mardi, mars 08, 2016

Juan Tallón « Fin de Poema » (Galice)


Ce récit de Juan Tallón raconte, de façon éclatée mais parfaitement fluide et cohérente, les dernières heures de la vie de 4 grands poètes, Cesare Pavese, Alejandra Pizarnik, Anne Sexton et Gabriel Ferrater, celles qui ont précédé leur geste fatal, ce qui donne au récit une grande intensité. Ce n’est en rien une biographie même si l’auteur relie les circonstances familiales, culturelles, historiques et politiques à la fin tragique des poètes. Il évoque les peurs, les angoisses, les tendances suicidaires de chacun d’entre eux. Ce sont des êtres aux fêlures profondes qui voyagent entre la veille et le rêve et qui finissent par lâcher prise, n’en pouvant plus.

La structure fragmentaire n’a rien de chaotique, au contraire, il y a comme un fil invisible qui relie ces 4 destins. Ce qui nous est donné à voir ce sont les fragments d’une fresque du désespoir. L’auteur nous donne des pistes et nous comprenons de l’intérieur le destin de chacun de ces 4 poètes qui, par des chemins différents ont fini par ne plus supporter la vie et ne plus pouvoir écrire. Ainsi Alejandra Pizarnik, citée par Juan Tallón dit « Hace tanta soledad/ Que las palabras se suicidan » qu’on pourrait traduire de façon imparfaite par « Il y a tant de solitude/ que les mots se suicident. »
Un livre fort avec une écriture limpide et précise, presque minimaliste, avec du silence autour des mots, qui ne parle pas seulement de destins tragiques mais est aussi une déclaration d’amour à la poésie.
Françoise Jarrousse

Prix LUEIRO REY du roman court 2012

« Fín de poema » de Juan Tallón (en galicien)
traduit en espagnol par les éditions Alrevés, octobre 2015. 160 p.

Représenté en France par Sophie Savary, Agent Littéraire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à nous faire part de votre avis !