat. /Dans l’amertume du café, le moelleux d’un melon, la douceur d’une douceur. / Dans les ténèbres écrire des poèmes incandescents. En couvrir / Les torches et le vent, la réclame d’un diamant crachant ses flammes... » 

 Oui, de la lumière et du réconfort pour bien commencer l’année ! 
François Szabo

Aux marges de la beauté, Yinni,traduit du chinois par Matthieu Kolatte, éditions Circé, 2019, 142 p.






vendredi, décembre 27, 2019

"Avant que j'oublie", de Anne Pauly (France)



Pour son premier roman publié aux éditions Verdier, Anne Pauly s’est inspirée de sa propre histoire et raconte la maladie et le décès de son père, « le colosse unijambiste et alcoolique ». 

« Avant que « j’oublie »… Ou quand l’écriture aide à mettre à distance les sentiments mêlés que l’on peut ressentir lorsque l’on doit faire face à la mort d’un proche à la personnalité contrastée.

« Tu t’énerves ? Je vois bien que tu t’énerves. T’es bien comme ta mère… agressive, impatiente… En serrant les dents j’ai dit : Non, pas du tout, je m’énerve pas du tout, mais là je dois y aller, mon bus passe dans dix minutes et si je le rate, je serai bonne pour descendre à la gare à pied. Il s’est radouci. Bon, d’accord. Sois bien prudente en rentrant, hein ? Mais avant de partir, ouvre un peu la fenêtre, s’il te plaît, j’ai trop chaud. Un peu, un peu plus, un peu moins, non, encore… parfait ! Allez, salut papa, à demain. Je l’ai embrassé sans le regarder. Le temps de compter jusqu’à dix, j’avais enfilé mon manteau, pris mon sac et quitté la chambre en claquant la porte. Il allait mourir et, comme toujours, je n’avais qu’une envie : partir. Partir le plus vite possible avant que sa névrose et ses angoisses ne me contaminent davantage. »

Avant que j’oublie… ou quand la lecture peut nous aider à surmonter la douleur causée par la perte d’un être cher.

mardi, novembre 19, 2019

"Par les routes", de Sylvain Prudhomme (France)



Les livres sont parfois comme les amers dont parle Sylvain Prudhomme dans « Par les routes », des points de repère, des lumières qui éclairent notre chemin. Pas forcément de très grands livres, mais qui ont quelque chose de particulier et qui nous touchent. Pourquoi celui-là ? Peut-être parce que dès le début il nous dit, évoquant Flaubert, qu’il écrit « pour restituer la mélancolie des paquebots » (p58).
Mélancolie de l’écoulement lent de la vie, de l’impossibilité de se fixer pour l’auto-stoppeur qui a besoin de partir, « c’est nécessaire à mon équilibre. Si je reste trop longtemps sans partir, j’étouffe. » (p75) « Il aimait les autoroutes, la glissade des autoroutes » (p108). Alors il part, laisse Marie sa compagne et son petit garçon Agustín, sillonne la France d’abord sur les grands axes, puis sur les petites routes, traversant des villages aux noms improbables. Il envoie des cartes postales, revient pour mieux repartir encore. Et telle une étoile filante il finit par disparaître. Mais il est peut-être toujours là dans le ciel, tel Orion, veillant sur ceux qu’il aime.

samedi, novembre 16, 2019

"The table", de Francis Ponge (France)


En venir à traduire La Table de Francis Ponge témoigne d’une extrême rigueur en question de poésie et exigence ultime tout en reconnaissant l’humble œuvre de la traduction pour transmettre ce que chaque matin le poète Francis Ponge remet sur le métier sur ce que la table peut bien signifier aussi bien depuis l’invention de l’écriture que dans toute l’arborescence de termes, table des matières etc. Domaine de l’intimité du poète qui sait bien que si l’on écrit que lorsque toutes les conditions sont favorablement réunies nous n’écririons pas du tout.
C’est donc face à la tâche quotidienne à l’appréhension de la création que se livre et délivre le poète contemporain qui a le courage de façonner au fur et à mesure son œuvre considérant toute variante et variation un moyen d’offrir toute une série de sens au lecteur qui participe de cette aventure lexicale. 

Une traduction en américain de notre magnifique poète Francis Ponge est vraiment la bienvenue. 

Deux volumes de la collection de la Pléiade chez Gallimard récompensent l’immense œuvre aussi exigeante qu’humble d’un Francis Ponge qui ne peut pas être démodé car il s’attaque aux mots, se bat avec des mots, et sa perspicacité offre des sens nouveaux dans le transfert ce qui pour la traductrice Colombina Zamponi qui effectue la « translation »  devient un art consommé une vraie fidélité une figue de parole en quelque sorte.

The Table de Francis Ponge translated by Colombina Zamponi Wakefield Press est le cadeau à offrir à tous les lecteurs de poésie et à ceux qui écrivent il faut commencer par là : à table !

François Szabó

The Table, de Francis Ponge, traduit du français en américain par Colombina Zamponi, Wakefield Press

lundi, novembre 04, 2019

"La procession infinie", de Diego Trelles Paz (Pérou)


Diego Trelles Paz est né à Lima en 1977. Il est écrivain, journaliste, scénariste et universitaire (spécialiste de l’œuvre de Roberto Bolaño).

La procession infinie est le deuxième opus d’une trilogie, dont le premier opus s’intitule Bioy.

La procession infinie nous plonge dans l’histoire récente du Pérou (encore marqué par les actions du Sentier lumineux et par la dictature de Fujimori)… et dans l’histoire et l’actualité de la France et de l’Europe.

L’auteur déconstruit la chronologie des événements narrés et nous propose un récit polyphonique où Francisco, Cayetana, Ken, Carmen -dite Chequita-,  Diego -dit Chato-, et d’autres personnages racontent tour à tour leur Lima du début des années 2000 ou leur Paris ou Berlin des années 2015 (après qu’ils aient fui leur pays) : leurs luttes syndicales et sociales, leurs relations amoureuses ou amicales, leurs orgies, leurs déconvenues, leurs peurs, leurs difficultés à avancer, à comprendre, à se souvenir ou à tenter d’oublier… et les manigances politiques dont ils sont victimes.