Nous vous l'annoncions il y a quelques jours et aujourd'hui nous
vous proposons ci-après un compte-rendu de la soirée Poésie organisée par le Comité de Lecture de l'AFCM vendredi dernier, le 4 avril 2014...
La séance a été ouverte par Paula et Rachel qui nous ont fait les présentations du comité de lecture et de la soirée...
En ouverture, place à la poésie de Darío Jaramillo Agudelo
par la voix de Leti !
Poemas
de amor #1
Ese
otro que también me habita,
acaso propietario, invasor quizás o exiliado en este cuerpo ajeno o de ambos,ese otro a quien temo e ignoro, felino o ángel,ese otro que está solo siempre que estoy solo, ave o demonioesa sombra de piedra que ha crecido en mi adentro y en mi afuera,eco o palabra, esa voz que responde cuando me preguntan algo,el dueño de mi embrollo, el pesimista y el melancólico y el inmotivadamente alegre,ese otro,también te ama.
acaso propietario, invasor quizás o exiliado en este cuerpo ajeno o de ambos,ese otro a quien temo e ignoro, felino o ángel,ese otro que está solo siempre que estoy solo, ave o demonioesa sombra de piedra que ha crecido en mi adentro y en mi afuera,eco o palabra, esa voz que responde cuando me preguntan algo,el dueño de mi embrollo, el pesimista y el melancólico y el inmotivadamente alegre,ese otro,también te ama.
Et à une traduction en français de et par Laurence...
Poème
d'amour #1
Cet
autre qui lui aussi m'habite,
Peut-être
bien propriétaire, ou alors envahisseur ou exilé en ce corps
étranger ou les deux,
cet
autre que je crains et ignore, félin ou ange,
cet
autre qui est seul chaque fois que je suis seul, oiseau ou démon
cette
ombre de pierre qui a grandi en moi et tout autour de moi,
écho
ou parole, cette voix qui répond lorsque l'on m'interroge,
le
maître de mon chaos, le pessimiste et le mélancolique, le
bienheureux,
cet
autre
aussi
t'aime.
La
soirée s'est poursuivie par le récit de la découverte de Darío Jaramillo
Agudelo par Laurence...
Pourquoi
ce poème pour commencer ? Parce que ce poème a été proclamé
« Meilleure déclaration d'amour de la poésie colombienne »
par la Casa de Poesía Silva en 1989 !
Son
auteur, Darío Jaramillo Agudelo, poète et romancier colombien, est
en effet connu et reconnu dans le monde littéraire hispanophone
principalement pour ses Poemas de Amor publiés en 1986. Et il n'est, pour le moment, connu ni en France ni par le public
francophone...
Alors,
comment ai-je donc fait sa rencontre ?
Ma
chance, notre chance, c'est qu'il soit publié par des éditeurs
espagnols et non pas seulement colombiens. On pourra revenir sur ce
sujet plus longuement, mais aujourd'hui, la diffusion dans le monde
de la littérature latino-américaine est assez cadenassée par le
monde éditorial espagnol et c'est bien dommage ! Il est tant de
créer aujourd'hui des passerelles un peu plus directes et c'est bien
là un des objectifs de notre comité de lecture !
Darío
Jaramillo, donc... C'est en parcourant des blogs et des sites
consacrés à la littérature hispanophone que je suis tombée sur
l'un de ses titres et sur des comptes-rendus de lecture qui m'ont
donné envie de le découvrir. Mon premier bonheur a donc été la
lecture de Memorias de un hombre feliz. C'est un roman publié par Alfaguara à Bogotá en 2000 et par Pre-Textos en Espagne en 2010.
Je ne vous
dévoilerai rien en vous disant que c'est l'histoire tout à fait
jubilatoire de Tomás, ingénieur de Bogotá à la retraite, qui nous
raconte comment, pour être heureux, il a été obligé de se
débarrasser de sa femme, c'est à dire de l'éliminer, de la tuer ! Je ne vous dévoilerai rien parce que, dans ses romans, Jaramillo aime dévoiler dès les premières pages
l'essentiel des rebondissements de son histoire... Mais le suspens
réside finalement dans le fait que l'on est très vite très curieux
de connaître les motivations qui mènent à ces péripéties...
En gros, sa narration illustre parfaitement l'adage qui dit que le chemin
compte plus que la destination !
Et
le héros de cette histoire, Tomás, est un champion olympique de la
mauvaise foi qui nous entraîne dans ses auto-justifications de
manière à la fois terrible et très drôle ! A un journaliste
qui lui demandait ce qui le poussait à introduire cet humour,
Jaramillo a répondu qu'en tant que lecteur, il adore ressentir
l'envie d'éclater de rire sans vraiment le faire parce qu'au fond,
ce qui est raconté est terrible... Eh bien, il réussit parfaitement
à produire cet effet pour ses lecteurs et c'est vraiment réjouissant, c'est
vrai, je suis bien d'accord avec lui !
A
partir de cette première lecture, j'ai vite voulu en connaître plus
sur cet auteur mystérieux... Et là, sur internet encore, j'ai
découvert sa poésie ! En effet, on peut trouver pas mal de ses
poèmes en ligne et c'est un poème que vous entendrez tout à
l'heure qui a éveillé mon intérêt et encore un peu plus ma
curiosité : j'ai acheté l'un de ses recueils de poésie !
Paula
m'a demandé de vous raconter ce qui m'a poussée à commencer à les
traduire... Eh bien la question est à la fois difficile et facile : ce qui m'a poussée, c'est une envie, un désir, une pulsion quoi ! Ses mots me semblaient
si simples et les images, sensations produites si intenses que j'ai
cherché à savoir si je pourrais rendre la même chose avec des mots
français...
Tout
cela m'a mené à l'été 2013. Commençant à prospecter pour
essayer de rencontrer un éditeur français intéressé par cet auteur
et par la richesse de son œuvre, je suis tombée par hasard sur le
site de l'AFCM... Et là, tout s'est enchaîné : j'ai frappé à
la porte ouverte du Comité de Lecture en septembre
dernier où j'ai été accueillie très simplement et chaleureusement ; puis, quelques jours plus tard, parlant de Jaramillo à
Rachel qui était à la recherche de noms de poètes colombiens pour
une soirée organisée par la Société des Poètes Français à la
Salle Pétrarque, elle m'a dit : « Je ne le connais pas,
mais parles-en à Paula, je crois bien qu'elle le connaît ! »...
Le monde est bien petit finalement pour qui voyage....... autour de la terre et/ou par la lecture !