dimanche, mars 18, 2012

Présentation de Los almuerzos de Evelio Rosero


Evelio Rosero s’est essayé à différents genres littéraires comme la nouvelle, le roman, l’essai, la poésie, le théâtre et les livres pour enfants.

Son dernier roman, La carroza de Bolívar a été présenté au «Hay Festival de Cathagène des Indes» en janvier 2012. Rosero précise qu’il n’a pas écrit ce livre pour détruire le mythe de Bolívar, mais plutôt pour rétablir une vérité qui a été occultée pendant 200 ans.


Los almuerzos a été publié en septembre 2009 chez Tusquets. C’est un roman court de 136 pages dont le titre pourrait être en français Les déjeuners de bienfaisance. En effet ce roman raconte l’histoire d’un bossu attaché à une paroisse de Bogota, dont le travail consiste à organiser et superviser des déjeuners de charité pour les nécessiteux dans une salle qui peut accueillir 99 personnes.



La particularité de ces repas est qu’ils sont destinés à des publics très divers, mais qu’on ne mélange pas. De ce fait le lundi est le jour des prostituées, le mardi des aveugles, le mercredi des gamins des rues, le jeudi des vieux et le vendredi des « mères qui travaillent » celles qui ont une vraie dignité selon le père Almida, qui dirige la paroisse et réserve le samedi et le dimanche au Seigneur.


De nombreux personnages hauts en couleur gravitent autour de Tancredo, le bossu, dont la principale crainte est de penser qu’il puisse être un animal, et qui se décrit lui-même comme un épouvantail. 


Nous voyons apparaître Sabina Cruz, filleule du sacristain Machado, travaillée par les désirs de la chair qu’elle tente de satisfaire en cachette avec le bossu, sous l’autel de l’église de préférence.

Les trois Lilias, trois femmes pieuses habillées de noir, font office de bonnes du curé, aident à la cuisine, s’occupent du père Almida et servent de l’alcool de noisette à chaque visiteur avec thé, café et petits gâteaux.



Le père Juan Pablo  Almida a pu mettre sur pied ce système de « déjeuners » grâce à un généreux donateur, Don Justiniano, homme d’affaires peu recommandable, entouré de gardes du corps, à qui il se garde bien de demander d’où il tire les valises remplies de billets qui arrivent à la paroisse.
Il se trouve qu’un jour, ayant rendez-vous avec cet homme-là, il sera remplacé pour dire la messe par le père San José Matamoros qui boit plus que de raison et remplace l’eau des burettes par de l’eau-de-vie. Drôle de messe que celle-là ! Messe chantée par un prêtre ivre qui met bout à bout divers passages empruntés à des messes de différents jours du calendrier et dont les mains sont agitées par un tremblement suspect quand il distribue la communion.
Les repas pour les pauvres et cette messe font l’objet de descriptions imagées, parfois truculentes, pleines d’humour et de dérision. Evelio Rosero sait créer une ambiance, soit avec très peu de mots, soit, à l’inverse avec une profusion qui traduit une accélération du rythme et en même temps, une suspension du temps. Il ne se gène pas pour faire un constat plutôt pessimiste de tous les disfonctionnements du système dans son pays la Colombie. Il fait allusion à la violence et à la corruption, de manière discrète mais insistante.
J’ai beaucoup aimé ce livre tout comme j’ai aimé Les armées.
Marie-Ange BRILLAUD

Evelio Rosero...

Il est né à Bogota le 20 mars 1958.
Journaliste de formation. Il se lance très tôt dans l'écriture de nouvelles dont Ausentes pour laquelle il obtient un prix national à l'âge de 21 ans. En 1984, est publié Mateo solo premier opus d'une trilogie intitulée Primera Vez, dans laquelle est évoquée le monde de l'enfance. Deux ans plus tard, il est reconnu au niveau international avec Juliana los mira, traduit dans de nombreuses langues, dont l'anglais et l'allemand. En 2006 il reçoit le prix Tusquets, qui récompense un roman de langue espagnole et on le découvre en France avec Les Armées un roman sur la violence militaire et les enlèvements qui meurtrissent la Colombie. Traduit de l’espagnol par François Gaudry (Métailié, octobre 2008. 156 pages, 17 €).

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