« La Víspera de casi todo » (La
veille de presque tout), c'est le dernier paru des romans de Víctor del Árbol en Espagne. Pour la première fois semble-t-il, le talent de Víctor a été immédiatement reconnu et honoré dans son pays puisqu'il est le lauréat 2016 du Premio Nadal...
Ici, nous l'apprécions et, depuis quatre ou cinq ans au moins, nous lui avons déjà consacré une dizaine d'articles (voir ci-dessous) !
Françoise, en véritable aficionada de Víctor qu'elle est, n'a pas attendu la version française prévue chez Actes Sud fin 2016 : elle a bondi et fondu sur la VO ! Voici ses impressions...
Un
prédateur tue une petite fille dans un lieu aride, près de Málaga.
Germinal Ibarra, chargé de l’enquête, tue l’assassin violeur.
L’affaire est étouffée. Il est muté à La Coruña. Trois ans
plus tard, il retrouve, à l’hôpital de la ville, gravement
blessée, Eva/Paola, la mère de la petite fille.
De
cette rencontre naît une histoire qui nous emmène dans un lieu
inhospitalier mais envoûtant de Galice, la Costa da Morte et dans un
village, bien ou mal nommé, Punta Caliente, où les gens affrontent
le froid comme ils affrontent la vie : de face. Ce paysage de
fin du monde est beaucoup plus qu’un décor, c’est un véritable
acteur de tous les drames qui se sont joués là. Car ceux qui se
sont réfugiés dans ce lieu de nulle part cachent des blessures
profondes mais sont là, debout, faisant face, du mieux qu’ils
peuvent.
Il
y a Mauricio, le réfugié argentin, qui prend soin de son petit fils
Daniel, un adolescent fragile, si fragile. Dolores, l’institutrice
portugaise qui a fui un vieux mari ennuyeux et cache bien des
souffrances, Paola/Eva qui tente de se reconstruire et Germinal
porteur d’un lourd secret. « Nul ne guérit de son enfance »
disait Jean Ferrat. Rien de plus vrai ici.
Mais
il y a plus. A travers l’histoire de Mauricio dont l’histoire
douloureuse est liée aux années noires de la dictature
argentine, apparaît la voix poignante de Juan Gelman dans ses
poèmes les plus douloureux et les plus forts et l’ombre du grand
poète, si cher à mon cœur, nous accompagne pendant une grande
partie du livre. Il est impossible de dévoiler l’histoire et les
liens qui unissent les différents protagonistes mais, dans cette
exploration de l’âme humaine, Victor del Arbol nous emmène
parfois au-delà du réel dans un endroit où les enfants croient
qu’on peut voler, où les absents sont étrangement présents. Et
cela donne lieu à des moments de poésie intenses qu’on n’est
pas près d’oublier et qui sont nécessaires. Car l’écriture, à
la fois précise et poétique est d’une grande maîtrise.
Un
beau livre, une belle lecture dont l’écho va se prolonger
longtemps, peut-être dans la mélodie de « Hurt » chanté
de façon si émouvante par Johny Cash qu’écoute Paola en arrivant
à Punta Caliente ou l’un des tangos préférés de Mauricio,
« Cuesta Abajo » qui parle si bien de son destin : « Si
arrastré por este mundo-la vengüenza de haber sido-y el dolor de ya
no ser… »
Récapitulatif
de nos articles à propos de Víctor del Árbol et de son œuvre :
La
tristeza del Sámurai ou La Tristesse du Samourai :
http://versionlibreorg.blogspot.fr/2012/03/la-tristesse-du-samurai.html
et
http://versionlibreorg.blogspot.fr/2012/03/la-tristeza-del-samurai.html
Un millón de gotas ou Toutes les vagues de l'océan : http://versionlibreorg.blogspot.fr/2015/04/un-millon-de-gotas-ou-toutes-les-vagues.html et http://versionlibreorg.blogspot.fr/2015/04/toutes-les-vagues-de-locean-de-victor.html et http://versionlibreorg.blogspot.fr/2015/05/nous-avons-aime.html
Respirar por la herida ou La Maison des chagrins : http://versionlibreorg.blogspot.fr/2015/04/la-maison-des-chagrins-de-victor-del.html
Víctor nous a également fait l'amitié de partager avec nous quelques uns de ses textes :
"Víctor del Árbol évoque pour nous le 9ème Hay Festival de Cartagena deIndia ! "
"Empatía..."
A
paraître la traduction de « La víspera de casi todo »,
ed. Destino, 2016. 416 p. chez Actes Sud fin 2016 (?)
Quelques autres "reseñas" concernant Victor Del Arbol:
RépondreSupprimerhttp://filsdelectures.fr/blog/authors/victor-del-arbol/